6.11.2016 Où l'on envisage que les régimes permanents LCHF ne sont pas idéaux pour tous les mangeurs; et que la notion d'index glycémique est un concept trop flou pour être accepté comme valeur scientifique fiable.
Je suis en train de revoir la prochaine réédition de "Cinglés de sucres", topo pour les profanes; dont le topo expert "Itinéraire de décrochage des sucres" sort fin de l'année (je n'ai pas annoncé laquelle).
Mon topo promeut une cure temporaire de 3 semaines à 3 mois en low-carb-high-fat (LCHF: bas en glucides, haut en graisses). Et pourtant, fidèle à mon concept de profilage alimentaire, j'y répéterai mille fois à l'intention des praticiens que la voie pauvre en glucides tenue en permanence ne réussit qu'à un certain type de mangeur ; et que, même parmi les mangeurs adaptés aux plans céto-low-carb, il n'existe qu'un gourou: le mangeur lui même. Lui seul peut évaluer son seuil personnel de réactivité et observer quels aliments font souci - ou pas - chez lui. C'est d'ailleurs peut-être pour cette raison que j'aime tellement cette voie-là, plutôt que le pur végé ou la détox: c'est un domaine où même les médecins conventionnels comme le dr Atkins (1970) poussaient les sujets à s'étudier plutôt qu'à l'écouter aveuglément. C'est la diète anti-protocole, quoi.
J'écoute avec passion certains intervenants pointus dans le domaine, mais il faut reconnaître que beaucoup sont des idéologues: "il n'y a qu'un système et c'est le mie". D'où puis-je bien tirer ce ton catégorique: "et moi je dis l'inverse de vous tous, les grands mamamouchis de la nutri"? De mon expérience sur le terrain, tout simplement, qui est issue de mon ancienne vie orientée psychothérapies. En alimentaire j'ai transposé l'écoute fine de chacun, hors méthode, en ce que j'appelle désormais "le profilage alimentaire". Chaque thérapeutique dépend du contexte, de l'historique, ET de la biochimie de la personne. Nous sommes tous différents.
C'est ainsi qu'on peut imaginer qu'une table fixe, qui vaudrait pour tous et pour tous contextes, comme l'index glycémique, est à relativiser (voir mon billet précédent Force et limites de l’index glycémique, où l'on notera le singulier pour les atouts et le pluriel pour les défauts...).
Ma première critique a été toute simple: mon corps à moi ne réagit pas selon ces tables; il ne réagit pas après une crêpe sucrée comme il réagit après un fruit, cru ou cuit - pour la même valeur glucidique pourtant; le premier étant d'un index glycémique élevé alors que le fruit est plus bas. Je soupçonnais déjà ce fait, mais depuis que j'utilise un glucomètre et que je me pique à tout bout de champ (dans le contexte du test cétogénique de fin 2016), je peux visualiser qu'après un fruit, tout bio que l'aliment soit, ma glycémie va titiller les nuages. Après une crêpe, tout reste relativement dans l'ordre.
Détail perso. Tous ces tests une heure après avoir mangé à 16h, mon heure sucrée, sans autre aliment - à reproduire chez vous si vous empruntez un glucomètre et si vous avez un soupçon quant à un réactogène particulier:
Or je sais être sournoisement réactive aux fraises et à certains additifs ou formes de blé, et PAS au blé bio avec lequel je fais mes crêpes. Je dois encore poursuivre le test avec les mêmes 3 aliments, consommés après un repas complet avec protéines graisses légumes. Pour plus tard.
Un autre exemple: une louche de pâtes (certes bolo et certes bien grasses car j'y ajoute plein de beurre) fait monter ma glycémie de 10 points en une heure (de 0.9g à 1.01 mg lors de mon dernier test); mais des grains de raisins la font monter de 100 points (2g lors du dernier test)! Tests que je dois encore valider en les répètant à diverses heures du jour, sous les mêmes circonstances. S'ils donnent presque systématiquement le même résultat, je pourrai tirer des conclusions.
Je dois encore tester la glycémie après l'ingestion d'aliments riches en additifs et en plastibrols auxquels je sais que je réagis, mais je reporte indéfiniment ce projet car j'ai de tels malaises pendant de longues heures lorsque je mange ces non-aliments que je ne m'en sens pas le courage. Je ne suis pas Marie-Curie à ce point. J'ai testé (une seule fois, à 16h) des galettes du commerce industrielles Delacre lors d'un goûter avec des amis. Bims! glycémie à 2.0g/L après 1h ( retombée après 2h pourtant). Il sera édifiant de faire le même test avec des galettes que je fais moi-même, tout bio ou biodynamie (info non-initié: il faut un glucomètre, car on ne ressent rien en réalité).
Les "normes" d'index glycémique ou d'aliment à éviter pour la cétogénique n'ont pas grand chose d'universel : elles reflètent des réactions moyennes, pas des vérités absolues. La glycémie trop élevée est à éviter, mais tous les aliments ne sont pas égaux selon les personnes...
J'invite les curieux, amateurs un peu trop enthousiastes de listes d'aliments figées (d'index glycémique), à visionner une petite vidéo distrayante et dont le contenu est prodigieusement intéressant: une équipe israelienne a publié sa recherche sur les variations glycémiques individuelles et a intelligemment mis le résumé en vidéo dessinée. Le pitch: les aliments provoquant une glycémie élevée ne sont pas identiques chez tous les mangeurs. Chez l'un des testés (le veinard), les bananes provoquaient de très hauts taux alors que des crèmes glacées et des biscuits ne modifiaient pas outre mesure ses réactions glycémiques.
J'ai fait une copie d'écran au moment où je vérifiais la qualité des sous-titres français sur YT. C'est facile à suivre.
Résumé en anglais. "Doctors and nutrition specialists keep telling us what foods are good and bad for our metabolism and health. But does it work for everyone? Scientists led by Eran Segal and Eran Elinav at the Weizmann Institute of Science find that, surprisingly, everyone responds to the same foods quite different because of their unique gut bacteria makeup. Good news for some people: ice cream could be healthier than sushi! " Voir la vidéo.
Poursuivre avec la conférence TEDX d'Eran Segal, un des chercheurs (aussi avec sous-titres français disponibles et tout à fait lisibles cette fois-ci puisque rédigés par un bénévole de TEDx).
Merci à Bill Lagakos, auteur américain (docteur en nutrition), sur le blog duquel j'ai découvert cette recherche: caloriesproper.com. Son billet commence par "“please stop asking gurus how many carbs you need to optimize health”