taty lauwers

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en quête d'un devenir-soi nutritionnel

Les intolérances alimentaires  comme résultat d’un désordre intestinal, un article de dr Campbell

17.9.24 Retrouvé une traduction d'article datant de 2010. Traduction FR par C. Petranto d’un article de la doctoresse  Natasha Campbell-McBride : dans cette étude de cas concret, Campbell illustre que les intolérances sont une conséquence d’un intestin mal habité, et non la source des troubles ; que l’éviction n’est pas la solution ; mais qu’il faudrait prendre le temps de retrouver une santé intestinale optimale.

Traduction FR par C. Petranto d’un article de la doctoresse   Natasha Campbell-McBride : dans cette étude de cas concret, Campbell illustre que les intolérances sont une conséquence d’un intestin mal habité, et non la source des troubles ; que l’éviction n’est pas la solution ; mais qu’il faudrait prendre le temps de retrouver une santé intestinale optimale. L’original en anglais a été publié dans : Journal of Orthomolecular Medicine, First Quarter, 2009, Vol 24, 1, pp.31-41    - à trouver dans le numéro complet, à télécharger ici: https://orthomolecular.org/library/jom/2009/toc1.shtml

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NB Taty : il peut y avoir confusion entre « allergie » franche et « intolérance » alimentaire. Clelia s’est permis de remplacer les « allergy » du texte original par « intolérances » la plupart du temps. Au passage, merci à Clelia d’avoir pris le temps de traduire en ces temps (2010) où les robots ne le faisaient pas gratuitement.

L'article traduit

Les allergies alimentaires sont devenues très courantes et la tendance est à la hausse. La plupart des praticiens de santé constatent qu'ils y sont de plus en plus confrontés sur une base quotidienne. Une récente enquête publique au Royaume-Uni a montré que presque la moitié de la population interrogée rapporte avoir une "allergie" à un ou plusieurs aliments. Toutefois, les chiffres officiels pour les "vraies allergies alimentaires" tournent autour des 1% parmi la population dans les pays dits développés. La raison de cette confusion est que la majorité des réactions/allergies/intolérances alimentaires ne produisent pas un profil type d'allergie. (...)

1 Texte original :"La raison de cette confusion est que la majorité des réactions alimentaires/allergies/intolérances ne produisent pas un profil d’allergie typique (IgE ou IgG élevées avec test de piqûre positif et/ou test RAST positif). Il y a eu différentes tentatives pour classer ce groupe : comme une allergie alimentaire de type B, une intolérance alimentaire métabolique ou simplement une intolérance alimentaire, plutôt qu’une « véritable » allergie. Dans ce groupe, une personne peut réagir à de nombreux aliments ou combinaisons d’aliments différents. Il arrive souvent que la personne ne sache pas quel aliment produit la réaction, car celle-ci peut être immédiate ou retardée (un jour, quelques jours ou même une semaine plus tard)."

Assez souvent, la personne n'est pas sûre de l'aliment responsable de la réaction, parce que la réaction peut être immédiate ou retardée (d'un jour, de quelques jours ou même d'une semaine). Comme ces réactions retardées se chevauchent l'une l'autre, les patients ne sont jamais certains de ce à quoi ils réagissent un jour donné. En outre, il y a un phénomène de masquage, quand les réactions à un aliment consommé régulièrement se combinent à d'autres réactions (Les nouvelles réactions commencent quand les précédentes ne se sont pas calmées), le lien entre l'aliment et les symptômes qu'il déclenche n'est pas apparent. Les allergies ou intolérances alimentaires peuvent produire n'importe quel symptôme : de la migraine, la fatigue, le syndrôme prémenstruel, les articulations douloureuses, la peau qui gratte à la dépression, l'hyperactivité, les hallucinations, les obsessions et autres troubles psychiatriques et neurologiques. Cependant, les symptômes les plus immédiats et les courants chez la vaste majorité des patients sont : douleur, diarrhée ou constipation, envies pressantes, ballonnements, indigestions, etc.

Naturellement, de nombreuses personnes tentent d'identifier les  aliments auxquels elles réagissent. De ce fait, des tests sous  toutes les formes sont apparus sur le marché : des tests  sanguins aux tests cutanés électroniques. Beaucoup de  praticiens expérimentés sont déçus par la plupart de ces test,  car ils produisent trop de faux résultats négatifs/positifs. En  outre, ils amènent à la simple conclusion qu'il suffira  d'éliminer les aliments détectés comme "positifs" à l'issue du  test pour régler le problème. Dans certains cas, il est vrai que  l'évitement d'un aliment peut aider. Toutefois, pour la majorité,  les effets positifs ne perdurent pas: les patients, après avoir  éliminé quelques aliments, commencent à réagir à d'autres  aliments qui ne semblaient pas les faire réagir auparavant. Le  processus global conduit à une situation dans laquelle la  personne ne peut quasiment plus rien manger, et chaque  nouveau test détecte de nouvelles intolérances alimentaires. La  plupart des praticiens expérimentés arrivent à la même  conclusion: la stratégie simpliste qui consiste à ne pas manger  les aliments auxquels on est hyperréactif ne s'adresse pas aux  racines du problème. Nous devons examiner plus en profondeur l'origine de ces intolérances alimentaires. Pour le  comprendre, j'aimerais partager avec vous l'histoire d'une mes  patientes.

Le cas concret

Stephanie S. 35 ans fait appel à moi pour "sortir de ses allergies  alimentaires". Physiquement, c'est une femme au teint pâle qui  a l'air en malnutrition (45kg pour 1m60), elle a très peu  d'énergie, une cystite chronique, des douleurs abdominales, des  ballonnements et une constipation chronique. Toute sa vie elle  a été diagnostiquée anémique.

Historique médical de la famille: née d'un mère souffrant elle- même de troubles digestifs et de migraines, sa soeur souffrait  d'eczéma sévère et son frère de problèmes gastro-intestinaux.  Pas d'infos sur la santé du père.

Elle n'a pas été allaitée et à l'âge de 3 mois fait sa première  infection urinaire avec son 1er traitement antibiotique. Depuis  lors, les infections urinaires ont toujours été un problème  récurrent, habituellement traitées par antibiotiques; au moment  où elle me consulte elle souffre de cystite interstitielle  chronique.

Durant l'enfance elle paraît toujours très pâle, elle a toujours  trouvé difficile de prendre du poids, cependant elle estime que  sa santé était "ok" à ce moment-là -elle va à l'école et fait du  sport. A 14 ans, ses menstruations qui avaient commencé  l'année précedente s'arrêtent. On lui donne la pilule qui semble  réguler ses menstruations. A l'âge de 16 ans elle est mise sous  un long traitement antiobiotique contre l'acné, suite à quoi elle  développe une intolérance au lactose, une constipation sévère  et des ballonnements. On lui conseille d'arrêter les produits  laitiers à 18 ans, ce qui aide la constipation pendant un bout de  temps, mais les autres symptômes persistent. Elle développe  progressivement des niveaux faibles d'énergie, des crampes  abdominales, des vertiges, un poids corporel très bas et une  peau très sèche. Après de nombreuses consultations médicales  et des tests d'allergie alimentaire, elle commence à éliminer  différents aliments de son régime, mais elle n'est jamais sûre  que cela faisait la différence: certains symptômes semblaient  s'améliorer, d'autres non et de nouveaux apparaissaient. Elle  devient sensible aux sons trop forts et à la pollution locale, à  son shampoing et son maquillage ainsi qu'à certains produits  chimiques de nettoyage. Sa cystite devenue chronique est  diagnostiquée comme ayant une origine psychosomatique par  son docteur. Sa diète au moment où elle vient me voir est très  limitée : elle semble tolérer (mais n'est pas entièrement sûre)  les céréales du petit-déjeuner, le yaourt de brebis, le lait de  soja, quelques variétés de fromages, quelques légumes et  rarement du poisson. Après plusieurs tests d'intolérances  alimentaires, elle a supprimé toutes les viandes, les oeufs, les  noix, tous les fruits, les céréales complètes et la plupart des  légumes.

L'exemple est très courant et démontre clairement que juste  supprimer les "mauvais" aliments de la diète ne résoud pas le  problème. Nous devons voir plus loin et suivre la genèse de la  maladie de la patiente. Pour cela nous allons examiner  l'historique de santé de Stéphanie.

Enfance

La mère de Stéphanie souffrait de problèmes digestifs et n'a  pas allaité sa fille. Qu'est-ce que cela pourrait bien raconter?  Nous savons que l'enfant à naître a un intestin stérile. Au  moment de la naissance, le bébé avale des bouchées de  microbes qui vivent dans le vagin de la mère. Ces microbes  prennent environ 20 jours pour s'établir dans le système  digestif vierge du bébé et devenir sa flore intestinale. D'où  provient la flore vaginale ? La science médicale nous apprend  qu'elle provient en grande partie de l'intestin. Ce qui vit dans  l'intestin d'une femme se retrouvera dans son vagin. La mère de  Stéphanie souffrait de problèmes digestifs à la base, ce qui  indique qu'elle avait une flore intestinale anormale qu'elle a  transmise à sa fille à la naissance.

Stéphanie n'a pas été allaitée. Le lait maternel, plus  particulièrement le colostrum dans les premiers jours après la  naissance, est vital pour une population appropriée du système  digestif du bébé avec une flore microbienne saine. Nous savons  que les bébés nourris au biberon développent une flore  complètement différente de ceux qui sont allaités. Cette flore  intestinale prédispose les bébés nourris au biberon à l'asthme,  l'eczéma, à différentes allergies et autres problèmes de santé.  Mais les anomalies les plus importantes se développent dans le  système digestif, là où ces microbes se sont installés. La flore  intestinale transmise par la mère de Stéphanie était déjà  anormale et elle a été encore plus compromise par l'allaitement  au biberon.

NB Taty 2024: que les mamans qui n'ont pas pu allaiter ne se culpabilisent pas pour autant. xxx

Cystite chronique

Mis à part l'intestin, dans les premières semaines de la vie,  d'autres muqueuses ainsi que la peau du bébé commencent à  développer leur propre flore. Celle-ci joue un rôle crucial dans  la protection de ces surfaces contre les pathogènes et les  toxines. Comme Stéphanie a acquis une flore intestinale  anormale, l'aine et le vagin auront eux aussi une flore anormale  (puisque normalement elle vient de l'intestin). En même temps,  la flore de l'urètre et de la vessie devrait être semblable à la  flore vaginale: en situation normale, elle devrait être  prédominée par des Lactobacteria, en majorité L. crispatus et L. jensenii.  Cette flore produit du péroxyde d'hydrogène qui va réduire le  Ph de cette zone du corps, ce qui empêchera les pathogènes d'y  adhérer. Un urètre et une vessie non protégés sont comme une  invitation aux microbes pathogènes, ce qui déclenche des  infections du canal urinaire. Les pathogènes les plus courants, à  l'origine d'infections urinaires, sont E.coli, Pseudomonas  aeruginosa et Staphylococcus saprophyticus, qui proviennent  de l'intestin et de l'aine. L'urine est l’une des voies  d'élimination des toxines du corps.

En cas de dysbiose intestinale, des quantités importantes de  toxines sont produites par différents agents pathogènes présents  dans l'intestin et sont absorbés dans la circulation sanguine à travers la paroi intestinale endommagée. Beaucoup de ces  toxines quittent le corps dans l'urine: en s'accumulant dans la  vessie, l'urine toxique entre en contact avec la paroi de la  vessie. Les bactéries bénéfiques de la vessie et de l'urètre  maintiennent une couche de protection: une barrière protectrice  des muqueuses, essentiellement fabriquée à partir de  glucosaminoglycans sulphatés, eux-même produits par les  cellules de la paroi vésicale. Si cette couche est endommagée,  les substances toxiques de l'urine passent au travers de la paroi  de la vessie provoquant une inflammation et conduisant à une  cystite chronique. Et c'est ce qui est arrivé à Stéphanie: à l'âge  de 3 mois, elle a eu sa première infection urinaire. Comme sa  flore intestinale, vaginale et celle de l'urètre et de la vessie  n'ont pas été corrigées, elle a souffert d'infections urinaires  toute sa vie et a finalement développé une cystite chronique.

Autres dégâts sur la flore intestinale

En raison de ses infections urinaires courantes, Stéphanie a  régulièrement reçu des traitements antibiotiques toute sa vie et  ce, depuis l'enfance.  Chaque traitement antibiotique agresse les souches de bactéries  bénéfiques de l'intestin, laissant la porte ouverte à l'invasion  d'agents pathogènes résistants aux antibiotiques. Même lorsque  le traitement est court et la dose faible, il faut un certain temps  avant que les différentes bactéries intestinales bénéfiques  puissent récupérer: 1 à 2 semaines pour les souches  physiologiques de bactéries E.coli, 2 à 3 semaines pour les  Bifidobacteria et les Veillonelli, un mois pour les  Peptostreptococci. Si durant cette période la flore intestinale  est soumise à d'autre(s) facteur(s) préjudiciable(s), alors la  dysbiose intestinale peut démarrer pour de bon.

Après de nombreux traitements antibiotiques de courte durée,  Stéphanie a suivi un long traitement contre l'acné à l'âge de 16  ans. C'est à ce moment là qu'elle a développé de graves  troubles digestifs: constipation, ballonnements, douleurs  abdominales et intolérance au lactose, indiquant que sa flore  intestinale était sérieusement compromise.

Dès l'âge de 14 ans, Stéphanie s'est vue prescrire la pilule  contraceptive pendant plusieurs années. Les contraceptifs ont  de sérieux effets dommageables sur la composition de la flore  intestinale, menant à des intolérances et autres troubles reliés à une  dysbiose intestinale.

La malnutrition, conséquence d'une flore intestinale  anormale

Stéphanie a souffert de malnutrition toute sa vie malgré le fait  que sa famille ait toujours cuisiné des repas complet à partir  d'aliments frais et qu'elle ait bon appétit. Elle était toujours  pâle, très petite et mince, et ne prenait pas de poids. Cela n'est  pas surprenant compte tenu de l'état de sa flore intestinale dès  la naissance. La couche microbienne qui se trouve à la surface  absorbante du conduit gastro-intestinal ne fait pas que le  protéger mais maintient son intégrité. Les cellules épithéliales  appelées les entérocytes, qui recouvrent les villosités de  l'intestin, complètent le processus de digestion et absorbent les  nutriments de la nourriture. Ces cellules ne vivent que quelques  jours car le renouvellement de la paroi intestinal est très actif.  Ces cellules prennent naissance dans les profondeurs de la  crypte. Ensuite elles s'acheminent lentement jusqu'au sommet  des villosités, font leur travail de digestion et d'absorption tout en devenant de plus en plus matures sur le chemin. Quand elles  ont atteint le sommet de la villosité, on se débarrasse d'elles.  De cette manière, l'épithélium de l'intestin est constamment  renouvelé pour s'assûrer de sa bonne capacité à faire son travail  correctement.

Des expériences sur les animaux dont on avait stérilisé  l'intestin ont montré que quand les bactéries bénéfiques qui  vivent sur l'épithélium intestinal sont supprimées, le processus  de renouvellement cellulaire est complètement hors d'usage. Le  temps de déplacement des cellules des cryptes au sommet de la  villosité prend plus de temps, ce qui perturbe le processus de  maturation des cellules absorbantes et ces dernières se  transforment en cellules cancéreuses. L'activité mitotique dans  les cryptes est en grande partie supprimée, ce qui signifie que  moins de cellules naissent et qu'il y a donc moins de cellules  saines et aptes à faire leur travail. L'état des cellules elles- mêmes devient anormal.  C'est ce qui arrive chez un animal de laboratoire avec l'intestin  stérilisé.   Dans le corps humain, l'absence de bonnes bactéries est  toujours accompagné de la prolifération incontrôlable de  bactéries pathogènes, ce qui ne fait qu'empirer la situation.  Sans les soins de nos bactéries bénéfiques lors d'une attaque  par la flore pathogène, l'épithélium intestinal dégénère et  devient inapte à digérer et absorber la nourriture correctement,  ce qui conduit à la malabsorption, aux carences nutritionnelles  et aux intolérances alimentaires.

En dehors de l'entretien de la bonne santé de notre paroi  intestinale, la flore intestinale saine qui peuple cette paroi est  conçue pour participer activement au processus de digestion et  d'absorption. Tant et si bien qu'une digestion et une absorption  normales de la nourriture sont probablement impossibles sans  une flore intestinale bien équilibrée. Cette dernière a la capacité

de digérer les protéines, de fermenter les glucides, de  décomposer les lipides et les fibres. Les sous-produits de  l'activité bactérienne dans l'intestin sont capitaux dans le transport des minéraux, vitamines, eau, gaz et de nombreux  autres nutriment à travers la paroi intestinale jusque dans le  sang. Si la flore intestinale est endommagée, les meilleurs  aliments et suppléments n'ont pas une chance d'être bien  décomposés et absorbés. Un bon exemple pour illustrer est la  fibre alimentaire qui est l'un des habitats naturels de la flore  intestinale bénéfique. Elles s'en nourrissent, produisant alors  une bonne nourriture pour la paroi intestinale et le corps entier,  elles l'engagent dans l'absorption des toxines, elles l'activent  pour participer au métabolisme de l'eau et des électrolytes,  pour recycler les acides biliaires et le cholestérol, etc., etc.

C'est l'action bactérienne sur les fibres alimentaires qui permet  de remplir toutes ces bonnes fonctions dans le corps. Et quand  les bonnes bactéries sont endommagées et incapables de  "travailler" les fibres, les fibres elles-même peuvent devenir  dangereuses pour le système digestif, pouvant devenir un  habitat pour les bactéries pathogènes et aggraver ainsi  l'inflammation de la paroi intestinale. C'est pourquoi les  gastroentérologues recommandent une diète pauvre en fibres.  En conséquence, la fibre alimentaire seule sans les bactéries  bénéfiques présentes dans l'intestin peut se révéler néfaste.

Stéphanie a aussi constaté qu'elle était devenue intolérante au  lactose après le long traitement antibiotique contre l'acné  prescrit à l'adolescence. Et effectivement, le lactose est l'une de  ces substances que la plupart d'entre nous ne pourraient pas  digérer sans un bon fonctionnement de la flore intestinale.  L'explication offerte par la science jusqu'ici c'est que la  majorité d'entre nous après la petite enfance ne disposons plus  de l'enzyme appelé Lactase et qui permet de digérer le lactose.  Si nous ne sommes pas destinés à digérer le lactose, alors  pourquoi certaines personnes semblent le gérer sans problème ?  C'est parce que ces personnes ont les bactéries adéquates dans  leur intestin. L'une des principales bactéries digérant le lactose  dans l'intestin humain est E.coli. Il est surprenant pour  beaucoup d'entre nous d'apprendre que des souches bénéfiques  de E.coli sont des habitants essentiels d'un tract digestif sain.  Ces bactéries apparaissent en grand nombre dans l'intestin d'un  bébé en bonne santé dans les premiers jours de sa naissance:  107 -109 UFC/g (UFC : unités formant colonies) et leur  nombre reste stable toute la vie, à condition qu'elles ne soient  pas détruites par les antibiotiques et d'autres facteurs  environnementaux. A part la digestion du lactose, les souches  bénéfiques de E.coli produisent la vitamine K et les vitamines  B1, B2, B6, B12, des substances antibiotiques appelées  colicines, et elles contrôlent les membres déviants de leur  propre famille à l'origine de maladies. En fait, la meilleure  manière de vous protéger contre les espèces pathogènes E.coli  est d'avoir un intestin peuplé de souches bénéfiques de la  même famille. Malheureusement, ce groupe de bactéries  bénéfiques est très sensible aux antibiotiques à large spectre, en  particulier les aminoglycosides (Gentamycin, Kanamycin) et  les macrolides (Erythromycin, etc.)

En dehors des E.coli, d'autres bactéries bénéfiques de la flore  intestinale saine (Bifidobacteria, Lactobacterio, levures  bénéfiques et autres) ne font pas que s'assûrer de l'absorption  adéquate des nutriment de la nourriture mais participent  activement à la synthèse d'une multitude de nutriments:  vitamine K, acide panthoténique, acide folique, thiamine  (vitamine B1), riboflavine (vitamine B2), niacine (vitamine  B3), pyridoxine (vitamine B6), cyanocobalamin (vitamine  B12), différents acides aminés et autres substances actives.  Dans le processus d'évolution, la Nature s'est assurée que l'être  humain, en période de famine, ne puisse pas mourir à cause de  carences en vitamines et acides aminés.  La nature nous a pourvu de notre propre usine de fabrication de  ces substances -une flore intestinale saine. Et quand la flore  intestinale est endommagée, nous développons des carences  nutritionnelles malgré une bonne alimentation. Chaque enfant  ou adulte avec une dysbiose intestinale présente des carences  en vitamines ; vitamines que la flore intestinale est supposée  produire. La restauration de la flore bénéfique de l'intestin est  la meilleure manière de gérer ces déficiences, en particulier  celles en vitamines B.

Les tests sanguins au fil des ans montrent que Stéphanie a  continuellement présenté des carences en vitamine B, en  vitamines liposolubles, en magnésium, en zinc, en sélénium, en  manganèse, en sulphure, en fer et en acides gras.

L'anémie, une autre conséquence de la dysbiose intestinale

Stéphanie a souffert toute sa vie d'anémie, traitée sans succès  avec des suppléments en fer. La majorité des patients atteints  de dysbiose intestinale ont un teint pâle et leurs analyses de  sang montrent des modifications typiques de l'anémie. Cela  n'est pas surprenant. Non seulement ces patients n'arrivent pas  à absorber les vitamines et les minéraux essentiels pour le sang  à partir de la nourriture, mais leur propre production de ces  vitamines est endommagée. Pour couronner le tout, les  personnes avec une flore intestinale déviante ont souvent des  groupes particuliers de bactéries pathogènes dans leur intestin  qui sont friandes de fer (Actinomyces spp., Mycobacterium  spp., souches pathogènes de E.coli, Corynebacterium spp. et  beaucoup d'autres). Elles consomment le fer alimentaire,  laissant la personne déficiente. Malheureusement, les  suppléments de fer favorisent la prolifération de ces bactéries,  amènent des problèmes digestifs désagréables et ne résolvent  pas l'anémie. Pour avoir un sang sain, le corps a besoin d'autres  minéraux, d'une multitude de vitamines: B1, B2, B3, B6, B12,  C, A, D, acide folique, acide pantothénique et certains acides  aminés. Il a été démontré dans de nombreuses études partout  dans le monde que juste donner des suppléments en fer ne  changeait pas grand chose à l'anémie.

Les agents pathogènes dans l'intestin

Les plus étudiés des agents pathogènes qui prolifèrent après de  nombreux traitements antibiotiques sont les clostridia et les  levures, qui appartiennent normalement au groupe opportuniste  des microbes intestinaux. La flore intestinale opportuniste est  un grand groupe de différents microbes, leur nombre et leurs  combinaisons sont individuelles. Il y en a environ 400 espèces  dans l'intestin humain. Les plus courantes sont: Bacteroids,  Peptococci, Staphylococci, Streptococci, Bacilli, Clostridia,  Yeasts, Enterobacteria (Proteus, Clebsielli, Citrobacteria,  etc.), Fuzobacteria, Eubacteria, Spirochaetaceae, Spirillaceae,  Catenobacteria, différents virus et beaucoup d'autres. Fait  intéressant, plusieurs de ces bactéries opportunistes,  lorsqu'elles sont en petit nombre et sous contrôle, vont remplir  certaines fonctions bénéfiques dans l'intestin comme participer  à la digestion de la nourriture, décomposer les lipides et les  acides  biliaires. Dans un intestin sain, leur nombre est limité et  étroitement contrôlé par la flore bénéfique.

Mais quand cette flore bénéfique est affaiblie et endommagée,  ils échappent à tout contrôle. Chacun de ces microbes est  capable de causer divers problèmes de santé. Le plus connu est  le champignon Candida albicans qui cause des souffrances  indicibles à des millions de gens. Il y a une littérature  abondante au sujet de l'infection au Candida. Cependant, je  dois dire que la plupart de ce qui est décrit comme étant le  syndrôme du Candida est dans le fond le résultat de la dysbiose  intestinale. Cette dernière met en jeu l'activité d'un grand  nombre d'autres microbes opportunistes et pathogènes. Le  Candida albicans n'est jamais seul dans le corps humain. Son  activité et sa capacité de survie et d'engendrement de la  maladie dépend de l'état de ses milliards de voisins -diverses  bactéries, virus, protozoaires, autres levures et nombreux  microorganismes. Dans un corps sain, le Candida et de  nombreux autres microbes nocifs sont très bien contrôlés par la  flore bénéfique. Malheureusement, l'ère des antibiotiques a  donné au Candida une occasion spéciale de se développer. Les

habituels antibiotiques à large spectre tuent un grand nombre  de microbes différents dans le corps -bons et mauvais. Mais ils  n'ont aucun effet sur le Candida. Donc, après chaque traitement  antibiotique, le Candida est laissé sans personne pour le  contrôler, ce qui lui permet de se développer et de prospérer.  Stéphanie présentait de nombreux symptômes d'une  prolifération du Candida dans son corps : énergie faible, peau  sèche, mycose vaginale récurrente et cystite, ballonnement,  constipation, cerveau embrumé et léthargie.

La famille Clostridia a elle aussi bénéficié de l'ère des  antibiotiques pour proliférer car les Clostridia y sont résistants.  On connaît jusqu'à présent l'existence d'environ 100 membres  de cette famille et ils peuvent tous causer des maladies graves.  Beaucoup d'entre eux se retrouvent comme opportunistes dans  la flore intestinale de l'homme. Aussi longtemps qu'ils sont  contrôlés par les microbes intestinaux bénéfiques, ils ne sont  pas dangereux. Malheureusement, chaque traitement  antibiotique à large spectre élimine les bonnes bactéries, ce qui  laisse le Clostridia sans contrôle et lui permet de prospérer.  Différentes espèces de Clostridia provoquent une inflammation  grave du système digestif et endommagent son intégrité,  conduisant à de nombreux problèmes digestifs et intolérances  alimentaires.

"Allergies" alimentaires et intolérances

La flore intestinale normale maintient l'intégrité de la paroi  intestinale en la protégeant, la nourrissant et en lui assurant un  renouvellement cellulaire à sa surface. Quand les bactéries  bénéfiques de l'intestin sont fortement réduites, la paroi  intestinale dégénère. Parallèlement, les espèces opportunistes,  non contrôlées par la flore bénéfique affaiblie, accèdent à la  paroi intestinale et l'endommagent, la rendant poreuse et  perméable ("leaky gut" en anglais -> intestin qui fuit). Par  exemple, les microbiologistes ont observé comment les  bactéries intestinales opportunistes de la famille des  Spirochaetaceae et des Spirillaceae, grâce à leur forme en  spirale, ont la capacité à pousser en dehors les cellules  intestinales, de freiner l'intégrité de la paroi intestinale et de  laisser passer au travers de cette paroi des substances qui ne  devraient normalement pas le faire. Le Candida albicans a lui  aussi cette capacité. Ses cellules s'attachent littéralement à la  paroi intestinale en plantant leurs "racines" à travers, le rendant  ainsi "fuyant". Beaucoup de vers et de parasites ont aussi cette  capacité. Les aliments partiellement digérés traversent la paroi  intestinale endommagée qui "fuit' et rejoignent le flux sanguin  où le système immunitaire les reconnait comme des étrangers  et se met à réagir contre eux. C'est comme ça que les allergies  alimentaires et les intolérances se développent. Donc, il n'y a  rien à reprocher à la nourriture. Ce qui se passe c'est que les  aliments n'ont pas eu l'occasion d'être digérés correctement  avant d'être absorbés à travers la paroi intestinale endommagée.  Dans le but d'éliminer les intolérances il est alors préférable de se  concentrer sur la paroi intestinale et non sur les aliments.  D'après mon expérience clinique, quand la paroi intestinale est  guérie, de nombreuses intolérances alimentaires disparaissent.

Guérir la paroi intestinale - le régime

Comment faire pour guérir la paroi intestinale? Nous avons  besoin de remplacer les bactéries pathogènes de l'intestin par  des bactéries bénéfiques; l'usage de probiotiques efficaces est  une part essentielle du traitement. Cependant, l'intervention la  plus importante est un régime approprié.

Il n'est pas nécessaire de réinventer la roue quand il s'agit de  concevoir un régime pour soigner les troubles digestifs. Un  régime a déjà été inventé, un régime très efficace avec plus de  60 ans de recul et un excellent taux de succès chez des gens  présentant toutes sortes de désordres digestifs, y compris des  maladies dévastatrices telles que la maladie de Crohn et la  colite ulcéreuse. Ce régime est appelé le Régime des Glucides  Spécifiques ou RGS.

Le RGS a été inventé par un pédiatre américain renommé, le  Dr. Sidney Valentine Haas, dans la première moitié du XXème  siècle. C'était à cette bonne vieille époque où les médecins  avaient encore l'habitude de traiter leurs patients avec  l'alimentation et des moyens naturels. Poursuivant le travail de  ses collègues les Drs. L. Emmett Holt, Cristian Herter et John  Howland, le Dr. Haas a passé de nombreuses années de  recherche sur les effets du régime alimentaire sur la maladie  coeliaque et d'autres troubles digestifs. Lui et ses collègues ont  constaté que les patients avec des troubles digestifs toléraient  assez bien les protéines et graisses alimentaires. Mais les  glucides complexes des céréales et des légumes riches en  amidon empiraient la situation. Le surcrose, le lactose et les  autres dissacharrides devaient être exclus de la diète.  Cependant, certains fruits et légumes étaient non seulement  bien tolérés par leurs patients mais amélioraient leur condition  physique. Le Dr. Haas a soigné plus de 600 patients avec  succès: après avoir suivi le régime alimentaire pendant au  moins un an, on assistait à "un recouvrement complet sans  rechute, aucun décès, aucune crise, aucune atteinte pulmonaire  et aucun retard de croissance". Les résultats de cette recherche  ont été publiés dans un manuel médical complet "The  management of celiac Disease", écrit par le Dr. Sidney V. Haas  et Merrill P. Haas en 1951. Le régime, décrit dans le livre, a été  accepté par la communauté médicale du monde entier comme  une cure pour la maladie de coeliaquie et le Dr. Sidney V. Haas  a été honoré pour son travail de pionnier dans le domaine de la  pédiatrie.

Malheureusement, les "happy end" n'arrivent pas assez souvent  dans l'histoire humaine. A cette époque, la maladie de  coeliaquie n'était pas clairement définie. Un grand nombre de  pathologies intestinales diverses étaient incluses dans le  diagnostic de la maladie de coeliaquie et toutes ces conditions  étaient efficacement traitées par le RGS. Dans les décennies  qui ont suivi, quelque chose de terrible s'est produit. La  maladie de Coeliaquie a finalement été définie comme une  intolérance au gluten ou enthéropathie au gluten, ce qui a  exclus du diagnostic un très grand nombre de problèmes  intestinaux divers. Lorsque que la "diète sans gluten" a été  annoncée comme étant efficace pour le traitement de la  maladie coeliaque, le RGS est tombé dans l'oubli et ses  informations considérées comme obsolètes. Et toutes les autres  maladies intestinales, qui entraient dans le diagnostic avec la  vraie maladie coeliaque, ont elles aussi été oubliées. La vrai  maladie de coeliaquie est rare et les pathologies intestinales  "oubliées", qui constituent un très large groupe de patients,

sont habituellement diagnostiquées comme maladie de  coeliaquie et ne répondent pas bien au régime sans gluten. Par  ailleurs, de nombreux "vrais" coeliaques ne voient pas non plus  leur situation s'améliorer en suivant la diète sans gluten. Toutes  ces conditions répondent très bien au RGS développé par le Dr.  Haas.

Après toute cette controverse concernant la maladie coeliaque,  le Régime des Glucides Spécifique serait complètement tombé  aux oubliettes s'il n'avait pas été remis au goût du jour par,  vous le devinez, un parent ! Elaine Gottschall, désespérée  d'aider sa petite fille souffrant d'une sévère colite ulcéreuse et  de problèmes neurologiques, consulta le Dr. Haas en 1958.  Après avoir suivi le RGS pendant 2 ans, sa fille fut  complètement guérie de tout symptôme, elle était une petite  fille pleine d'énergie et en plein développement. Vu le succès  du RGS auprès de sa fille, Elaine Gottschall a au fil des années  aidé des milliers de personnes souffrant de maladie de Crohn,  de colite ulcéreuse, de maladie de coeliaquie, de diverticulite et  de divers types de diarrhée chronique. Des guérisons très  spectaculaires et rapides ont été observées chez de jeunes  enfants qui, en dehors de leurs problèmes digestifs,  présentaient de graves troubles du comportement tels que  l'autisme, l'hyperactivité et les terreurs nocturnes. Elaine  Gottschall a consacré plusieurs années de recherche sur les  bases biochimiques et biologiques de l'alimentation et a publié  un livre intitulé "Breaking the Vicious Cycle. Intestinal Health  Through Diet." (Briser le Cercle Vicieux. La Santé Intestinale  par l'Alimentation) Ce livre a sauvé des milliers d'enfants et  d'adultes à travers le monde et a été réimprimé à de  nombreuses reprises. Beaucoup de sites et de groupes ont fleuri  sur la toile afin de pouvoir partager leurs recettes RGS et leurs  expériences.

J'utilise le RGS depuis de nombreuses années dans ma clinique  et je dois dire que c'est le régime idéal pour les intolérances  alimentaires. Je travaille essentiellement avec des  enfants présentant des troubles d'apprentissage comme les  autistes, TDAH (trouble déficitaire de l'attention avec  hyperactivité), dyslexie, dyspraxie, etc.. (NB Taty: cette neurologue russe d'origine s'est spécialisée à cause des problèmes de ce type chez son propre enfant). J'ai regroupé tous ces  patients sous le nom Gut And Psychology Syndrome ou GAPS®  (syndrôme entéropsychologique). J'ai du adapter certains  aspects du RGS pour ces patients et ils ont rebaptisé leur  régime - le régime GAPS.  Au fil du temps, j'ai développé la Diète d'introduction GAPS  pour les cas les plus graves. Je trouve cette diète d'intro  particulièrement efficace dans les intolérances alimentaires car elle  permet à la paroi intestinale de guérir rapidement. La diète  d'intro est structurée en plusieurs étapes. A moins qu'il n'y ait  une allergie dangereuse (de type anaphylactique) à un aliment  particulier, je conseille à mes patients d'ignorer les résultats de  leurs intolérances alimentaires et de suivre les étapes une à une.  La diète d'intro est en 5 étapes et sert la muqueuse intestinale  de 3 manières:

1. Elle élimine les fibres. Dans un intestin endommagé, les  fibres irritent la muqueuse intestinale et constituent une  nourriture pour les microbes intestinaux pathogènes. Ce qui  signifie: pas de noix, pas de haricots, pas de fruits et pas de  légumes crus. Seuls les légumes bien cuits (en soupes et  ragoûts) sont autorisés à condition d'ôter les parties fibreuses  du légume. Les amidons ne sont pas autorisés dans le régime  GAPS, ce qui signifie pas de céréales ni de légumes farineux.  

2. Elle nourrit la muqueuse intestinale: acides aminés,  minéraux, gélatine, glucosamines, collagènes, vitamines  liposolubles, etc. Ces substances sont apportées par les  bouillons de viandes et de poissons, par les parties gélatineuses  de la viande bien cuites dans le bouillon, par les abats, les  jaunes d'oeufs et par la grande consommation de graisses  animales naturellement présentes dans les viandes.  

3. Elle fournit des bactéries probiotiques sous la forme  d'aliments fermentés. Les patients apprennent à préparer leur  propre yaourt, kéfir, légumes et autres aliments à la maison.  Ces aliments sont introduits progressivement afin d'éviter une  réaction d'herxeimer.  Dans les 2 premières étapes de la diète d'intro, les symptômes  digestifs les plus graves comme la diarrhée et les douleurs  abdominales disparaissent assez rapidement. A ce moment-là,  le patient peut évoluer vers les étapes suivantes où toujours  plus d'aliments sont introduits peu à peu. Comme l'intestin est  en train de guérir, les patients constatent qu'ils peuvent  introduire graduellement des aliments qu'ils ne pouvaient plus  tolérer auparavant. Quand la diète d'introduction est terminée,  le patient passe au régime GAPS complet. Je recommande  d'adhérer à ce dernier en moyenne pour une durée de 2 ans afin  de restaurer la flore intestinale normale et la fonction digestive.  Selon la gravité de la situation, le temps de guérison varie. Les  enfants guérissent généralement plus rapidement que les  adultes.

NB Taty: Dans mes propres livres, je recommande de limiter la cure à 15 jours pour des raisons de prudence. Un lecteur non avisé, non suivi par un professionnel, pourrait vouloir prolonger un essai qui ne lui convient pas, dans un contexte qui peut le fragiliser. Ce n'est pas le cas des patients de la doctoresse Campbell, ni des personnes suivies en RGS ("Nouvelle flore" chez moi) par des praticiens avertis.

Stéphanie a du suivre la diète d'introduction pendant 7 mois  avant de pouvoir prendre du poids et se sentir plus forte. Au  moment où elle est passée au régime définitif, elle avait des  selles normales, plus aucun ballonnements ni symptômes de  cystite; son taux d'énergie s'était bien amélioré, bien qu'elle  paraissait encore légèrement pâle. Un an après le début du  traitement, elle a disparu pendant 18 mois jusqu'au jour où elle  me donna de ses nouvelles: elle était bien, avec une bonne  énergie, elle n'avait plus de symptômes de cystite et sa fonction  intestinale était bonne. Elle avait pris du poids: bien qu'elle soit  toujours mince, elle restait dans la norme. Au cours des 2  derniers mois elle avait recommencé à manger des aliments  non autorisés dans le régime et a conclut qu'elle les tolérait en  les consommant occasionnellement, y compris les pâtes, le  chocolat et certains produits de la boulangerie locale.

Guérir la paroi intestinale - les probiotiques

Afin de guérir la paroi intestinale, en dehors d'un régime  adéquat, nous avons besoin de remplacer la flore pathogène de  l'intestin par une flore bénéfique. Les aliments fermentés  procurent certains de ces microbes probiotiques. Cependant, un  probiotique efficace est essentiel dans de nombreuses  situations. De nombreuses études ont montré les bienfaits de la  supplémentation en probiotiques dans la plupart des troubles  digestifs ainsi que d'autres problèmes de santé. Le marché  propose une foule de probiotiques sous la forme de boissons,  de poudres, de capsules et de tablettes. La majorité d'entre eux  sont prophylactiques, ce qui signifie qu'ils sont conçus pour les  personnes en assez bonne santé. Ils ne sont pas conçus pour  vraiment faire la différence entre une personne présentant un  trouble digestif et une autre avec un "leaky gut" (intestin perméable).

Ces dernières ont besoin d'un probiotique puissant qui contient  des espèces bien choisies de bactéries probiotiques. Un  probiotique thérapeutique entraînera une réaction dite  d'Herxeimer: les bactéries probiotiques tuent les pathogènes de  l'intestin et quand ces derniers meurent, ils libèrent des toxines.  Ce sont ces toxines qui vont donner au patient ses symptômes  particuliers, leur relâchement va aggraver les symptômes, voilà  ce qu'on appelle la réaction d'Herxeimer. Cette réaction peut  être assez grave et doit être contrôlée. C'est pourquoi je  recommande de commencer avec une très petite dose de  probiotique et d'augmenter graduellement jusqu'à atteindre la  dose thérapeutique. Une fois ce niveau atteint, le patient doit y  rester pendant plusieurs mois: la durée dépend de la gravité de  sa condition. Une fois que la majorité des symptômes a  disparu, le patient peut progressivement réduire la dose  quotidienne à un taux de maintenance ou arrêter la prise du  probiotique.

Stéphanie a recouru à un probiotique thérapeutique particulier.  Elle a pris une gélule par jour (2 milliards de cellules vivantes)  pendant une semaine, puis est montée jusqu'à 2 gélules  quotidiennes. A cette dose, sa peau a commencé à gratter, ses  selles sont devenues molles et les symptômes de sa cystite se  sont légèrement aggravés. Elle a considéré qu'il s'agissait d'une  réaction d'Herxeimer et a choisi de rester à cette dose aussi  longtemps que les symptômes subsistaient -2 semaines et  demie dans son cas. Ensuite elle est montée jusqu'à 3 gélules  par jour. Cette augmentation a produit une autre réaction  d'Herxeimer et elle a du tenir un mois avec 3 gélules  quotidiennes avant de changer la dose. Elle est ainsi arrivée  peu à peu à 8 gélules par jour -sa dose thérapeutique. Je lui ai  recommandé de rester à cette dose pendant 6 mois. Durant ce  laps de temps, tous ses principaux symptômes se sont calmés et  certains ont commencé à disparaître. Après 6 mois, elle a  décidé de rester sur la dose thérapeutique plus longtemps car  elle s'y sentait bien. Après 4 autres mois avec une dose  quotidienne de 8 gélules, elle s'est sentie assez forte pour  diminuer progressivement la dose. Elle est descendu  graduellement jusqu'à 4 gélules par jour -sa dose de  maintenance. Après 2 ans, elle a jugé que c'était le bon moment  d'arrêter de prendre le probiotique (car il est cher) et d'y  recourir occasionnellement, en cas de situation stressante.

Les références bibliographiques sont pages 39 à 41 de l’original, soit https://orthomolecular.org/library/jom/2009/pdf/2009-v24n01.pdf

 

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