taty lauwers

cuisinez selon votre nature

en quête d'un devenir-soi nutritionnel

   Le glucomètre ou la glycémie pour les Saint-Thomas

3.12 Un extrait d'un topo expert à paraître, complément de ce topo profane, où j'explique pourquoi et comment convaincre un mangeur lambda de l'utilité de doser les glucides au quotidien.

Chez certains profils, l'organisme peine à gérer le glucose, qui est certes essentiel à notre biochimie, mais doit être géré en finesse. Le glucose (ou le "sucre") peut être produit par le corps, mais il provient en majorité de notre alimentation, en gros des glucides (sucre "sucré", fruits, légumes sucrés et farineux comme pain, pâtes, pommes de terre ou riz, bio ou pas, complets ou pas).  Il est essentiel que ces mangeurs-là comprennent que se balader avec trop de glucose  dans le sang peut fatiguer et entraîner une forme d'inflammation chronique, subtile et à bas bruit. Inflammation qui se manifestera dans les articulations, les muscles ou dans les artères, par exemple. Ce n'est à mon avis qu'après cette prise de conscience qu'ils pourront se prendre en mains et, peut-être, se résoudre à manger moins de glucides au quotidien.

Qui sont ces profils? Les sujets de groupe sanguin O, les chasseurs, les diathèses 1 (les chênes), les mangeurs avec une tendance kapha. Imaginez si vous parlez à un mangeur O, chasseur, chêne et kapha! Vous pouvez presqu'à coup sûr lui expliquer les troubles de la glycémie.

Deux façons de procéder:

  • soit les inviter à doser leur glycémie individuelle pendant quelques jours, pour qu'ils voient en chiffres ce que leur corps subit, ce que je décris ci-dessous
  • soit leur proposer de vivre un état de glycémie stable ou normale lors d'un jeûne hydrique de 48 heures ou lors d'une cure pauvre en glucides (low-carb, comme la cure que j'appelle "Décrochez-des-sucres") - cure qui doit durer au moins 10 jours pour être probante.

Comprendre l'analyse de la glycémie

Pour doser le "sucre" (glucose) dans le sang, ce qu'on appelle la glycémie, on dispose désormais de petits appareils électroniques peu chers. La glycémie s'exprime en mg/dL ou en g/L.

NB. Pour comprendre les valeurs de glycémie en images, voir un de mes posters didactiques (que, coach, vous devrez peut-être expliciter en direct)

En temps normal, après une nuit de jeûne naturel, la glycémie d'un mangeur lambda devrait se situer entre 0.70 et 0.99 grammes par litre de sang. Ce chiffre est porté à 1.10 g/L  par certains experts, mais ces valeurs sont trop souples pour les personnes sensibles aux sucres que je viens de qualifier. Chez un diabètique déclaré, on tolère une glycémie à jeûn de 0.70 à 1.30 g/L.

Je fais plus confiance à de grands spécialistes comme le docteur Richard Bernstein (voir article), qui a presque cinquante ans de métier dans la diabétologie. Pour lui, la valeur repère est de 0.83 grammes par litre. Quelle précision!

Classiquement, on soupçonne un désordre de la glycémie lorsque la glycémie à jeün se situe entre 1.10 et 1.25 g/L. On soupçonne un franc diabète lorsque ce chiffre est de 1.26 g/L à jeun.

Le pancréas est l'organe principal qui intervient dans la gestion des sucres. On peut aussi évaluer la réactivité du pancréas après un repas, chez soi avant de recourir aux tests de labo. Pour cela, il faut analyser la glycémie après un repas et non plus à jeûn. En temps normal, deux heures après un repas, on évalue comme normaux des taux de 0.7 à 1.2 g/L (certains experts plus souples acceptent 1.4g/L). Au-delà de ces chiffres, non seulement le glucose peut devenir toxique, mais le pancréas indique qu'il peine à produire les hormones nécessaires. Il s'"est épuisé au fil des ans. Agissons avant qu'il ne puisse plus du tout produire d'insuline.

Chez un diabètique déclaré, on accepte que deux heures après le repas ce taux soit plus haut: à 1.80 ou même 2 g/L. Certains sujets qui sont diabétiques sans le savoir  ont des taux supérieurs à 1.80 g/L pendant de larges plages horaires chaque jour. Situation qu'on qualifiera d'hyperglycémie permanente, souvent liée à l'hyperinsulinisme (voir article). $$

Le glucomètre individuel

Tous les sujets amateurs de réforme alimentaire  ne sont pas prêts à "manger en pleine conscience" ni à donner du temps à cette part-là de la nutri. Certains ont besoin de voir des valeurs chiffrées pour agir.

Pour ceux-là, je propose de réaliser des tests sanguins régulièrement et d'utiliser un appareil pour évaluer le taux de glucose dans le sang (un glucomètre) pendant deux semaines, le temps d'étudier leur biotope intérieur. L'appareil est fourni avec des tigettes-électrodes. On en utilise une par test. 100 électrodes suffiront pour le premier mois.Une à trois fois par jour, on pique le bout du doigt, on présente la goutte de sang à cet analyseur, qui donnera dans les 3 secondes les valeurs de glycémie du moment. On fait la mesure en général à jeûn (c'est--dire après qu'on soit resté au moins 8h sans manger ni boire autre chose que de l'eau). Mais il sera aussi utile de réaliser cette procédure après un repas.

Cet outil n'est pas utile pour tous les pratiquants nécessairement. Il faut bien cibler à qui on le préconise.Ce petit appareil est un outil génial pour qu'un mangeur voie l'effet de certains aliments sur son sang. Outil pas cher pour un curieux: 28€ + les consommables -- les petites électrodes, qui coûtent deux fois moins cher en France (avis aux Belges: faites vos provisions lors d'un passage ou faites ramener par un copain). Outil trop cher pour un mangeur lambda, mais qu'un praticien pourrait prêter ou louer.

Pourquoi faut-il "voir"? Parce que saint-Thomas, tiens. Certains sujets ne fonctionnent pas "au postulat", cette forme de logique si répandue en nutrition.

Julie, qui est insulinorésistante sans le savoir et dont le sang trimballe de longues heures le double de sucre de ce qui est considéré normal après chaque repas (1.6 à 1.8g par litre au lieu de 0.9g), ne me croit pas lorsque je l'invite à changer ses habitudes. Ben oui, elle ne sent rien: elle n'a pas de palpitations cardiaques; n'étant pas sujette à l'hypoglycémie réactionnelle, elle n'a pas de vertiges; elle est même de constitution si solide qu'elle ne sent pas (encore!) les coups de mou dus à cette hyperglycémie quasi permanente. Elle n'est même pas en surpoids.

Si je lui prête un glucomètre pour quelques jours, elle verra sous forme chiffrée ce que peut produire son petit déjeuner de miam-o-fruits. Au passage, je félicite Julie d'avoir remplacé son repas de baguette/confiture par cette concoction, mais vu son profil, elle n'en voit de bénéfices que ceux qu'elle invente; je suis dure mais c'est une copine - je peux car je l'aime. Elle verra sa glycémie grimper de 1g à 1.8g après cette forme de salade de fruits, alors que chez un sujet sain, la valeur serait de 1.10 à 1.15g.

Et elle pourra ainsi évaluer que ce taux reste élevé pendant 3 à 4 heures au lieu de l'heure qu'il devrait durer. En réalité, ce taux devrait augmenter d'à peine quelques points si elle était vraiment adaptée au Miam o. Lorsque je lui dessinerai ce que peut produire l'hyperglycémie au long cours, je pense que le sou tombera dans son cerveau. Il sera alors plus facile de gérer ensemble son nouveau plan.

Rappel de bon sens: il s'agit de  gérer finement le glucomètre, car s'il est utilisé par une control-freak de la nutri, on est parti pour un tour d'orthorexie!

Trouver un glucomètre

Soit le mangeur s'équipe d'un glucomètre s'il pense devoir suivre longtemps la procédure, soit il en emprunte un. Nous sommes tous à deux clics d'un diabétique qui l'a reçu gratuitement et ne l'utilise pas tous les jours. Il pourra le prêter pour quelques jours (minimum 1 semaine). Il ne faudra alors payer que les consommables, càd les électrodes (tigettes) qui vous coûteront +- 40 centimes pièce.

Prendre sa glycémie capillaire

  • Préparer l'autopiqueur, vérifier la profondeur de la piqure:  je le fige à une valeur de 4 ou 5.
    On peut changer les lancettes à chaque fois (ce que je ne fais pas).
  • Préparer une bandelette (électrode).
    Refermer le flacon avec soin, car les électrodes se conserveront mieux.
  • Bien se laver les mains avant de piquer le doigt pour prélever une goutte de sang, car la sueur et les saletés fausseraient le résultat. Ce n'est pas clair dans tous les manuels de glucomètre. Ne pas utiliser de gel antiseptique ou d'alcool, qui perturberaient aussi les valeurs de glycémie. Le bon vieux savon suffira. Bien sécher les mains.
  • Piquer avec l'autopiqueur: piquer sur le côté du gras du doigt
  • Allumer le lecteur.
    Si vous procédez dans le désordre, pas grave, mais vous avez 30 secondes pour la lecture.
  • Dès que le lecteur est prêt, figer la bandelette dans le lecteur (pour cette marque-ci, le papillon vers le haut)
  • Déposer la goutte de sang sur un des deux points noirs de la bandelette, la laisser monter.
  • Noter les valeurs dans votre carnet perso.

Voir la procédure en vidéo chez un producteur.

Les résultats de ces petits appareils sont fiables, mais peuvent s'éloigner de 2 à 10% d'une fois à l'autre (voir l'étude). Quand les valeurs semblent bizarres, n'hésitez pas à refaire la procédure illico.

Les carnets d'auto observation

Dans un premier temps, il faudra noter les valeurs pendant au moins 3 jours dans un carnet, afin de pouvoir analyser la situation.

Je mets à disposition quelques carnets-type pour vous, coachs. Les carnets sont à télécharger mais restent © Taty Lauwers 2017 — à utiliser sans modération en respectant la référence svp.

 

 Retour au blog