Même Guillemant! oh ma pauvre âme, même lui! donne dans le boeuf bashing. Même l'essentiel Frédéric Lordon, notre scalpel de la pensée, semble penser que les rots de boeufs sont toxiques. Le boeuf émissaire en prend vraiment trop sur le dos, sans aucune donnée fiable, sur la foi de croyances. Comment se peut-ce?

J'ai cliqué aléatoirement dans la dernière vidéo que notre grand ami Philippe Guillemant partage, pour évaluer la qualité du son, comme il le demandait. Bims! Je tombe sur un passage qui m'étreint le coeur. "Sauver la planète en réduisant la consommation de viande", nous dit-il. Je parcours un billet de Frédéric Lordon sur le Monde Diplo, et pareil: il cite la viande comme geste écolo. Mais cela n'a aucun sens, strictement aucun sens, voyons. Il n'y a pas de données pour soutenir la thèse. C'est une prière, qui est tombée à pic dans l'oreille de certains écolos bobos. Et pas des moindres: deux si grandes pointures!

Comment cela se peut-il?

Cette légende est née d'une campagne médiatique, concoctée par des misanthropocapitalistes ... et des transhumanistes, depuis 2015. Finement menée! Les plus grands sont tombés dans le piège, même quand celui qui répète ce refrain est lui-même un ennemi déclaré du transhumanisme. Ah! Ils ont fait fort.

Voilà donc Guillemant qui (pour la deuxième fois que je l'entends) répète cette prière sans fondement scientifique. (Pour Lordon, je n'ai pas noté) Première fois: bof, il va vite, il s'est trompé. Deuxième fois: eh la, mon gaillard! Cher Philippe, rattrape-toi. Tu aurais pu citer l'incroyable gaspillage de déchets alimentaires (40% des achats aux Etats-Unis!), la gabegie complète des transports conteneurs, les 1% de la population qui produisent plus de gaz effet serre que les 99% restant (chiffres dans mon dossier "Qui a machiné le boeuf bashing?"), enfin bref les mille paramètres qui bousillent vraiment la planète.

Ne trouvez-vous pas piquant que, parmi toutes les dérives incontrôlées de notre modernité, on incrimine dans le "réchauffement climatique" (terme déjà singulièrement inapproprié) le seul domaine qui est ancestral, qui est connecté à la terre, qui est nourricier? En oubliant les réels prédateurs de la planète?

Certes, les plus intelligents cibleront l'élevage industriel, argument qui ne tient pas la route (mon prochain livre en donne tous les chiffres, j'en ferai un billet). Mais je trouve très parlant que la viande revient toujours en premier dans l'inconscient collectif. Luttez pas à pas, ne laissez personne continuer à répéter de telles âneries, cette personne fût-elle Philippe Guillemant.

Penser le "réchauffement climatique", qui est en fait "la main-mise des MMMM* sur toutes nos ressources, sans égard pour les conséquences de leurs actes" (ça fait plus long, hein?), sans même s'interroger sur cette aberration de toute belle eau que "ce sont les pets de nos vaches". Déjà ce sont les régurgitations, c'est l'autre côté, les gars. Ensuite le méthane que les bovins produisent fait partie du cycle de carbone, là où le CO2 s'accumule sans espoir de le voir diminuer. Bref, il y a cent arguments pour contrer cette petite chanson "à bas le boeuf".

Une seule adresse pour celui qui prend conscience qu'il s'est fait piéger à répéter en boucle de telles aberrations et qui serait de nature scientifique et rigoureux:

-> le site https://aleph-2020.blogspot.com où quantité d'experts* * du domaine partagent leur analyse des données. Avec moult références à la littérature scientifique. Ils sont plus neutres que moi, qui ai choisi un ton d'éducateur populaire.

Vous pourrez tout lire en français. Le widget de traduction automatique est très efficace, je n'ai vérifié qu'un article, à peine deux coquilles de traduction (voir en bas de chaque page de leur site).

Notes

* MMMM: la vision mécaniciste, militariste, masculiniste et monoculture de notre monde. Incarnée par Vil Gates, quand il faut trouver une tête de turc.

** "L'initiative interdisciplinaire et internationale ALEPH2020 est constituée de 42 experts scientifiques, qui sont principalement actifs dans les domaines des sciences et technologies alimentaires, (bio)chimie alimentaire, microbiologie, nutrition, santé publique, anthropologie (culturelle et biologique), études alimentaires, santé psychologie, sciences de l'environnement, physiologie animale, sciences vétérinaires et agriculture (élevage). Ses membres et évaluateurs experts ne reçoivent aucune compensation financière pour leurs contributions." (source https://aleph-2020.blogspot.com/p/authors.html)