18.2.2023 Un petit retour sur l'indispensable écoute de soi, le cas échéant via le profilage alimentaire, avant de se lancer dans une mode diététique. Au travers d'une vidéo: entrevue entre deux carnivores.
Pourquoi gloser sur la cure carnivore alors que tant de blogs et vlogs s'en occupent pour l'instant? Pour ceci: je ne connais aucun intervenant, même les deux délicieuses dames ci-contre, qui envisage que TOUS les corps ne sont pas faits pour prospérer en carnivore.
La cure carnivore dans ses multiples variantes a un succès foudroyant depuis peu aux States. En gros, on mange au principal des sources animales, sans aucun apport végétal. Défaut de jeunesse et d'enthousiasme: les pratiquants voient tous midi à leur porte. Démonstration en vidéo.
NB. titre de la vidéo: 80/20 est le ratio de graisses/protéines parfois conseillé en carni.
Kelly, carni depuis 13 ans, est d'un enthousiasme contagieux ET n'arrête pas d'arrondir les angles: écoutez-vous, adaptez la cure, on n'est pas tous pareils.
Voilà qui est bien attirant, dans un monde plutôt binaire (la nutri minceur). Dès 1996, quand je me suis intéressée à la nutri, j'étais ébahie de la polarité des discours: chaque intervenant avait UN plan alimentaire idéal, qu'il appliquait à tous, sans se rendre compte qu'il généralisait le choix diététique qui LUI convenait. Cela valait y compris pour les médecins en nutri (oui, vous savez, ces personnes en blouse blanche qui savent tout sur tout et font de l'urticaire s'ils doivent dire "je ne sais pas"),
Depuis peu, je suis enchantée d'entendre quantité de conseilleurs qui rappellent à tout bout de vidéo: sortez vos antennes, écoute-vous, adaptez l'assiette à votre ressenti.
Gééééniaaaal.
J'attends impatiemment l'étape suivante où les mêmes conseilleurs souples accepteront que la voie alimentaire qu'ils conseillent ne doit pas être adaptée: elle doit être radicalement changée! Le conseilleur carni devrait pouvoir reconnaître que cette voie est vaine pour une série de mangeurs, qui auraient besoin de voies douces, de voies du milieu; ou pire: du plan inverse, càd la cure antifatigue de mon livre éponyme.
Le graal: quand ces conseilleurs accepteront que l'assiette n'est PAS la voie idéale pour monsieur X, ici et maintenant. Que les prescriptions sont trop dures pour lui, et qu'il bénéficierait bien plus d'un programme de promenades en forêt, de stages de taichi ou de cours de djembé.
Dans la vidéo que je relaye, Amber, que je connais depuis mes premiers essais de cette cure qui s'avère ma cure idéale (? premiers essais vers 2005-2008?), est un cerveau sur patte, curieuse, documentée, généreuse, très à l'écoute de chacun. Elle me plaît pour tout cela et pour son infinie douceur (dans ce monde de brutes du camp carni, aussi amateurs de polémiques que les véganes, yiiiks).
Et pourtant, à la question de Kelly "que dirais-tu à quelqu'un qui essaie depuis des mois, parfois deux ans, sans résultat?", aucune n'envisage: change de crémerie!
Voilà pourquoi je viens ajouter mon grain de sel: il y a une douzaine de cures possibles, pour divers profils. Réduire la biodiversité à UNE cure est un réflexe de desperados - généralement des Ricains, qui sont en avance sur nous question pollution intérieure. On comprend qu'ils doivent souquer ferme pour récupérer un organisme valide. C'est un peu l'équivalent du médecin débutant qui donnerait des antibiotiques systématiques.
Le profilage alimentaire est une approche, aidée d'outils pragmatiques, qui permet à chacun de s'écouter finement. Vous êtes un solitaire têtu de mon acabit? Vous n'avez aucun besoin de profilage. "C'est mon corps, on se comprend, personne ne me dicte ce que je mange". Le profilage est surtout utile chez les personnes qui sont déshabitées d'elles-mêmes par une propagande médiatique autour de la minceur et par la tenue de régimes en cascade. Elles sont dans une telle restriction cognitive qu'elles ont fermé les écoutilles: le corps peut chanter, crier, elles n'écoutent plus. C'est à ce moment (j'en fus, dans mes jeunes années) que des Kelly et Amber semblent des sauveurs et qu'on se lance, quasi à l'aveugle, vers des lendemains qui ne chantent pas trop.
NB. Pour les régimeux qui écoutent Amber dans cette video "si vous ne maigrissez pas en carnivore, "mangez plus gras " et son explication théorique, un rappel de bon sens: c'est de la théorie précisément, en particulier axée sur son cas perso. Si un jour je voulais vraiment maigrir, tous mes tests préalables indiquent que je dois pratiquer la carnivore maigre. Bleurks? Oui, Jeanine, tout juste. Je ne le ferai que contrainte forcée. Mais c'est MON histoire, ce que MON corps peut métaboliser, ce que JE veux bien écouter.
Ecouter aussi Kelly chez le dr Berry, un adepte récent de la carnivore, très suivi: https://www.youtube.com/watch?v=CZ-qwRGNgjo
J'attends tout aussi impatiemment le moment béni où les conseilleurs en nutri, multi-diètes, sauront reconnaître quand l'alimentaire n'est PLUS la bonne voie, ou quand une cure particulière a tant donné de ses bienfaits qu'elle n'offre plus que des dégâts collatéraux. "Quand il faut changer de crémerie", quoi. Ma blaguounette est éculée, mais elle continue à m'amuser. Un médecin fin sait bien quand il faut changer de médicament, chez un patient particulier: quand il ne produit plus l'effet escompté, ou quand il produit trop d'effets secondaires. Un praticien fin de la nutri devrait pouvoir agir de la sorte.
Je prends le cas d'Amber, une personnalité si attachante, dont le parcours est si émouvant (le découvrir dans son projet de livre, chapitre 1).
J'ai le coeur qui flanche quand je vois ce qu'Amber subit depuis quelques années - selon elle "à cause d'une surprescription d'antibiotiques mal ciblés". Elle continue la pratique du carné pur, qui l'a sorti des flûtes il y a 20 ans, car elle venait de loin. De très très loin!
J'ai le soupçon qu'elle fait partie des MATs (ou mangeurs atypiques) selon ma terminologie, ceux que j'ai aussi appelés "canaris de la modernité" quand ils le sont dès l'enfance. Je le déduis de son histoire, de son évolution depuis que je la connais, de quelques signes physiques ainsi que de son insistance à l'hyperlipidique. Typique de certains profils, chez qui c'est LE remède.
Physiquement, on le voit dans les dernières vidéos. Je l'ai connue au début de sa métamorphose, je vois clairement le déclin.
https://www.youtube.com/watch?v=VYYyidKya2k
Ah! si j'étais sa copine et si elle m'écoutait, je lui glisserais deux trois infos.
A-t-elle fait le lien entre sa dégringolade et l'un ou l'autre vaccin récent qu'elle aurait fait? Les thérapies géniques actuelles ne sont pas les seuls vaccins à produire des cascades d'effets secondaires, niés par la médecine. Se prémunit-elle de la pollution électromagnétique?
Les MATs sont souvent hypersensibles à l'un comme à l'autre. Chez eux, l'electrosmog peut dérégler le métabolisme profond, les cellules ne répondent plus comme le voudrait la physiologie classique (hypothèse du dr Pall: ouverture permanente des portes ion calcium).
Si c'est son cas, le recours à la cure carni seule n'est qu'une béquille.
Et enfin, a-t-elle envisagé qu'elle est au bout de ce que la cure carni a pu lui offrir? Qu'elle peut maintenant revenir au LCHF qu'elle a pratiqué un temps? Ou à une assiette ressourçante riche en variété, pauvre en sucre et doublée de la tenue de la cure carni, un jour à la fois, une à deux fois par semaine?
Je ne l'ai pas interrogée, je ne connais pas les détails et son environnement. Ceci n'est qu'une hypothèse de travail, que j'emploie à l'intention des pratiquants trop enthousiastes ou des praticiens.
Je me félicite d'avoir tanné les lecteurs et les participants à mes séminaires depuis 20 ans: les "régimes" s'appellent des "cures" chez moi, terme choisi pour signifier qu'on le tient de manière temporaire. Tout comme on prend un antibiotique passager, et qu'on ne poursuit pas la prise pendant dix ans.
Image familière: pour un bras cassé, on me mettra un plâtre, le temps de consolider. Pourquoi mettre un plâtre en permanence?
L'objectif de ce billet, à l'intention des praticiens: souvent LA cure qui a été efficace à un moment précis de notre périple santé n'est pas plus universelle que LE médicament qui aurait aidé, à un moment M dans un état organique X. Votre tact, thérapeute, est de savoir orienter la personne vers une autre voie, au bon moment. Sinon la cure, la tisane, le complément de départ devient un grigri, et le patient s'y accroche comme à une bouée de sauvetage. Même quand il a 500 de QI comme mademoiselle, hélas.