taty lauwers

cuisinez selon votre nature

en quête d'un devenir-soi nutritionnel

Extrait: Intolérances alimentaires, plan sans-gluten, etc.

Je transmets ici un extrait de mon topo sur les tests à IgG, en liaison avec l'échange sur le sujet.


Dans ce topo, je me démarque d’une partie de la mouvance naturo et de certains pratiquants des méthodes RGS/GAPS™ qui rajoutent à ces régimes déjà restrictifs une série d’évictions, sur la base d’intolérances supposées. Des tests sophistiqués sont en effet disponibles pour évaluer les hypersensibilités individuelles. Ce sont les réactions à IgG. Hélas, ces tests ne sont, de l’avis même des laboratoires, efficaces qu’à cinquante pour cent à ce jour. Les évaluations par un kinésiologue ne sont pas toujours fiables à cent pour cent non plus Ces apparences de certitudes rassurent et dépannent le temps d’un instant. Le seul résultat flagrant est celui que le mangeur obtient en s’observant intelligemment, tout simplement.

Par ailleurs, ces praticiens n’ont pas compris le discours fondamental de la doctoresse Campbell. Son observation est que les intolérances alimentaires ne se manifestent que parce que la dysbiose flambe. Il est alors inutile de cibler ces catégories alimentaires.

Je comprends l’envie bien naturelle d’un coach de protéger son client des inflammations chroniques dues à des intolérances, avant d’entamer la remise sur pied. Dans les schémas pratiques, je contourne cette tendance en proposant de pratiquer de sages rotations de jour en jour.

Un petit rappel des bases de réflexion n’est pas superflu. La dysbiose intestinale autant que la colopathie déclarée sont souvent accompagnées d’intolérances alimentaires, aussi appelées « allergies retardées ». Le succès des régimes sans-gluten-sans-caséine-sans-soja (ci-après « SG-SC-SS ») provient peut-être de ce qu’ils éliminent de la plage alimentaire les trois réactogènes les plus souvent incriminés comme source d’intolérances alimentaires. Ces réactions excessives ne sont pas de vraies allergies. Ces dernières préviennent le sujet dès les premières heures suivant l’ingestion du produit problématique, si pas dans les minutes qui suivent. Les intolérances, elles, ne se vérifient que dès que le mangeur arrête de consommer le produit quelques jours, de manière radicale. Elles sont d’ailleurs souvent ignorées de leurs victimes, car elles ne se manifestent qu’à bas bruit.

Les allergies franches sont dépistées par les allergologues classiques, qu’il faut donc consulter, le cas échéant. L’intolérance ou allergie retardée est plus difficile à diagnostiquer et à reproduire que l’allergie franche. À ce jour, cette piste ne semble suivie que par des homéopathes ou naturopathes. Les intolérances se manifestent sur la peau (irritations de la peau chroniques, eczéma, par exemple), sur les voies respiratoires (écoulements glaireux ou rhinites à répétition), sur l’état général physique (fatigue au lever, articulations engourdies, lourdeur foie/vésicule, entre autres) et même sur l’état psychique (sautes d’humeur, coups de déprime, etc).

Les symptômes d’une hyperréactivité peuvent être confondus avec ceux d’une dysbiose. Cette similarité est bien logique, puisqu’il est très probable que les intolérances dérivent de la perméabilité intestinale. C’est parce que le sang n’est plus protégé par une paroi intègre qu’il peut être vicié par divers déchets alimentaires ou bactériens. Si l’on colmate les brèches de la tuyauterie (voir explication p. xx), il n’y a plus de raison que les intolérances se manifestent. Hélas ! La plupart des partisans de l’hypothèse « influence des déchets sur les dérives immunitaires » éliminent tous les réactogènes de la plage alimentaire de leurs patients. Si cette intervention est utile, parfois capitale, dans les premiers temps, je suis désolée d’observer que tant de mangeurs ne cherchent pas plus loin. « Je cherche des recettes pour manger sans gluten, sans soja, sans œufs, car j’y suis intolérant selon le médecin  ». Bof de chez bof. Je propose plutôt de sortir de l’exclusion alimentaire : il faut refaire la tuyauterie, tiens !

Éliminer des aliments n’est utile que dans une première phase — et encore, comme on le verra ci-après : bien plus qu’une réaction directe au réactogène ingéré, le phénomène pourrait être aussi une intoxication par les sous-produits de la flore intestinale déréglée et une forme de paralysie consécutive du système immunitaire. La tenue de la diète ad hoc permettra donc d’atténuer les intolérances. Dans son livre recensé plus loin, la doctoresse Campbell passe en revue les régimes les plus conseillés en matière de dysbiose. Elle les met en perspective face aux nombreux facteurs sources de dysbiose majeure. Sur les limites de la pratique SG-SC-SS, le bon docteur écrit (ma traduction à partir de la toute première édition du livre en anglais) : « les résultats des recherches (...) ont permis de développer le régime SG-SC-SS, qui a permis à certains enfants autistes de bénéficier d’améliorations considérables dans leur état général. En revanche, beaucoup d’autres enfants ne suivent pas la même courbe. La raison en est que le syndrome GAPS™ est bien plus complexe qu’une simple hyperréaction aux (...dérivés du gluten et des laitages...). Pour la majorité des patients, le régime devrait intégrer bien d’autres facteurs du syndrome. » Sous ce nouveau terme de GAPS™, ce médecin regroupe les pathologies de troubles du comportement depuis l’autisme jusqu’à l’hyperactivité, la dyspraxie, l’hyperkinésie ou la schizophrénie en passant par la dépression, lorsqu’elles sont liées à la dysbiose. C’est grâce à un plan sans aucun farineux qu’elle obtient de prodigieux résultats chez ces cas graves, mais aussi chez les enfants moins atteints : moins d’irritabilité, d’insomnie, de tristesse, plus d’intérêt pour l’entourage, moins de maux de tête, une plus grande stabilité psychomotrice.

Elle est aussi désolée que moi d’observer que d’excellents spécialistes du domaine conseillent même des plasti-produits sans gluten. Lors d’un petit tour sur des sites comme www.schaer.com, vous serez ébahis d’observer que les produits proposés à la vente contiennent beaucoup d’adju­vants de fabrication. Nul ne peut imaginer ce que peuvent produire ces nouveaux éléments dans un corps, a fortiori fragilisé. L’introduction des aliments substitutifs du gluten et des laitages animaux peut même compromettre les bénéfices d’une réforme alimentaire, car ils sont parfois riches en polysaccharides dont on verra au chapitre suivant à quel point ils entretiennent la dysbiose. Ce sera le cas du mangeur qui remplace les fromages par des dérivés de soja, le lait de vache par du lait de riz ou le pain par du plastipain sans gluten. Pour les cas de colites chroniques, les régimes SG-SC-SS semblent peu efficaces à moyen ou long terme si l’on veut guérir une fragilité. Ils ne font que tamponner et représentent une dépense de beaucoup d’énergie pour un effet minime sur la durée.

 

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