taty lauwers

cuisinez selon votre nature

en quête d'un devenir-soi nutritionnel

L'histaminose: si courante?

27.11 Un petit billet de réflexion à la faveur d'une demande par mail. Synchronicité: j'écrivais précisément cet article sur la folie histaminose actuelle lorsque j'ai lu la demande par mail que je répercute ici.

La question d'une lectrice par mail

Je sais que vous ne répondez plus aux questions nutri et santé mais je tente. Je vous explique, suite à la prise du pylera (pour helicobacter pylori ) antibio avec bismuth, j'ai également pris un fongicide (durée 7j) et probiotique (1 mois) car j'ai eu deux jours après ma prise d'antibio une mycose à la langue. Puis tout se passe bien. Plus de douleur. Trois mois après ce traitement (7 mois après mon accouchement), j'ai commencé à avoir des crampes, j'ai arrêté toute source de laitage. Hop plus rien. En fait j'avais, en supprimant le laitage supprimer les aliments riches en histamine que je consommais. Puis suite à un gros stress diarrhée matinale avec quelques douleurs qui partaient et revenaient. Puis en faisant mes recherches je comprenais pourquoi mon état se dégradé surtout avant mes règles et pendant. J'ai suivi un régime aip qui n'a rien changé, un régime fodmaps qui a amélioré les choses. Et des prises dantibio neem, allimax et berberine durant deux mois. J'ai repris le lactose et gluten avec parfois des jours où je mangeais très sucré. En prenant ortie et quercetine je n'avais  plus de désagrément sauf en période de stress ou durant mes menstruations.Depuis août je refais des crises avec de nouvelles douleurs irradiant dans le dos et le bas ventre et même un peu de constipation.En tout cas mes selles ont changé. J'ai fait un régime sans histamine qui m'a soulagé énormément. Parfois des mono diète de riz avec ghee, graisse de canard et huile de palme, monodiète qui m'avait aidé auparavant (j'ai suivi le conseil de votre livre les canaris ) J'avais perdu beaucoup de poids et j'ai pu en reprendre.Durant un an j'ai été très stricte. Ensuite j'ai fait de gros excès et depuis c'est la crise. J'arrive à la calmer. Je voulais faire la cure nouvelle flore.Je suis un peu perdue (...) Je suis désespéré surtout qu'en crise actuellement j'ai presque tous les symptômes de l'intolérance histamine y compris les symptômes psychologiques qui peuvent être dur. Alors je vous demande s'il vous plaît au moins de m'aiguiller. Je vous remercie par avance et vous remercie pour ces merveilleux livres.

Ma réponse sous forme de billet

Bonjour, en effet, je ne réponds plus aux mails, mais j'intégrerai votre demande dans un billet que je publie d'ici demain. Sujet: l'histaminose, c'est si courant? (Ne serait-ce pas un mot-valise?).

Votre mail sera une introduction concrète à l'article et j'ajouterai deux trois remarques sur votre cas, car il vient à point. Je ne peux vous aiguiller vers un auditeur en particulier, ils sont tous sur la page profilagealimentaire.fr. Je ne peux que vous soumettre un os à ronger sous la forme de cet article, qui vient enrichir le dossier que j'élabore pas à pas sur mon blog.

Je voudrais rappeler aux lecteurs qui seraient intéressés par la voie de mes topos que je la présente comme "la voie douce". On peut très bien mener une assiette équilibrée sans exclusions multiples d'aliments individuels ou de catégories d'aliments. Avec de très beaux succès à la clef, mon livre Nourritures vraies en est l'illustration. On peut d'ailleurs penser l'alimentation saine de façon plus large et plus libre qu'avec les deux mots valise qui circulent actuellement: "détox" et "intolérances". J'ai déjà longuement glosé là-dessus dans mes livres et sur le blog.

A l'opposé de la voie douce, je vois la voie dure dans les modes actuelles à exclusions multiples, dans des cures dures comme "riz et graisse" que la personne ci-dessus mentionne (je n'ai aucune cure aussi mal construite, il faut des protéines, ce qu'on trouve dans Détox" flash sous la forme de pousses de soja ou de blanc de poulet). Certes, on se sentira de toute façon mieux par le simple fait de changer un menu ou de porter une attention à une catégorie précise d'aliments. On pense enfin ses choix. Dans cette optique, éviter les laitages ou le gluten ou les fodmaps ou les précurseurs de l'histamine est une voie comme une autre. Mais ce n'est qu'une porte d'entrée vers une autre vision de l'assiette. Ce n'est pas une solution viable à moyen ou long terme.

Il existe quantité de groupes secrets sur FB, qui propagent des idées qui me semblent aussi toxiques que les aliments surmanufacturés. Libre à chacun d'exposer sa vision du monde. Mais si ces personnes se réclament de mes livres, sachez qu'elles se trompent!

Dans tous les topos j'insiste clairement sur le fait que, si la réforme alimentaire (parfois avec exclusions temporaires, comme les salicylates ou le trop plein de glucides) ne donne pas d'effet flagrant en quinze jours (ou en trois mois chez des personnes fragiles), c'est que vous avez choisi le mauvais plan. Si un coach prétend que vous devez mener cette assiette "diététique" à long terme, il se trompe: elle n'est alors qu'un pansement sur une jambe de bois, elle n'est pas thérapeutique. Cela équivaut à vous tenir sous antibiotiques la vie entière. C'est d'un bête!

Un cas de figure : la chasse à l'histamine. C'est une mode récente sur FB. Les pauvres âmes perdues qui se prennent pour des coachs ne sont plus modérés par le public général, puisqu'ils officient sur des groupes secrets, où les naïfs qui les lisent les croient sur parole et où aucun regard extérieur ne peut les calibrer. Je me suis inscrite sous un autre nom sur certains de ces groupes secrets: certains jours j'en aurais pleuré... A vivre en aquarium, ils finissent par prendre le melon. On dirait qu'ils partent en toupie, sans contrôle. Je pense que ce sont des coachs de cet acabit qui ont fait circuler l'idée que l'histaminose était courante et essentielle.

Mais ils ne sont pas seuls à danser ce tango: il faut bien que quelqu'un les écoute sans les questionner plus avant. Je suis sidérée du manque de discernement des internautes, facebookiens en particulier. Je ne vais pas ouvrir des ateliers de discernement tout de même? Dans le cas de l'histamine, par exemple, il circule une liste sous forme de tableau, reprenant les aliments qui seraient source de flambée d'histaminose, provenant d'une "association suisse". Un ami me l'a fait suivre, elle m'est tombée des mains! Le premier pas est de vérifier les sources. Cette association s'avère être un type tout seul (à première vue, car vous savez depuis que vous me lisez que je ne fais plus de recherches assidues en nutri). La liste contient des infos floues, dont avec ma longue connaissance des problèmes d'histamine, je vois qu'elle ne reprend que les aliments auxquels le gars réagit lui-même, parfois hors champ d'histamine ou de précurseurs d'histamine. Cela n'a aucune valeur rigoureuse.

Après "la chasse au gluten" et "aux laitages", je suis contente de voir qu'une partie du public a capté qu'il faut parfois penser en catégories - dans ce cas les aliments riches en amines ou les précurseurs d'histamine. Mais s'enfermer dans des listes n'a aucun sens, puisque le mangeur lui-même produit plein d'amines endogènes lorsqu'il respire mal ou lorsqu'il stresse. Or, l'un des stress majeurs et invisibles à l'heure actuelle est la pollution par additifs et la pollution électromagnétique, cette nouvelle forme de stress insidieuse qui semble chambouler la biochimie de l'humain au plus profond. Dans ce cas, se priver de poisson pour sa teneur en amines n'a quasi aucun sens. En outre, s'enfermer dans la liste d'un farfelu?
Je me répète: qui va donc ouvrir un atelier de discernement en alternutrition?

Je suis aussi très heureuse d'observer qu'enfin, enfin, enfin une plus vaste population se rend compte que l'assiette revisitée n'est pas que l'apanage de celui qui veut mincir, mais que les aliments peuvent être des remèdes. Ceci dit, on est encore un peu coincé dans l'idée qu'ils seraient des poisons (d'où le désir de manger "sans" gluten, "sans" laitage, "sans" fodmaps, etc.). Mais je ne désespère pas, encore quelques années et on sera peut-être dans la voie positive: choisissez des aliments crus et nus, non manufacturés, consommez-les selon votre nature profonde, faites des petites pauses de temps en temps (des quasi jeûnes par exemple), et combinez ces bonnes intentions avec une hygiène de vie allégée en stress divers (le stress électromagnétique étant ma tête de turc).

Je ne peux aider les personnes comme la dame désespérée dont j'ai copié le mail. Je vois bien que beaucoup de mangeurs sont tentés par les pistes "sans". Ils ont certainement de très bonnes raisons de penser en exclusions, je n'ai aucun jugement à ce sujet. Mais je n'ai pas d'outil pour les aider dans cette voie. Je la sais peu efficace à moyen et long terme (à court terme: toute éviction est utile, elle calme nos trop pleins d'occidentaux).

A faire trop d'essais, sans analyse fine au préalable, sans contexte global et parfois, hélas! sans raison, on ne fait qu'aggraver le problème sur le plan digestif. Je suis désolée que des personnes se revendiquent de mes livres pour proposer des régimes d'exclusion qui ne sont pas ciblés et qui découragent le mangeur. Ils se trompent, je n'ai jamais proposé les exclusions comme fondement. On voit l'échec d'ailleurs lorsqu'on écoute les parcours des combattants, qui tiennent les régimes un temps, pour "craquer" ensuite selon leurs termes et manger n'importe quoi, souvent encore plus sucré qu'avant. Restriction cognitive oblige. C'est bien naturel, car les régimes sont intenables!

Par ailleurs, je ne crois qu'en l'audit nutritionnel. Chaque personne est singulière, son cas doit être étudié finement. Il y a eu longtemps la mode "hypoglycémie", puis ce fut le tour de la "candidose", aujourd'hui on traite de l'histaminose pour tous. Et les symptômes sont toujours les mêmes: qu'ils soient physiques ou psychiques, ce sont des symptômes d'un grand chaos organique, profond, que des cures dures ne peuvent résoudre (l'une des cures les plus dures étant "Nouvelle flore", que je ne conseille que peu). Voir un billet spécifique sur le sujet. Il faut une stratégie globale, prenant en compte tous les piliers de santé, comme je l'expose dans Quand j'étais vieille et dans son topo expert Pour en finir avec le burn-out. Et une grande douceur et une totale indulgence pour ce pauvre organisme, qui doit faire face à des pollutions de tous genres et un stress maximal.

Ce billet ne sera pas d'une grande aide pour qui voudrait une réponse ferme et définitive: qui consulter? J'espère malgré tout qu'il ouvrira des horizons pour penser son rapport au bien-être différemment, par exemple en fuyant les conseillers obscurs, qui prospèrent sur FB, zone hyper-obscure s'il en est. Relisez des livres essentiels comme ceux de Robert Masson ou de la doctoresse Kousmine. Repensez les fondamentaux...

Mon pitch. Je pense que l'histaminose est devenu un mot-valise comme "candidose" et auparavant "hypoglycémie". Mot-valise? On y met ce qu'on veut, on ne voit que l'enveloppe et on voit rarement ce qu'on y a mis...


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