On croit qu'être gros favorise des maladies et qu'être mince est une garantie de santé. Oh, la gaffe! Le gras n'est toxique que quand il est mal placé. Des obèses peuvent avoir des formules sanguines gracieuses, un rapport au sucre tout à fait équilibré (sous-entendu aucun risque de diabète). Des maigrichons peuvent se préparer en cachette un bel accident cardiovasculaire par excès de gras interne (ils sont minces mais gras...).
Je pense à tous ces médecins qui, systématiquement, incriminent l'obésité dans les soucis de santé. Les Américains, qui ont à nouveau des années d'avance, ont soigneusement évalué les populations: tous les obèses ne sont pas insulinorésistants, ni en syndrome métabolique. Je dois relire mes notes de conférence de Volek et Phinney, j'ai le souvenir d'un tiers en bonne santé. Or ils s'y connaissent drôlement en obésité, aux States, reconnaissez-le.
Plus proche de moi, je pense à des amis relativement minces qui se sursucrent le quotidien, croyant que l'effet des sucres ne se place que sur les poignées d'amour. Que nenni: tous les organes, même le cerveau, peuvent être enflammés et débloquer lorsqu'un mangeur X surconsomme des sucres (glucides des farineux inclus) par rapport à ce que demande ( et supporte) son profil de nature et son état organique. Surconsommation souvent inconsciente, car si ce mangeur X vit avec une conjointe végé-adaptée, qui combure très bien les glucides, il est tenté de la suivre. Car en cuisine, c'est ainsi: c'est souvent madame qui mène la danse.
Si mes camarades "minces mais gras" acceptaient de passer ne fût-ce que quinze jours en mode pauvre en sucres, combien d'entre eux découvriraient le calme intérieur, la sérénité et la disparition des petits bobos auxquels on s'est résigné. Les plus fragiles ne vivraient plus de crise d'angoisse sur cette quinzaine: oh, la surprise! Ces effets positifs seront d'autant plus nets qu'ils cumulent cet évitement du trop de glucides avec unchoix d'aliments ressourçants.
Pour les convaincre (je m'adresse ici un ami particulier, qui se reconnaîtra), il faut parfois faire appel aux blouses blanches et à leur mirifique équipement. Mes cures ne sont pas assez alléchantes. Grâce aux nouvelles techniques d'imagerie médicale , on a pu définir des sous-phénotypes dans la population, catégories qui permettent de mieux prédire des risques de santé: Il nous faut trouver des équivalents français à ces termes anglophones. Vous pourriez être:
Pour être sûr que vous êtes un TOFI, il faudra passesr par un appareillage très spécifique; ou, solution moins chère, par des examens sanguins. L'analyse des résultats mènera votre médecin à supposer un "foie gras" et un état de TOFI. Ce n'est pas grave, on se débarrasse de ce gras interne assez vite, en un mois en général si on se tient à une diète stricte.
Selon l'article wikipedia sur les tofi, on estime que 14% des hommes et 12% des femmes dont le BMI est pourtant idéal (20–25 kg/m2) sont classés TOFI/MEGI selon les scans. Pourquoi reçoivent-ils ce triste libellé d'être "comme des obèses au plan métabolique"? C'est que ces dépôts malvenus de gras interne qui leur plombent la biochimie les rendent plus aptes à :
Plusieurs de ces conséquences impliquent que cet article se trouve dans le blog de Cinglés de sucres et de son topo expert à paraître: Itinéraire de décrochage des sucres.
Voir en photo d'imagerie sur Wikimedia commons: deux personnes d'âge similaire, de même sexe et de même BMI, dont le pourcentage de gras est identique. Pour celui de gauche: le gras se cache dans les organes, celui de droite: le gras s'est fixé à l'extérieur. On voit bien en zones blanches le gras qui encombre le bon fonctionnement des organes.
Une image encore plus parlante sur le même site: une coupe permettant de voir le gras viscéral chez des hommes dont la taille a la même circonférence pourtant: 84 cm. On trouve depuis 0.5litres jusqu'à 4.3 litres de gras. Imaginez comme les organes peinent à fonctionner quand ils sont noyés de graisses comme le dernier de la liste...
Pour découvrir le sujet en vidéo, une série de reportages de la BBC: "les hommes qui nous ont rendus gros" (The men who made us fat, 2012), avec le journaliste Jacques Peretti.
En particulier, l'épisode où Peretti se fait scanner : "ses reins flottent dans une mer de graisses", selon les termes de son médecin.