taty lauwers

cuisinez selon votre nature

en quête d'un devenir-soi nutritionnel

     Acidose - équilibre acide/base: qu'en penser?

27.10.2014 Ou pourquoi consommer des aliments alcalinisants pour gérer l'acidose serait un mythe.

Pressé? Lire le pitch.


 

Chris Kresser, médecin américain connu dans le monde paléo, vient de publier en 2013 un article fouillé et documenté, en deux parties  sur le mythe de l'acidose ou équilibre acide-base : http://chriskresser.com/the-ph-myth-part-1 et http://chriskresser.com/the-acid-alkaline-myth-part-2.

Ajout 2019: francophones, hourrah! Bernard Bel nous propose une traduction en français de tout l'article, joliment mise en page ici.

Ajout 2023: nouvelle prouesse chez Bernard, il offre la lecture automatique en audio, testez-la!

Ouf ! Voilà qui va m'économiser de peaufiner le brouillon que j'avais écrit sur le sujet à l'intention des praticiens. En effet, dans la mouvance Kousmine qui est ma famille, le maintien d'un bon équilibre acido-basique dans l'organisme est fort important.

NB 2019. Je ne reprends pas le lien que Bernard propose vers le Pharmachien, qui sous des apparences drôles, nous fait une petite zététite très arrogante et méprisante. Kfoui! Pas de ça chez moi.

Le discours de Kresser grosse moto : l'analyse des études scientifiques (d'intervention ou d'observation) n'est pas probante, que ce soit pour l'impact sur l'ostéoporose et les muscles ou pour la favorisation des cancers.  Cependant, suivre un régime alcalin est une excellente idée, dans la mesure où l'on privilégiera alors les aliments sains plutôt que le Grand N'importe Quoi Alimentaire.

Réfléchissons aussi hors études scientifiques, purement dans le "bon sens".

Qu'évite-t-on comme "acidifiant"? Les aliments suivants: sucre, crème glacée, viande, café, thé, tabac, blé (dont pâtes, pâtisseries, etc.), sodas, chocolat, cacahuètes, légumineuses, tous les farineux, sel de table - teneur en chlore, soufre et phosphore (minéraux acides).

Que consomme-t-on comme "alcalinisant"? Les aliments suivants: fromage frais, quasi tous les légumes, amandes & Cie, poissons, certains fruits dont le citron et le pamplemousse, graines germées, quinoa, sel marin, etc. - forte teneur en calcium, magnésium, sodium et potassium (minéraux alcalins.

Pour une liste détaillée et chiffrée, googlez sur "indice PRAL" ( Potential Renal Acid Load)

Tirez-en vos propres déductions.

Je vous soumets les miennes. Si l'on veut faire simple, les apports d'un diète alcalinisante en précieux minéraux utiles (en potassium, en magnésium, en calcium biodisponibles) et l'éviction des antinutriments des produits manufacturés donnent un effet positif sur le métabolisme. La plupart des régimes "sains" sont l'équivalent de la diète alcaline, y compris la paléo lorsqu'elle est bien menée (peu de pratiquants se limitent à rosbif mayonnaise).

J'utilise le terme "acide-base" et la théorie dans "Une cure antifatigue" pour me rallier au grand cercle de l'alternutrition, mais cela fait près de quinze ans que je n'y crois plus, ne fût-ce que par ma propre histoire alimentaire/salutaire (le pH urinaire réagit à l'inverse: je reviens à 6.5-7 en ne mangeant que de la viande...).

Par ailleurs, je l'utilise aussi dans ce tome-là car cette cure précise demande une énergie considérable, de grands changements dans les habitudes d'achat et de cuisine. Il faut un "pont mystique" pour y passer...

L'équilibre acido-basique se mesure dans l'urine à l'aide d'un papier réactif ( idéal : entre 7 et 7,5; surplus d'acide à moins de 7 - quasi tous les testés sont à 6 aujourd'hui). En cas d'acidose, C. Kousmine recommandait la prise de sels alcalins (calcium, magnésium, potassium, etc.) .On peut aussi consommer du bicarbonate de soude (nos bonnes vieilles pastilles Rennie), j'imagine? J'investigue et reviens vers vous.

Lire aussi mon pitch en une petite page, extrait de mon topo expert sur le sujet de l'épuisement chronique "En finir avec le burn-out": lire en pdf ou en texte ci-dessous.

Voir aussi le pitch déjà publié dans "Cuisine nature... saine et sereine" en 1998, tome qui était quasi un ode à Kousmine: Une alimentation comprenant 20 % d'éléments acidifiants et 80 % de neutres ou basiques (alcalins) est dite équilibrée. Cette liste n'a de valeur qu'indicative : les mêmes produits peuvent avoir un effet acidifiant chez l'un et neutre chez l'autre, comme le citron ou l'orange qui peuvent être acidifiants chez les neuro-arthritiques (classification naturopathique) et basiques chez d'autres. Rappelez vous « à vous de voir… ».

En résumé: je trouve bien utile de pouvoir vérifier l'état de notre belle machine en mesurant le pH urinaire à certains moments. Il est évident que "tourner" à un pH de 5 n'est pas sain et qu'il est capital de préserver un bel équilibre acido-basique. Le pH urinaire équivaut un peu à la fièvre: il est utile pour déceler que ça ne tourne pas rond. Revient alors au praticien la tâche de repérer les mécanismes déficients. Mon doute porte sur la technique naturo pour remonter le pH: consommer des aliments alcalinisants ne convient qu'à une partie de la population.

 

 


Annexe: extrait de "En finir avec le burn-out", pages 32 à 34, format texte

Acidose — le résumé pour les non-naturos. Selon certains naturopathes, si l’on souffre de fatigue matinale, d’ankylose au réveil, de maux de dos chroniques, de coups de pompe après les repas, de ballonnements, d’une peau du visage grasse, de vertiges, de jambes lourdes, d’un sommeil agité entre 1 h et 3 h du matin, de constipation, de migraine fréquentes, de boulimie, de douleur au niveau du cœur, on est victime d’acidose. Cet état se valide en observant le pH urinaire (achat de bandelettes en pharmacie), qui refléterait le pH général. Un pH acide se corrigerait en surdosant l’alimentation en aliments alcalinisants.

L’acidose

Remarque récurrente médecine douce : « vous êtes épuisé car vous êtes en acidose, il suffit de revenir à l’équilibre acide-base, c’est-à-dire un pH urinaire moyen de 7 ». Ne confondons-nous pas ici la manifestation du déséquilibre intérieur (l’acidose) avec la source ? L’acidose n’est-elle pas simplement le signe que des chaînes métaboliques sont perturbées ? Dans les cas d’acidose avérée, rétablir le pH équivaut à calmer une fièvre lors d’une grippe. La maladie est-elle pour autant terminée ?

Le potentiel acidifiant ou basifiant d’un aliment est marqué par l’indice PRAL (Potential Renal Acid Load). Ces calculs ont été effectués sur des cendres d’aliments, mais qu’en est-il du métabolisme individuel ? De la façon personnelle de comburer ? Qui sait ce que votre propre corps fait de cet aliment particulier, ici et maintenant ? Dans les calculs de PRAL, les chercheurs ont-ils tenu compte des différences de teneurs dues au mode de culture ? Les aliments testés sont-ils bio, ou biodynamiques ou conventionnels ?

Le corps n’a-t-il pas besoin de cette acidose momentanée, pour régler un souci profond, comme une parasitose ou une intoxication aux métaux lourds ? N’est-ce pas la seule solution qu’il ait trouvée pour se réguler ?

La doctoresse Catherine Kousmine recommandait la prise de citrates alcalins pour contrer l’état d’acidose. Figurez-vous que ma favorite parmi les grandes pointures en nutrition ne pouvait être parfaite en tout. Non seulement, les citrates sont longs à faire de l’effet sur le pH urinaire, mais leur intervention dans votre organisme ne résoudrait pas les problèmes originels.

Les citrates ne se consomment d’ailleurs pas sans suivi professionnel. À ma grande désolation, car l’expérience sur le terrain doit contredire la grande Catherine, les citrates ne semblent utiles que pour faire tampon le temps nécessaire au redressement des terrains acides. Ils protégeraient les reins en cette période d’élimination active des acides organiques, mais ne participeraient pas au redressement du terrain.

Quoique cette hypothèse de travail d’acidose soit une porte d’entrée bien pratique en Naturoland, elle me semble une impasse au long cours, en particulier chez les personnes dont l’organisme a lâché les manettes de lui-même, ceux-là même dont il est question dans ce topo. Illustration par la première (et seule) remarque d’une lectrice extraite d’un article sur le sujet (www.lanutrition.fr) : « Je mange en respectant cette démarche depuis longtemps et pourtant j’ai un taux d’acidité aux environs de 6. Qui peut m’aider pour rétablir l’équilibre ? » J’ai si souvent entendu cette remarque !

Primo, un pH de 6 semble être devenu la norme pour certains praticiens. Secundo, certains mangeurs ont même un résultat de pH à 5 en mangeant beaucoup d’aliments « alcalinisants » selon la théorie acide-base. Il doit y avoir une faille dans la théorie...

Autre soupçon de l’inutilité de cette piste, dont j’ai pourtant suivi l’effet sur mes élèves de 1996 à 2004 : la doctoresse Kousmine elle-même, qui ne se nourrissait QUE d’aliments basiques et utilisait des citrates alcalins, mettait parfois plusieurs semaines pour remonter son pH lorsqu’il descendait à 5. Julie est un contre-exemple : le pH urinaire est stable aux alentours de 5,5 alors qu’elle mange hypersain, de tout, en nourritures vraies (dont une grande partie d’aliments dits alcalinisants). En paléo low-carb, le pH remonte vite à 6,5. Pour aller plus haut et plus vite encore, elle ne mange QUE de la viande, des œufs et des graisses, en une variante perso de la diète cétogénique. En deux jours seulement, le pH urinaire est alors de 7.

Késsadire ? Où est la logique ? La clef se trouve à mon avis chez les praticiens du Metabolic Typing (États-Unis), qui ont depuis des années démontré que l’effet alcalin/acidifiant des aliments dépend du profil du mangeur. Se basant sur les travaux du docteur George Watson, le docteur Harold Kristal et son équipe ont testé pendant des années les modifications du pH sanguin en fonction du profil métabolique des mangeurs (The Nutrition Solution : A Guide to Your Metabolic Type, North Atlantic Books, 2002). Selon Kristal, le caractère acidifiant ou alcalinisant d’un même aliment est différent selon que le mangeur est dominé par le système nerveux orthosympathique ou parasympathique. En Metabolic Typing, les listes d’aliments « acide-base » existent, mais elles divergent selon les mangeurs.

Il n’est pas nécessaire d’en passer par de longs tests (chers !) auprès de ces praticiens. Il suffit de faire l’expérience individuelle, comme l’a fait Julie. Le praticien de santé pourra suivre le mangeur dans ces tests domestiques.

Attachons-nous plutôt à relancer des processus sains du métabolisme. Ne nous fions pas trop à des détails rassurants parce qu’ils sont chiffrés. Illusion de certitudes que ces chiffres, puisque les réactions métaboliques diffèrent de l’un à l’autre sujet. Le juste milieu, l’auto-écoute, le contexte… mon petit refrain.

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