taty lauwers

cuisinez selon votre nature

en quête d'un devenir-soi nutritionnel

Naturologie - la voie douce p. 7

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La quatrième confiance

Je continue à explorer les ressorts humains qui font que, parfois, nous écoutons des conseillers obscurs et que, parfois, nous suivons leurs conseils très peu avisés et très peu naturo, au fond.

Dans "En finir avec le burn-out", je reprends comme techniques douces hors psy : l'eau argileuse, le bain de bouche Gandusha, la cohérence cardiaque, la marche afghane, le bain dérivatif "vrai", le lavement doux à la Kousmine. Il y en a encore des dizaines, que l'on peut retrouver dans les ouvrages de Dextreit, Passebecq & Cie. Dans les pages qui précèdent, j'ai exposé en quoi certaines techniques prônées actuellement ne font pas partie de la voie douce. J'aurais même envie de les exclure du champ de la naturo.

Je reviens au manque de confiance en soi, qui est à mes yeux le pilier de verticalité de l'homme face aux tourbillon moderne. Cela ne touche pas que quelques filles, déstabilisées par une éducation qui les a étouffées. Quasi toute notre société fonctionne sur ce modèle: peu de confiance dans le corps lui-même, dans ses forces d'auto-guérison.

C'est ce qui m'a tant plu dans le discours de la doctoresse Natasha Campbell, allopathe, pourtant. Je m'autocite, j'extrais ceci de "Sortir de la cacophonie":

Quel plaisir de lire sous la plume d'un médecin :
« Le corps humain a des capacités incroyables d'autoguérison, si on lui donne l'aide qu'il faut. C'est particulièrement vrai pour les enfants. (...) Du temps de ma pratique en neurochirurgie, je n'ai cessé d'être étonnée de voir à quel point le cerveau des enfants peut récupérer d'opérations même graves, dans des cas de résections de zones entières du cerveau. L'enfant pouvait quitter l'hôpital en fauteuil roulant, il revenait souvent un an après sans aucun déficit détectable. »
Dans sa pratique, Campbell vise d'abord à remettre en état de marche tous les leviers profonds du métabolisme et ne réduit qu'alors les médications des cas graves, et encore à une allure très lente, très progressive.

Regardons du côté de l'allopathie: des anti-tout (anti-inflammatoires, antibiotiques, etc.), des bloqueurs de tout (statines, bétabloquants, etc.) alors qu'il y a encore à peine soixante ans, le repos était la toute première recommandation. Mais jetons aussi un oeil du côté de la naturo, qui, par essence, devrait faire confiance à nos forces naturelles.

Quand on a installé tout l'environnement voulu, qu'on a levé les blocages émotionnels qui faisaient le mal-a-a-dit, qu'on a déverrouillé les noeuds physiques (càd quand on a retiré la flèche qui a blessé, selon l'image utilisée par le du Dalai Lama), le corps ne veut qu'une chose: aller mieux, s'équilibrer. Mais il faut lui laisser le temps, c'est sûr.

J'illustre en termes profanes. Parfois, je ressens le besoin de faire de l'exercice autre que du stretching. Je n'ai pas toujours l'occasion/le temps de jouer au tennis, de courir dehors. Je fais alors du vélo d'appartement, entre deux courses ou deux plats. Dix minutes par jour suffisent à me donner mal au dos, après quelques jours de pratique. Ce qui, amusant, n'arrive pas avec du tennis intense ou avec du vélo de rue.

Explication de l'ostéo: la posture statique du vélo d'appart' est antinaturelle, le corps se déstabilise car il ne reçoit pas en retour les mille et unes petites infos de déséquilibre à réajuster que l'on vit lors du sport "en vrai". J'ai bien entendu son discours, sa parole est d'or pour moi, mais quand j'ai envie, j'ai envie.

Alors, mon corps et moi on négocie: le soir, je pratique la posture que j'appelle "antidiscopathie", les tensions disparaissent immédiatement. Ce n'est que récemment que mon prof de sophrotennis, aussi yogi, m'a fait découvrir cette posture, qui est simple à décrire: ne rien faire! Mais dans une posture particulière, pour que le corps travaille la proprioception, tout seul, sans que je continue à le tanner: "fais tes devoirs", "range ta chambre", "coiffe-toi"....

C'est singulièrement difficile de faire passer le message aujourd'hui: je dois m'étirer, alors? je dois me tendre? je dois méditer pendant l'exercice? Non! Tu ne fais rien, tu laisses le corps faire.

1. Se coucher sur le dos sur une natte, les jambes levées, les bras au sol, en L contre un mur, le cou rentré pour une colonne bien droite - les jambes tendues si possible, sinon "ce qu'on peut"


C'est extrait d'un document scanné pour un copain, mais dont je n'ai hélas! pas la source; il fait référence à Mézières et à Lawrence Jones.

2. Attendre! au moins dix minutes; laisser faire...

Si je résume ce que je ressens pendant l'exercice: le corps a le temps d'engrammer que cet alignement de disques-là est le bon, que c'est celui qu'il faut utiliser quand je me mettrai en mouvement, qu'il n'est plus utile de compenser en tiraillant tel ou tel ligament. Franz, si j'ai écrit des sottises, tu me reprends, n'est-ce pas?

C'est le même principe de proprioception qui est à l'oeuvre, à mon avis, dans notre travail de naturologie: nous amorçons un mouvement de mieux-être, puis nous laissons faire.

Dans la pratique du jeûne thérapeutique, on se prépare en quelques jours en "descente en jeûne", le temps que le corps comprenne vers où on va. En résidentiel, on jeûnera une semaine, puis on reprendra en douceur avec une "remontée hors du jeûne" pour revenir à une alimentation normale. Pendant la semaine de jeûne, on s'aidera à la rigueur de lavements doux à la Kousmine ou de bains dérivatifs, pour aider la détox'.

Ma copine Katia vient de suivre un stage de jeûne où on a en plus fait ingurgiter à tout le groupe du sulfate de magnésium le premier jour "pour se vider, tu comprends". C'est moi qui ne comprends pas! C'est comme gifler un gamin qui n'écoute pas mon cours. Certes, ça va le réveiller un instant, mais quel effet durable? Le sulfate de magnésium force le vidage de la vésicule, j'imagine. Certains mangeurs en ont peut-être besoin, selon leur état; mais pourquoi l'imposer à tous?

Autant le jeûne me paraît une technique juste, autant le jeûne doublé de la prise de sulfate de magnésium fait partie, pour moi, des techniques brutales, qui n'ont pas leur place dans la voie douce.

Je répète: on fait ce qu'on veut de son corps, chacun en est maître. Le jugement ne consiste pas à juger, précisément, mais à discerner, à trier, à filtrer. Dont acte pour mon approche de la voie douce: ma voisine pratiquerait un jeûne au sulfate avec lavements au café et purge à l'huile de ricin, je n'y vois pas d'inconvénient... jusqu'à ce qu'elle se plaigne que "ça va pas mieux" ou qu'elle prétende "faire de la naturopathie".

Ma conclusion. Ces techniques radicales fleurissent dans un terreau de manque de confiance dans les capacités du corps. Si l'on n'arrive pas à redonner cette confiance au pratiquant, je gage qu'il quittera le lavement au café pour une autre pratique aussi dure. Au point de faire de se faire du mal en croyant se faire du bien.

Dans ce contexte "se faire du mal en voulant faire le bien", ce qui me touche plus que les adultes, qui finalement peuvent faire des recherches, interroger, se questionner sur les fondements de ces pratiques, ce sont les petiots. Cela me fend le coeur de lire certaines tentatives de réforme sur des petits autistes et hyperactifs. Ils souffrent plus qu'ils n'en bénéficient lorsqu'elles sont trop radicales et mal ciblées. Certes, je ne suis qu'observatrice de bon sens, je ne suis pas thérapeute. Mais je vois les résultats sur le terrain. Je ne suis qu'un humain qui pleure quand on frappe un autre, sans raison. Certaines pratiques naturo peuvent abîmer un gamin plus que le requinquer (je pense à la "détox' de métaux lourds" par un dr Klinghardt aux E.U, pourtant formidable par ailleurs).

Un naturo mieux formé que moi à la physiologie - un kiné peut-être? - pourra compléter ce petit billet par un article fouillé sur

Je tiens mon gouvernail: nous restons ici entre profanes. Je mets un point d'honneur à ce que mon babil soit compréhensible par tous.

Les arguments d'autorité

Le manque de confiance en soi pousse le lecteur à se fier à des arguments d'autorité: le maître a énoncé un postulat, l'élève le prend pour certitude.

Postuler: énoncer un principe pour construire une théorie, sans avoir démontré la justesse de ce principe. Larousse: "proposition que l'on demande d'admettre avant un raisonnement, que l'on ne peut démontrer et qui ne saurait être mise en doute".

Dans les paragraphes ci-avant, je postule que le corps veut l'équilibre, carc'est ma croyance. Je ne suis pas sûre que l'on a déjà démontré cet effet. Je le sens, je voudrais le transmettre, mais je n'ai pas énoncé cela comme une vérité absolue, je pense. Je crois que la compréhension de ce principe est essentielle pour tout travail naturopathique et je propose au curieux: "donne confiance à mon hypothèse, teste-la sur toi, tu n'y risques rien si tu te limites à quelques jours, tire tes propres conclusions".

J'ai arrêté les cours et les conférences vers 2010, lorsque je me suis rendu compte que mes raisonnements, mon discours sur l'ouverture à soi et à son ressenti, étaient en fait accueillis comme de simples arguments d'autorité. "Taty a dit", "je fais comme Taty". Aïe, mais c'est tout le contraire que je visais: je voulais ramener chacun à soi.

"Reclaim the streets" est un mouvement anglais qui prétend que la rue appartient au citoyen. Dormez dans les arbres du parc public, ils sont à vous... Je vais lancer un mouvement "Reclaim your body" = réappropriez-vous votre corps! Il est à vous, personne ne peut postuler dessus ...

La solution? La MPC peut-être...

Ce discours est difficile à entendre par quelqu'un qui n'a pas confiance en soi. Je tourne en rond (je radote?) mais je pense que c'est le coeur du problème pour nous, travailleurs de l'alimentation consciente ou intuitive, concept partagé par la plupart des référents en Profilage alimentaire®. On ne peut non plus énoncer cette observation au mangeur qui en est victime, sans autre forme de procès, puisque le manque de confiance en soi est teinté dans le cerveau limbique, le cortex n'en est pas conscient.

Tout ce qui précède sera essentiel pour comprendre mon discours dans "Au-delà des régimes" à paraître bientôt, car le manque de confiance en soi est ce qui sous-tend le fait que l'on s'offre en victime de régimes: minceur, ou tout cru ou tout végé... Si le nutrithérapeute ne comprend pas ces ressorts-là, je crains fort que tant lui que son client ne tournent en rond de longs mois, si pas de longues années.

Pour ceux qui ont besoin d'un cadre, je crois que seule la méditation pleine conscience alimentaire peut ouvrir les vannes d'une autre réalité vis-vis de son propre corps. Je ne connais que la MPC hors alimentaire (comme pratiquant, non comme prof), je vous invite dès lors à visiter plutôt le site de Gabriella Tamas www.aliprovia.fr


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