Lire l'intro du dossier en cours. ATTENTION: ce document est en mouvement permanent, j'y travaille en ligne...
J'ai marché sur la lune: la preuve!
(sorry, je n'ai pas noté la source de la photo, que j'ai téléchargé il y a de longues années, merci à l'auteur)
C'est une évidence, mais ça va mieux en l'écrivant: on peut faire passer n'importe quoi via le net. Récemment, je me suis replongée dans les forums d'épuisés chroniques, je suis tombée sur la récente piste des morgellons et des vers de corde (je m'étais absentée de ces sites burn-out depuis 2005 environ).
Après de longues heures de recherche, ça me semble une piste foireuse de chez foireux.
Comme c'est impressionnant de voir ces photos de fibrilles noirs qui sortent des corps (les morgellons) ou de longs magmas glaireux que l'on aurait extrait du colon!
Ah oui? Photoshop, déjà entendu parler? L'autosuggestion, ça dit quelque chose? La volonté de se pousser du col en inventant de jolies histoires?
En support "rationnel", les inventeurs de cette piste soumettent des "études scientifiques" qui ressemblent à des pièces montées (mais oui, je blague, on est dans l'alimentaire non?). Farcies de références vers des sites russophones, cyrillique oblige on n'y comprendra rien.
Je m'amuserai un jour à falsifier une apparence d'étude pour justifier qu'il faut manger tout rose ou tout ce qui a un grain...
Parlons raison, première réflexion de bon sens d'une mémé: si les vers de corde existaient, lors des milliers de colonoscopies qui sont pratiquées dans le monde chaque jour, l'un ou l'autre gastro en aurait vus, non? Le grand silence du grand complot?
Je souris depuis longtemps des complotistes que j'ai pu rencontrer en Naturoland depuis près de vingt ans. Ce sont quasi toujours des personnes qui croient que l'humain est intelligent. Mais non, il n'y a pas de complot -- il y a bien quelques tentatives sectaires, des prises de pouvoir, mais le soufflé retombe vite.
Le soupçon de complot n'est possible que chez celui qui n'a pas compris qu'il n'y a qu'une grande pagaille de connerie humaine: des cons à galons, des crétins en mitre, des ahuris en costume cravate, des couillons à képi (et moi dans ma grotte)..., la liste est longue!
C'était le scoop du jour: l'humain est en gros un schlemiel, d'autant plus ébaubi qu'on lui donne des outils semidivins (l'arme nucléaire, par exemple). Fin de la parenthèse, je m'égare.
Ici, on entre dans la psychologie des profondeurs: pourquoi l'humain croit que l'autre a raison pour lui? Question valable même lorsque cet autre est diplômé et même surdiplômé. Certes, il faut bien un peu de conformité, de consensus pour que la société tienne la route. Si tous les citoyens étaient de mon acabit, l'utopie libertaire serait une réalité. Mais il y a de la marge entre les deux postures.
Exemple. Nadine, inquiète de sa santé après des années d'anorexie, court les sites et les thérapeutes. On sait que la pratique de l'anorexie nique la thyroïde, mais ses tests sanguins ne sont pas indicatifs. Son naturo lui indique qu'un test pour vérifier serait la prise de température au lever: sous la barre des 36,2°C au lever, l'hypothyroïdie est probable. Nadine est en permanence à une température inférieure, la nuit, le jour, le matin, rien n'y change. Son inquiétude s'accroît: "ah tu vois, je suis hypothyroidienne". Le naturo lui fait lire le docteur Dietrich Klinghardt, selon qui la température basse indique une intoxication aux métaux lourds.
Nadine entame donc la prise d'hormones thyroïdiennes
et une dépose des amalgames, doublée d'un programme de détox'.
La prochaine étape: le gars lui indiquera que c'est un signe de ver de corde, elle va pratiquer les lavements à la Gubarev (une aberration "dure", dont je traiterai dans le dossier sur la candidose) ou elle avalera du MMS ou "mineral miracle" (qui est en fait du chlorite de sodium, en gros de l'eau de javel sous de beaux atours, ne riez pas, plein d'Américains en prennent croyant bien faire).
Ah! si j'avais pu parler à Nadine avant ce périple il y deux ans! On aurait commencé en douceur, par des nourritures vraies, de courtes cures de remise à niveau, des bains dérivatifs ou des lavements, du stretching, des choses simples! Interrogée aujourd'hui, elle reconnaît n'avoir montré aucun des symptômes qui signalent soit un trouble de thyroïde soit une intoxication aux métaux lourds. N'était-ce pas le premier pas pour le soignant? On peut très bien avoir, de nature, une température très basse, j'imagine (j'avoue ne pas avoir étudié le sujet techniquement). Le tout est de connaître sa base et d'évaluer les fluctuations saisonnières et menstruelles selon sa base.
Idem pour les analyses sanguines. Des personnes atypiques de ma connaissance ont des formules sanguines inquiétantes, pourtant tout va relativement bien, ils n'ont pas de plainte. Qu'est-ce qui prime: les chiffres sur papier ou le réel?
Nadine, déshabitée d'elle-même, est la victime de choix pour cette dérive: croire les autres plutôt qu'elle même.
Je ne pousse personne à nier les résultats de labo s'ils sont clairement indicatifs d'une pathologie. Vous m'aurez bien compris, n'est ce pas? Mais on peut négocier à trois: le médecin, les résultats du labo et le sujet; et discerner ce qui doit l'être...
Mes doigts sont restés plantés dans la terre Afrique, où j'ai passé mes dix premières années. J'ai écrit tous mes livres depuis 1996 et j'ai animé les cours privés dans l'esprit du kasala africain, sans en connaître le nom.
Ma petite dent contre les pseudonaturologues que je fustige dans ce dossier ne tient pas qu'à leur usurpation d'identité et au tort qu'ils font indirectement à la vraie naturologie des Anciens. Ils entretiennent les gens dans leur non-écoute de soi, dans le non-respect d'eux-même (j'ai une page entière pour vous démontrer à quel point ils ne respectent pas leurs suiveurs), dans la désappropriation de soi, dans la peur du monde . Trop facile! C'est ce qu'on fait les parents, les enseignants, la vie quoi. Les minigourous tirent aussi souvent les gens vers le bas; ils les coupent de leurs racines et même de leur famille. Le kasala, c'est tout l'inverse.
Le kasàlà, genre majeur de la littérature africaine, est :
- l'art d'illuminer les atouts, les potentiels, bref, de proclamer les bonnes nouvelles
- une force qui tire l'individu et la communauté vers le haut
- l'art de dire la beauté, l'importance de la personne et l'amour qu'on lui porte, autrement dit, l'expression publique et bienveillante de la personne
- la prise de conscience, chez chacun, pour occuper sa place légitime au monde
- une attitude d'émerveillement devant la nature et le phénomène humain
- à l'origine, une forme de tradition orale africaine destinée à célébrer la personne, en stimulant son énergie intérieure, en la conditionnant mentalement pour relever des défis
- une parole enthousiaste, poétique et rythmée, destinée à exalter, stimuler, nommer la personne et augmenter son estime de soi
- un outil de connaissance de soi
Proclamer le kasàlà, c'est :
- stimuler l'énergie et la colère vitales
- propulser l'humain au-delà de lui-même
- reconnaître son intelligence particulière
- instaurer en lui un discours intime plus créatif
- créer un état d'esprit positif
- lui rappeler sa noblesse
- l'éveiller à soi
Extrait de Psychologies.com sur Ngo Semzara Kabuta, professeur de littérature à l'université de Gand, en Belgique, auteur d'Éloge de soi, éloge de l'autre (PIE-Peter Lang, 2003) : « Je suis retourné au Congo après des années d'absence, raconte-t-il. Ma famille avait fait venir un griot, un diseur, un poète. Au son des tambours, il m'a parlé de moi, de mes origines, de mon histoire et, à travers ce récit, de chaque membre de ma communauté. Cela a duré quatre heures, à la manière d'une épopée. Mon émotion était forte. » Cette tradition existe un peu partout en Afrique. Elle vise à rappeler au voyageur qui il est, à le resituer parmi les siens. Au passage, le griot signe son œuvre en parlant de lui-même, en maniant l'hyperbole, la métaphore, l'humour. Ces figures de style, ainsi que le cadre rituel dans lequel on s'y adonne, rendent légitime une flatterie de soi qui, au quotidien, n'est pas admise. « Chez moi, ajoute Ngo Semzara Kabuta, on dit que lorsque l'on a beaucoup marché, il faut s'arrêter pour laisser à l'âme le temps de nous rejoindre. On ne peut pas toujours aller, il faut parfois revenir à soi. » "
NB. Je ne vous pousse pas à faire de l'autolouange sur cette base, selon ce que propose le magazine Psychologies. Cela sonne un peu faux à mes oreilles de routarde de psychothérapies (depuis mes douze ans, j'en ai soixante). Surtout quand on sait ce que se disent les dix petites personnes qui habitent dans la tête de quelqu'un qui a été éduqué à se croire un vermisseau. Je parle en connaissance de cause. Ce travail ne serait qu'épidermique, ou à la rigueur de la teneur d'une méthode Coué. Mais le pratiquer envers les autres ou ses enfants, quelle merveille!