Ma longue recension du livre d'Anne Claude « Nourrir mon Enfant intérieur ». Cette diététicienne connaît le profilage alimentaire et combine à ces connaissances l'attention soutenue à ce qu'on appelle aujourd'hui les neurosciences - et que moi, mamie de province, j'appelle les réactions psychologiques de base face à "un régime" ou "une nouvelle assiette".
On est enfin arrivés à l’ère où un mal-être ou une maladie chronique ne sont plus dus qu’à un méchant virus ou une blague génétique, où l’attention à son assiette n’est plus cantonnée au projet minceur. Il est désormais admis dans le grand public qu’une réforme alimentaire peut adoucir les petits et grands bobos de la vie. En outre, on a tous les outils pour « Manger mieux pour vivre mieux » ( la variante pour ma génération : Manger mieux pour vivre mieux vieux) : on connaît les pistes possibles, depuis le manger sain conventionnel jusqu’à la paléo en passant par la cure antifatigue. Quantité de maîtres à manger nous ouvrent les portes d’une autre assiette, souvent au travers de recettes charmantes. Via mes topos et mes livres pratiques, j’y ai même ajouté une fenêtre d’optimalisation : comment individualiser les choix alimentaires selon son profil.
Certes, certes, chers amis, voilà qui est bien riche au plan matériel, mais il manque une clef essentielle : quels outils trouver pour gérer le rapport psychologique à l’assiette, aux envies, à la bienveillance envers soi-même ?
C’est quasi toujours là que bloque la transition vers un mieux-être. Jugements de valeur et culpabilisation sont les deux mamelles de l’alimentation saine et de sa grande sœur la nutrition (qui se donne des airs scientifiques, pour jouer les grandes sœurs, mais qui n’est qu’un art, fondé sur une base technique).
Qu’y a-t-il de pire que le jugement de valeur sur les choix alimentaires de l’Autre (on sait qu’en nutri plus encore qu’en politique, les jugements de valeur abondent) ? Emettre des jugements de valeur sur ses propres choix ! Auto-accusations, culpabilisations, réconfort par des nourritures inadéquates, re-culpabilisation : on tourne en rond !
Dans son livre « Nourrir mon Enfant intérieur », Anne Claude propose de sortir à pas feutrés de ce cercle infernal. https://mangeurslibres.fr/nourrir-mon-enfant-interieur/
Artiste devenue chocolatière, recyclée ensuite en diététicienne, l’auteur s’inspire de Karl Jung*, de la Communication non violente (CNV), des accords toltèques, d’Eric Berne et d’une nouvelle arrivante pour moi : Sylvie Deplante-Cottet, psychopraticienne spécialisée dans la thérapie de l’enfant intérieur (https://sylvie-deplante-cottet.fr/).
NB. On ne présente plus ni Karl Jung, le frère en symbolique du matéraliste Freud, ni Eric Berne, qui m’a séduite à l'époque des mes investigations psy par la simplicité de ses concepts pourtant puissants: les états du moi : parent, enfant, adulte + les jeux psychologiques interrelationnels (pensons à la copine ou à notre propre cas, qui joue t rejoue toujours le même scénario, inopérant, comme celui de Blanche-Neige en attente du prince qui la libérera sans qu’elle ne lève le petit doigt). La CNV est très connue dans les milieux alternatifs, où l’on oublie parfois de l’appliquer… sur soi-même !
Curieux d’une bio plus complète d’Anne Claude ? Voir https://mangeurslibres.fr/qui-suis-je/
Je reprends en illu la photo du livre non officielle, celle où Anne Claude le présente sur son cœur, protégé par des mains nourricières. Cela traduit exactement le contenu de l’ouvrage.
Traiter de ces rapports difficiles à son assiette est un sujet très délicat quand on n’est pas psychologue de métier, mais c’est précisément parce qu’Anne Claude ne s’enferme pas dans des théories psy qu’elle peut nous offrir tant d’options pratiques. Elle suggère de sortir entre autres de la restriction cognitive installée à force de régimes, et ce grâce à la combinaison des gestes bienveillants de l’enfant intérieur, au parent intérieur et à l’adulte intérieur. La restriction cognitive consiste à prendre une position mentale et non intuitive face aux aliments, dans l’intention de contrôler ses apports caloriques, lorsque l’on souhaite perdre du poids ou ne pas en prendre. C’est le cœur de business des diététiciens minceur, qui piègent ainsi leurs proies dans un cercle vicieux.
On sent que l’auteur a beaucoup rencontré de cas et affiné sa pratique au cours de longues années. Elle nous offre quantité de cas concrets, qui permettent de projeter l’un ou l’autre contexte, que l‘on soit en recherche soi-même ou coach en nutrition – ce qui amènera l’envie d’expérimenter, de tester, un jour à la fois, un élément à la fois. On pourra ainsi prendre le temps d’observer ce que manger veut dire, ici et maintenant, pour moi.
On trouvera des exercices personnels à quasi chaque page, exercices qui permettent au lecteur de se recentrer sur un point particulier ; ou qu’un coach en nutri peut travailler avec le mangeur, selon le contexte.
Sur le site de l’auteur, une très belle collection de références bibliographiques sur le sujet, si vous êtes inspiré par l’approche de l’enfant intérieur, au sein de la diététique comportementaliste : https://mangeurslibres.fr/bibliotheque-epicurienne/
Le livre est parsemé de beaucoup d’illustrations dessinées, légères, dont la légèreté est indispensable quand on touche un sujet si subtil que le rapport à ses propres tripes et à ses petits démons.
Un tout bon point pour la remarquable écriture et la conception structurée de cet ouvrage, ce qui est rare pour de l’autoédition.
J’ai été touchée par le fait qu’Anne Claude nous aide à éviter les jugements de valeur externes et internes. Ce sera encore plus évident si vous regardez une des très courtes vidéos qu’elle propose sur sa page fb : « Mes sens, curieux et gourmands »
Notre diététicienne épicurienne * n’envisage pas uniquement que le rapport à la faim réelle soit perturbé par les nourritures de confort (l’appel du chocolat quand on est stressé ou triste).
NB Diététique épicurienne® est un terme protégé, afin d’en faire une marque de confiance. La protection de marque garantit que les valeurs thérapeutiques qui sont chères à Anne Claude sont respectées. Illustration du concept via un extrait officiel du livre (cliquer pour lire):
Citons quelques uns parmi les dizaines de facteurs qui empêchent d’accueillir les sensations authentiques qu’envoie l’organisme, facteurs pour lesquels elle propose à chaque fois un exercice de désamorçage:
* les automatismes que l’on traine depuis l’enfance, sans les questionner (ben oui, ce sont des automatismes), souvent liés à du transgénérationniel
* les quantités alimentaires conditionnées (dimensions des portions en produits industriels, en restaurants, en famille…)
* les nombreux signaux de confusion : confondre fatigue avec faim (grignoter relance la vigilance, avant de nous assoupir), confondre soif avec faim, se laisser ouvrir l’appétit par une publicité
* les autoroutes de pensée, càd les mythes du moment en alimentation saine
Contrairement à d'autres approches psy, "Nourrir son enfant intérieur" envisage bien d'autres freins à l'alimentation en pleine conscience que la restriction cognitive qui suit automatiquement les régimes (telle que je l'ai illustrée ici: Infographie nr 1) . Démonstration en extrait officiel:
J’ai apprécié qu’elle évite le piège de se référer aux « circuits de récompense du cerveau » si vantés par Guyenet et consorts (c’est une hypothèse présentée comme certitude, elle est survantée en nutri américaine malgré le manque de sources – ça se sent peut-être qu’ils font rien qu’à m’énerver ?).
J’ajouterais peut-être parmi les facteurs inhibants, incontrôlables (Anne Claude le fera peut-être maintenant qu’elle a terminé la formation en Profilage alimentaire avec Maya Dedecker) :
* l’habitude des plastiproduits, dont la consommation amène une assuétude qui est observable et reproductible, mais dont les mécanismes n’ont pas encore été démontrés (Chris van Tulleken soumet des hypothèses dans son livre Ultraprocessed people https://www.taty.be/nourrit/VTultraprocessed%20people.html)
A ce jour, je n’ai encore rencontré aucun des profils toxico qui sorte de cet enfermement par une approche autre que l’évitement radical des plastiproduits (« profil toxico » n’est pas mentionné dans mes livres car c’est une observation très personnelle : nous sommes inégaux face à ce phénomène, certains sont dotés d’une biochimie d’assuétude)
* la surconsommation d’un réactogène personnel : aussi bizarre que cela puisse paraître à un esprit rationnel, l’humain fragilisé recherche très souvent l’aliment qui lui est délétère. Il s’agit là de compulsions plus que de pulsions (la différence ? la *com*pulsion est maître, irrésistible). Probablement parce que cet aliment provoque un sursaut d’énergie, par contre-réaction du corps. J’ai souvent utilisé la technique naturo américaine d’interroger le mangeur quant à ses deux aliments favoris au-delà de tout ; il m’indiquait ainsi les aliments ou catégories qu’il fallait mettre de côté momentanément, pour pouvoir voir clair (c’est plus longuement explicité dans Gloutons de gluten, désormais en téléchargement gratuit )
Ici, je crains que l’approche comportementaliste ne se heurte à un mur, car c’est le corps qui commanderait ce sursaut réactif. C’est une hypothèse personnelle ; pour une fois je ne me réfère pas à des professionnels.
Je serais curieuse du retour de terrain d’Anne Claude sur ce plan.
Ce livre comble la part que je n’ai pas pu traiter dans ma propre approche, puisque j’ai choisi de me concentrer sur l’aspect matériel de la nutrition (normal, après une vie de psychothérapies, il fallait changer de braquet …). J’avais survolé quelques facteurs non matériels dans une infographie riche en chérubins (histoire d’oublier nos petits démons intérieurs) : « L'intuition alimentaire: les 3 plans » - cliquer sur l'image
Je reprendrai cette recension dans le blog « "Choisir l'assiette selon le profil" , pour des raisons évidentes : choisir son profil biochimique est une chose, choisir comment l’appliquer au quotidien est une autre manche. En explorant, seul ou avec un coach, vos faims, envies, réactions au regard de vos trois compères (l’enfant, l’adulte, le parent intérieurs), vous arriverez à définir la stratégie optimale pour vous, ici et maintenant.
« Mon approche de la diététique est profondément épicurienne. Elle vise à nous permettre de redécouvrir nos besoins authentiques et la joie simple et profonde que l’on éprouve à les satisfaire. Elle accueille également nos écarts, nos contradictions avec bienveillance : le but n’est pas d’adopter un comportement alimentaire irréprochable, mais de garder à portée de vue notre boussole intérieure. Et quand l’équilibriste que nous sommes pench trop d’un côté du fil, être en mesure de retrouver notre axe. » (page 20 de la version papier)
« Nourrir mon Enfant intérieur », 192 pages, papier : 13.90€, ebook : 7.99€ - également disponible sur commande en librairie et sur les sites de vente en ligne
Extraits, dont la table des matières, via la page ad hoc du site Mangeurslibres.fr
Suivre Anne Claude sur fb : https://www.facebook.com/anne.mangeurlibre
Présentation officielle du livre « Nourrir mon Enfant intérieur » :
« Je sais très bien ce qu’il faut faire pour bien manger, pourquoi je n’y arrive pas ? ». Grignotages, flemme de cuisiner, repas expédiés, kilos émotionnels… Si notre Enfant intérieur était derrière tout cela ?
Souvent rabroué et abandonné, parce qu’il faut « être fort », « avoir de la volonté », l’Enfant intérieur, cœur de nos émotions, de nos besoins fondamentaux et de nos envies, peut générer des comportements compulsifs, où nous ne comprenons pas ce qui nous arrive : « C’est plus fort que moi ! ».
Avec humour et tendresse, une diététicienne épicurienne vous livre le fruit d’années d’expériences avec ses patients.
La Thérapie de l’Enfant intérieur permet d’écouter les parts de nous que nous négligeons, faute d’avoir appris à en prendre soin. Elle vise à nous reparenter. Associée à une approche comportementale de la diététique, elle permet de déjouer les ressorts qui nous poussent dans les comportements à l’origine de nos prises de poids.
Grâce à ce livre riche d’exemples vécus et d’exercices pratiques pour expérimenter au quotidien, apprenez à instaurer un dialogue constructif avec votre Enfant intérieur. Libérez-vous des compulsions, adoptez de nouveaux comportements alimentaires et trouvez enfin l’équilibre auquel vous aspirez.
Une aventure unique, dont les effets positifs rayonneront dans tous les domaines de votre vie.