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Contacts:
Raymond Pirard, rue de
l'Ermitage, 1 à 6820 Muno, tél. 061/312667
Christine Ansay , rue
Notre-Dame, 18 à 6880 Orgéo, tél. 061/411630
Luce Minet, place Cardinal
Mercier, 16 à 4102 Seraing, tél. 04/3366017
Ce que sont les produits fermiers
Les
produits fermiers concernent des produis bien connus comme le lait, le
beurre, les fromages, les oeufs, la viande, les légumes, les fruits, mais
aussi les confitures, le miel et les charcuteries.
Les producteurs fermiers ont ceci de particulier:
grâce au nom sur l'étiquetage, ils sont identifiables de la production à la vente à une seule personne ou une seule association. On sait immédiatement qui est responsable et quelle est l'origine du produit. Par exemple, l'agriculteur qui produit le lait l'utilise pour fabriquer ses fromages et c'est lui qu'on retrouve au marché. Ils s'inspirent de méthodes traditionnelles éprouvées;
l'esprit du producteur fermier est de considérer que le développement de sa ferme se fait davantage sur l'augmentation de la qualité que sur celle des quantités. La production fermière recherche au maximum l'expression du terroir par l'utilisation d'espèces adaptées, de techniques douces, de densités faibles, de manière à instaurer un équilibre harmonieux dans le milieu naturel. La transformation se contente de mettre en valeur les qualités intrinsèques du ou des produits de base, sans correction ni masquage par des arômes ou colorants artificiels rajoutés !
Pour des produits comme les œufs, les légumes, les fruits, etc., il peut
n'y avoir que simple conditionnement avant vente au consommateur (tri,
calibrage, pesage, emballage).
Les producteurs fermiers regroupent des agriculteurs traditionnels, des
agriculteurs travaillant en agriculture biologique ou selon d'autres
labels. Ils ont en commun d'adhérer à la Charte d'engagement des produits
fermiers (téléchargez ici le texte
en PDF de la charte et la liste des producteurs engagés à ce jour) .
Certains produits artisanaux non fermiers (fromages, pains, charcuteries…
non transformées par le fermier) sont proches des produits fermiers. Les
complémentarités comme les solidarités sont évidentes.
Ce qu'apportent les
produits fermiers
Beaucoup de consommateurs s'inquiètent de l'alimentation dite
"industrielle" dont de nombreuses crises révèlent la faible sécurité
alimentaire (voir aussi l'Appel de Paris).
Par contre, diverses données scientifiques indiquent que les produits
fermiers améliorent la santé, notamment en stimulant les
résistances immunitaires du corps humain. Refusant le "tout stérile", les
producteurs fermiers considèrent que la maîtrise microbienne entraîne justement des effets positifs.
Le contact direct entre producteurs et consommateurs est aisé, rompant
avec l'anonymat des produits standardisés.
Les producteurs fermiers ont acquis un savoir-faire, précieux patrimoine
gastronomique, et offrent une diversité de produits de qualité, dans la
perspective d'une agriculture respectant l'environnement, la nature en
général.
Travaillant dans des fermes à dimension artisanale, ils sont créateurs à
la fois d'emplois utiles et de paysages variés et typiques, favorables à
la biodiversité.
À leur échelle, ils font partie d'un vaste mouvement informel cherchant
une alternative à la mondialisation des multinationales, à
l'uniformisation de la pensée, de la culture et de la production.
Menaces sur les produits
fermiers
De
nombreux petits producteurs disparaissent chaque année.
Quelques chiffres ? Entre 2000 et 2003, la Wallonie a perdu 2.378
exploitations agricoles et 2.962 emplois... et 36% de ses artisans
alimentaires (dont plus de la moitié rien que dans le secteur viande). Ces
deux dernières années, environ 50 % des producteurs fermiers wallons ont
abandonné la transformation de leurs produits, suite à l'imposition d'une
réglementation inadaptée.
Des chefs d'oeuvre sont en péril !
L'activité économique ainsi supprimée emporte avec elle une importante
partie de notre savoir-faire et de notre culture alimentaire indispensable
à la santé: finis les superbes jambon à l'os, les saucissons d'Ardenne à
l'ail, le boudin de Noël, les vrais couques et les pains à l'ancienne
cuits au bois. Charcuteries, beurres de ferme, fromages crus, préparations
spécialisées quittent les tables de notre pays.
La France s'émeut pour son fromage: le Maroilles, l'époisses, le camembert
et d'autres n'existent quasiment plus ou ont perdu leurs qualités
organoleptiques et sanitaires. C'est toute l'Europe qui s'appauvrit dans
le domaine de la gastronomie. Bientôt, les paysages agricoles animés de
présence humaine, offrant des cultures variées, des bocages et des prés
appartiendront au passé. Une production à taille limitée est en voie de
disparition, alors qu'elle recèle en elle la capacité d'être de plus en
plus respectueuse de la nature, des animaux, de l'environnement.
Les raisons sont multiples: investissements trop lourds, succession
difficile, aides mal réparties, etc., mais celle qui est décisive
actuellement se rapporte à des exigences outrancières en matière
d'hygiène.
Les
autorités imposent des normes d'hygiène de type industriel
(3)
à des producteurs obligés de s'endetter pour investir ou de fermer
boutique.
Il ne se passe pas une semaine sans que l'on ne parle de l'AFSCA (agence
fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire) dans le monde agricole
et artisanal: contrôles "musclés", interdiction de produire ou de vendre,
modification de norme, paperasserie, communication impossible, normes
inapplicables, arbitraire, etc.
Des exemples:
la baratte en bois est fortement déconseillée (en inox: 200.000 FB), d'où une fermière abandonne la fabrication de son beurre;
pour le fromage, nécessité de carreler murs et plafonds, etc., il vaut mieux éliminer les angles des pièces où l'on travaille; d'où gros investissement pour de nombreux producteurs;
interdiction à un agriculteur de vendre lui-même sa viande préemballée, il faut un boucher;
fermeture du petit abattoir de Nassogne (92 points négatifs, alors qu'il fonctionnait sans problème depuis des années);
I l apparaît parfaitement inutile d'imposer un "autocontrôle" coûteux et inadapté au producteur fermier (noter journellement et/ou régulièrement toutes les opérations répétitives mises en œuvre par une seule personne – sans contester pour autant la notation d'événements exceptionnels justifiant, surtout, des corrections pratiques immédiates), sachant que l'AFSCA refera les mêmes contrôles et les mêmes analyses ! C'est le produit fini qui doit être apprécié, non les procédés utilisés: nous revendiquons pour le producteur fermier l'obligation de résultat et non l'obligation des moyens !
Que faire ?
Le
produit industriel comme le produit fermier artisanal sont spécifiques,
adaptés à des conditions de commercialisation et de consommation
différentes. Les exigences et les normes appliquées à chaque type doivent
donc rester particulières et nous devons déplorer la pression exacerbée
qui tend à imposer au secteur fermier les contraintes de l’industriel.
L'enjeu est de taille pour toute la population. Les paysans comme les
consommateurs veulent vivre des produits de la ferme. Pour cela, ils
réclament ensemble un statut spécifique pour les producteurs fermiers et
une réglementation adaptée à leurs réalités. Cette réglementation se
justifie par la qualité (notamment gustative et sanitaire), et la
traçabilité aisée des produits de la filière, par l'équilibre
environnemental, le maillage relationnel et la convivialité qui résultent
de ce type de production.
C'est toute l'Europe, les États-Unis et le Canada qui réagissent contre la
disparition programmée des producteurs fermiers. Dans certains pays, comme
la Norvège, il n'y a presque plus de producteurs fermiers !
1. Encouragez la vente directe:
En vous rendant dans les marchés
En fréquentant les magasins à la ferme
En participant à des groupes d'achats ou dépôts de paniers
Privilégiez l'achat de produits fermiers dans les magasins traditionnels
2. Signez et faites signer la pétition en faveur des producteurs fermiers
3. Soutenez l'adoption de mesures préservant la petite production fermière:
une législation spécifique au type de production
le contrôle des résultats et non des procédés, à charge de l'État
des conseils, une assistance aux futurs entrepreneurs
une promotion de grande ampleur.
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Notes NB.
1 Le MAP, syndicat agricole, vise à maintenir et à
développer l'emploi agricole et rural, à produire une alimentation de
qualité accessible à tous et à préserver l'environnement et l'occupation
équilibrée des territoires. Le MAP est membre de la Coordination paysanne
européenne et de Via Campesina.
2 Le Réseau "Produits fermiers" comprend des associations
comme Nature et Progrès, les Amis de la Terre-Belgique,
Inter-Environnement Wallonie, les Équipes populaires de Liège-Huy-Waremme,
De Bouche à Oreille, Vivre… S, la majorité des Groupements d’Achats
(Bruxelles, Liège, Namur, Seraing, Braine-le-Comte, Virginal, Rebecq…),
des producteurs et des transformateurs alimentaires, des consommateurs,
etc.
3 La technique de contrôle
sanitaire HACCP,
–
la référence actuelle
– ,
a été élaborée par Pillsbury, une firme privée américaine, à la demande de
la NASA, l’agence américaine de l’espace, dont l’objectif était
l’élimination de tout risque bactériologique pour les voyageurs de
l'espace. Ce qui justifiait la question du journal Le Monde: «une
norme d’hygiène utilisée pour transporter sans danger des produits sur
toute la planète et jusque sur la Lune est-elle applicable à un petit
producteur qui vend du fromage sur un marché local ?» Pillsbury est en
fait un des géants mondiaux de l’agroalimentaire, propriétaire de chaînes
de fast-food.
Articles de presse : Le Soir, Le Vif, La Meuse,
Le Soir Liège 06.12.2004 -
Philippe Bodeux
« Produits fermiers en péril »
Contraints par des normes sanitaires de plus en plus sévères, les petits
producteurs mettent la clé sous le paillasson. En quatre ans, ils sont
passés de 1.460 à 800 en Wallonie.
Goûtez mes pâtés, tartines au sirop et bons fromages. Ils viennent en
direct de la ferme. Vous ne serez pas déçus ! Ce dimanche, les badauds
se pressent devant l'étal d'une agricultrice au Village de Noël, place du
marché. Alors que les produits fermiers régalent les palais, surgit un
« agent fédéral pour la sécurité de la chaîne alimentaire ».
Les normes d'hygiène sont-elles respectées, madame ?, demande
l'homme déguisé, en regardant d'un mauvais oeil les fromages au lait cru. Nous n'en voulons pas de vos normes d'hygiène provenant de la Nasa. Non
au tout stérile !, fulmine la fermière, soutenue spontanément par le
public.
À
travers une petite mise en scène, les membres et sympathisants du
Mouvement d'action paysanne - un syndicat regroupant 60 petits producteurs
wallons - ont voulu attirer l'attention du public du Village de Noël
friand de produits du terroir quant au péril qui menace les petits
producteurs de fromage, de charcuteries, de volaille ou de pains cuits au
bois. Ils doivent faire face à de plus en plus de normes sanitaires
calquées sur l'industrie agroalimentaire, expliquent les responsables
du MAP. Tant la procédure d'autocontrôle qui oblige le petit producteur
à noter toutes les opérations qu'il réalise que les coûteux
investissements en infrastructures sanitaires leur mettent la corde au
cou. Un exemple ? À Lantin, Michel Paques a dû arrêter la production
de son poulet vivant en liberté. Il comptait 200 volailles mais devait
réaliser des investissements - aire de chargement bétonnée, niche à
cadavres, parois lavables, vestiaire et sanitaires séparés de l'habitation
- comme s'il en élevait 10.000, explique son père. Impossible. Ailleurs, ce sont les ustensiles en bois, les angles des murs de la
fromagerie ou une cour en terre à traverser avec les pains qui font tiquer
les agents de l'Agence fédérale pour la sécurité alimentaire. Nous
demandons un traitement spécifique résume le MAP. Un contrôle sur
le résultat final et non sur les moyens. Contrairement aux filières
industrielles, nous n'avons jamais eu de « crise alimentaire ». Nous demandons l'exception « agriculturelle », déclare Gustave
Wuidart, agriculteur à Bilstain.La Wallonie, entre 1999 et aujourd'hui, a
perdu près de la moitié de ses 1.460 petits producteurs
Le
terroir désenchanté LE VIF/L'EXPRESS 24/12/2004
rubrique Alimentation -
Philippe Lamotte
Les petits producteurs
fermiers sont étranglés par les normes sanitaires. Menaces sur notre
patrimoine gastronomique
Beurre de ferme, pains cuits au feu de bois,
conques à l'ancienne, fromages crus, charcuterie paysanne... Devra-t-on
faire une croix sur ce patrimoine savoureux? Crémiers, boulangers,
charcutiers, bouchers, pisciculteurs et autres dépositaires de ce savoir
ancestral en ont assez. Ils jugent intenables les normes que l'Agence
fédérale pour le contrôle de la chaîne alimentaire (Afsca) leur impose.
Henri, agriculteur dans la région liégeoise, a dû protéger son hangar à
patates avec un isolant synthétique épais d'au moins 10 centimètres, en
remplacement de la bonne vieille paille, pourtant parfaite pour lutter
contre l'humidité. Coût: 20 000 euros. Fini, la cave familiale où il
entreposait les « stocks » de produits chimiques (ils occupent... 2 mètres
carrés) destinés à ses framboises. Anne-France, qui vend à peine 10 kilos
de beurre par semaine, doit supprimer tous les coins et les angles de sa
crémerie, déjà intégralement recouverte de dallages lavables, pour éviter
la moindre trace de bactérie. Quant à Jacqueline, qui cuit 20 pains par
semaine, elle s'est fait tancer par l'Agence: elle se rend à l'atelier de
boulangerie, au fond de son jardin, avec de l'eau à l'air libre dans un
seau en inox. Dangereux, affirme l'Afsca!
Tous ces producteurs ne contestent pas la légitimité des normes
sanitaires. Mais ils réclament un traitement spécifique à leur activité
artisanale, qui leur donnerait une petite chance de survie face aux
producteurs industriels. Après tout, ils représentent bien plus qu'un
certain charme rural. Leur spécificité, en effet, c'est la recherche de
qualité et de plus-value gustative. Leur identité est clairement
mentionnée sur l'étiquette du produit artisanal, jusque dans l'étal: une «
traçabilité » avant la lettre, en somme. « Certes, tous ces ateliers ne
font travailler qu'une ou deux personnes. Mais, mine de rien, cela fait
des centaines d'emplois, plaide le Mouvement d'action paysanne (MAP), un
syndicat agricole minoritaire, qui revendique une place pour l'agriculture
multifonctionnelle.
Face aux normes dites «HACCP», inspirées par l'Amérique et imposées par
l'Europe, il leur faudra plus qu'une pétition pour changer le cours des
choses. D'où leur appel aux consommateurs, pour faire cause commune avec
eux (infos: 04 336 60 17)