26.7.2023 Je commente sur le sujet « supplémentation en vitamine D » à partir d’un article récent pointant le lien entre carence en vitamine D et covid long .Je questionne ici le recours à des seuils critiques dans les analyses sanguines et l'utilité de supplémenter des organismes épuisés.
Je commente sur le sujet « supplémentation en vitamine D » à partir d’un article récent pointant le lien entre carence en vitamine D et covid long (source ci-dessous). Je n’entrerai pas dans le détail des sources naturelles de vitamine D, je questionne ici le recours à des seuils critiques dans les analyses sanguines. Au passage, je remercie tous les médecins généralistes d’étudier les dossiers avant de conseiller la supplémentation quasi systématique en vitamine D – ce qui a été le cas depuis 2020.
Je termine le billet par la traduction d'un article de la Harvard Medical School, tenant à peu près les mêmes propos que moi, mais plus modérés. Tu m'étonnes...
Déclaration d’intérêts : je suis fondamentalement rétive aux multiples complémentations en vitamines et hormones qui sont courantes en Naturoland, car j’ai vu sur le terrain à quel point elles peuvent fatiguer les organismes déjà submergés par la modernité folle (pollutions diverses). En outre, ces facteurs se trouvent dans une alimentation bien ciblée, de qualité.. J’annonce donc ici que je suis biaisée dans mon analyse, je fais un dossier à charge comme à mon habitude, pour contrebalancer la chanson commune.
Le slogan classique actuel est que nous sommes près de 80% de la population à être carencés en vitamine D.
A ce jour, l’insuffisance est indiquée dès lors que le taux sanguin de 25(OH)D est inférieur à 30ng/mL, le taux de référence pour la carence est inférieur à 10ng/mL.
Les seuils cliniques indiquant une insuffisance ont été augmentés en 2010 (étaient à 20ng/mL), raison pour laquelle désormais nous sommes « tant à être carencés ». En 2015 encore, près de 50 % de la population générale en bonne santé tait évaluée avoir une concentration de 25OHD inférieure à 20 ng/mL. Sur quelles bases les seuils ont-ils été augmentés si l’on peut survivre en bonne santé avec des taux réputés si bas ? Je n’ai plus envie d’investiguer, étatnt à la retraite, mais les motivations seraient intéressantes à étudier si l’on sait que l’analyse de populations longèves et prospères indiquent des taux bien plus bas. Comme on a augmenté le seuil à 30ng/mL, désormais, plus de 80 % de notre population est réputée en insuffisance.
Petit détail historique : auparavant, à ma connaissance, le médecin testait le taux de vitamine D dans des cas très précis de rachitisme ou d’ostéoporose. Désormais, cela semble devenu une pratique courante pour tous.
Voyons comment dénouer ce nœud de fil de pêche.
1/ La forme active de vitamine D est le calcitriol 1,25(OH)2D
2/ Ce qu’on dose dans le sang n’est pas cette forme active, mais bien le 25 OH D, un métabolite circulant mais non actif. Il serait trop cher de doser le calcitriol, qui a une durée de vie très courte.
3/ Ce marqueur 25(OH)D baisse en cas d’inflammation chronique ou sub-chronique, ce qui est bien normal si l’on sait que, stockée dans les graisses, cette vitamine/hormone est utile pour lutter contre l’inflammation.
4/ La 1,25 (OH)2D peut être normale alors qu’il y a une carence en 25(OH)D, ce qui est une norme reconnue.
5/ Je ne vois pas la logique dénoncer que « les patients atteints de Covid-19 ayant un faible taux de vitamine D sont plus susceptibles de développer un Covid long” (source ci-dessous). Il serait plus honnête d’écrire: « les patients atteints de Covid long vivent une inflammation chronique qui vide les taux circulants de 25(OH)D” – ce qui signale un marqueur et pas une carence. L’insuffisance en vitamine D sanguine indique donc que le patient est en carence d’anti-inflammatoires et non de vitamine D spécifique.
6/ Il n’existe à ce jour pas d’essai randomisé contrôlé qui a vérifié les effets de la supplémentation en vitamine D sur la santé immunitaire, la densité minérale osseuse, le taux de fractures, la résistance à l'insuline, la tolérance au glucose, le cancer ou les maladies cardiaques.
Ma conclusion : supplémentez en vitamine D si vous y croyez, mais c’est à vos risques et périls.
Primo, toute supplémentation est une charge de travail et de détox’ pour le foie et les reins, alors que les sources naturelles de ces hormones/vitamines sont doucement traitées.
Secundo, on arrive vite à une hypervitaminose, ce qui est quasi impossible en sources naturelles. Un excès de vitamine D artificielle (même annoncée comme « naturelle » par le producteur) peut provoquer des hypercalcifications, par exemple.
Tertio, le corps gère sans souci jusqu’à 3 apportsmédicamenteux par jour (complémentation comprise). Au-delà, plus personne ne peut prédire ce qui adviendra. Sur le terrain, en nutrition, nous voyons que les cures alimentaires ne sont pas aussi efficaces chez les polymédicamentés au-delà de 3 produits par jour. Il faut donc choisir finement le trio qui « nous sauvera ». La vitamine D est la dernière à laquelle je penserais.
Quarto, le métabolisme de la vitamine D est très fin et dépendant du calcium (action et rétroaction). Il est capital d’accompagner la supplémentation de vitamine K2, celle qu’on trouve dans les fromages affinés non-industriels. Combien de copains n’ai-je pas vus se supplémenter à de très hautes doses de vitamine D pendant le covid, sur le conseil de leur médecin, sans vérifier leurs sources de fromages ? Ces mêmes copains étaient simultanément convaincus que pour lutter contre une infection il fallait éviter le « poison » qu’est le fromage, même fermier. Les rumeurs ont la vie dure en Naturoland.
Je me base pour le commentaire sur un article “Le COVID long associé à des taux de vitamine D plus faibles“. Extrait : « Notre étude montre que les patients atteints de Covid-19 ayant un faible taux de vitamine D sont plus susceptibles de développer un Covid long, mais on ne sait pas encore si les suppléments de vitamine D pourraient améliorer les symptômes ou réduire complètement ce risque », a-t-il averti. « Si elles sont confirmées par de vastes essais contrôlés, interventionnels et randomisés, [nos données suggèrent] que la supplémentation en vitamine D pourrait représenter une stratégie préventive possible pour réduire le fardeau des séquelles du Covid-19 », résument le Dr Giustina et coll.
Cette étude signale que l’équipe est en quête de fonds de recherche. Ni plus ni moins. Laissons-les faire, c’est leur carrière. Contentons-nous de discerner ce qui, dans la littérature scientifique, est vraiment utile au mangeur lambda.
Votre médecin traitant suit une mouvance actuelle, on le comprend. Retenez qu’au cours des études il n’a eu aucune formation sur la nutrithérapie, il doit donc se contenter des articles dans les journaux médicaux. Articles qu’il n’a pas le temps de dépiauter, il se contente de lire l’abstract.
Il est justifiable que les patients vérifient eux-mêmes les assertions un peu trop catégoriques autour de l’indispensable ajout de vitamine D.
Vivant un « covid long » (dont on sait que la majorité sont en fait des signes d’effets secondaires de récentes injections), ou vivant un état d'épuisement chronique, qu'il soit libellé "Lyme", "candidose", "EM", "fibromyalgie" ou autre, vous êtes assurément en carence de facteurs anti-inflammatoires (AI).
L’exposition de la peau nue au soleil, combinée à l’absorption de vitamine A préformée (graisses animales comme le fromage, les œufs, le beurre, en particulier fermiers) apportera ce qu’il faut d’AI.
Se prémunir des agents stressants qui maintiennent l’inflammation est un autre outil, ces agents stressants étant les pollutions diverses et invisibles (pollution via les résidus dans l’alimentation, pollution domestique via cosmétiques et savons tout venant, pollution électromagnétique, etc.).
Troisième AI : s’organiser une assiette ressourçante à base d’aliments dépourvus de glyphosate et autres perturbateurs (ce qui implique des sources bio ou fermières).
Et dernier anti-inflammatoire majeur : la paix intérieure et le rire, le rire, le rire. Ce qui n’est possible que si l’on éteint la télé et la radio, mais je m’égare hors de mon sujet « vitamine D ».
(ma traduction)
(La Dre Monique Tello est médecin au Massachusetts General Hospital, directrice de la recherche et des affaires universitaires pour le Programme des habitudes de vie saines de la MGH DGM, instructrice clinique à la Harvard Medical School et auteure du Guide de changement de mode de vie fondé sur des habitudes saines pour votre cœur. Elle a suivi un programme de résidence en médecine interne et en pédiatrie à l’hôpital Yale/New Haven. Après sa résidence, elle a obtenu une maîtrise en santé publique à la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health et une bourse en médecine interne générale au Johns Hopkins Hospital)
Beaucoup de mes patients me consultant pour des examens physiques demandent à faire vérifier leur taux de vitamine D. Ils ont peut-être un membre de leur famille qui souffre d’ostéoporose, ou peut-être que leurs os se sont eux-mêmes amincis. Ils veulent surtout savoir qu’ils font tout ce qu’ils peuvent pour garder leurs os solides. La vitamine D est essentielle à la santé des os. Mais quand nous vérifions ce niveau sanguin, comment agir sur le résultat est le sujet d’une grande controverse dans le domaine de la recherche médicale.
Quelle est la valeur limite actuelle à laquelle les seuils sont considérés comme « insuffisants », et donc les patients à risque de développer un amincissement des os et d’avoir des fractures? (Nous parlons de la concentration sanguine de 25-hydroxy-vitamine D, qui est habituellement mesurée en nanogrammes par millilitre.) Ah. C’est là qu’il y a beaucoup de disputes.
En 2010, le vénérable Institut de médecine (IOM) a publié un rapport basé sur un long examen des données par un groupe d’experts. Pour résumer, ils ont estimé qu’un niveau de vitamine D de 20 ng/mL ou plus était suffisant pour une bonne santé osseuse, et conséquemment, qu'un niveau inférieur à 20 était considéré comme une insuffisance en vitamine D.
Dans ma pratique, et dans la plupart des cas, il n’est pas rare de voir un taux de vitamine D inférieur à 20. Lorsque cela se produit, nous disons au patient qu’il est déficient et lui recommandons un réapprovisionnement assez agressif, ainsi qu’une supplémentation continue. D’après mon expérience, la majorité des gens ont un niveau entre 20 et 40, et cela est corroboré par les conclusions de l’OIM dans ce rapport de 2010.
Mais en 2011, la respectable Endocrine Society a publié un rapport exhortant à un niveau sanguin minimal de vitamine D beaucoup, beaucoup plus élevé. À ce moment-là, leurs experts ont conclu : "Compte tenu de toutes les données probantes, nous recommandons au moins des niveaux de vitamine D de 30 ng/mL et, en raison des aléas de certains des essais, pour garantir la suffisance, nous recommandons entre 40 et 60 ng/mL pour les enfants et les adultes."
Une opinion différente sur le bon niveau cible de vitamine D est présentée dans un article intitulé "Carence en vitamine D : Y a-t-il vraiment une pandémie?" publié dans le New England Journal of Medicine. Dans cet article, plusieurs des principaux épidémiologistes et endocrinologues qui faisaient partie du comité original de l’OIM plaident pour un abaissement du seuil actuellement accepté de 20, indiquant que le niveau jugé acceptable n’a jamais été utilisé pour définir la carence en vitamine D. Ils ont l’impression que nous faisons un dépistage excessif de la carence en vitamine D et que nous traitons inutilement des personnes qui vont parfaitement bien.
Selon leur analyse, un seuil plus approprié pour l'insuffisance en vitamine D serait beaucoup plus bas, soit 12,5 ng/mL. Ils ont examiné une quantité massive de données de la National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) pour 2007 à 2010 et ont constaté que moins de 6% des Américains avaient des niveaux de vitamine D inférieurs à 12,5. Négocir à 12,5 ng/mL éliminerait certainement la « pandémie » de carence en vitamine D.
Et la controverse continue, avec de nombreux articles et déclarations à l’appui de l’une ou l’autre ligne directrice.
J’ai parlé avec un expert en ostéoporose, le Dr Joel Finkelstein, directeur associé du Bone Density Center du Massachusetts General Hospital, dont les recherches dans ce domaine s’étendent sur plus de trois décennies. Il est d’accord avec les auteurs de l’article du NEJM pour dire que nous faisons actuellement un dépistage excessif de la carence en vitamine D et que nous surmédicamentons les personnes qui reçoivent suffisamment de vitamine D par l’alimentation et l’exposition au soleil. "La vitamine D a été surmédiatisée récemment," dit-il. "Nous n’avons pas besoin de vérifier les niveaux de vitamine D de la plupart des personnes en bonne santé."
Il souligne que d’un point de vue évolutif, il n’est pas logique que des niveaux plus élevés de vitamine D soient bénéfiques pour les humains. "La vitamine D est en fait assez difficile à trouver dans les sources alimentaires naturelles", souligne-t-il. "Oui, nous pouvons obtenir de la vitamine D du soleil, mais notre corps a évolué pour créer une peau plus foncée dans les régions du monde qui reçoivent le plus de soleil. Si la vitamine D est si importante pour les humains, pourquoi évoluerions-nous de cette façon, pour exiger quelque chose qui est difficile à trouver, et ensuite évoluer de telle façon qu’il soit plus difficile à absorber? »
Le Dr Finkelstein et ses collègues ont publié une étude portant sur plus de 2 000 femmes en périménopause suivies depuis près de 10 ans. Ils ont constaté que les niveaux de vitamine D de moins de 20 ng étaient associés à un risque légèrement accru de fractures non traumatiques. Ils ont conclu qu’étant donné que peu d’aliments contiennent de la vitamine D, une supplémentation en vitamine D est justifiée chez les femmes à la mi-vie lorsqu'elles manifestent des niveaux inférieurs à 20 ng/mL. "Pour les femmes périménopausées ou d’autres groupes de personnes présentant un risque de fracture plus élevé, un niveau de 20 ou plus est certainement idéal", et il ajoute : "Pour la grande majorité des individus en bonne santé, les niveaux beaucoup plus bas, 15, peut-être 10, sont probablement parfaitement bien, et je dirais donc que je suis d’accord avec ce que disent les auteurs de l’article du New England Journal."
Cela dit, la plupart des experts, y compris le Dr Finkelstein, conviennent que nous devrions vérifier les niveaux de vitamine D chez les personnes à risque élevé — celles qui risquent le plus d’avoir une véritable carence. Il s’agit notamment de personnes souffrant d’anorexie mentale, de personnes qui ont subi un pontage gastrique, qui souffrent d’autres syndromes de malabsorption comme la cœliaquie, ou qui ont la peau foncée, ou qui portent une couverture cutanée totale (et absorbent ainsi moins de lumière solaire). De plus, certaines populations auront besoin d’un niveau de vitamine D de 20 ng/ml ou plus: cela peut inclure les femmes périménopausées, les personnes diagnostiquées avec l’ostéopénie (densité osseuse réduite, mais pas l’ostéoporose) et l’ostéoporose ou d’autres troubles squelettiques, ainsi que les femmes enceintes et allaitantes. Tous ces groupes devraient être examinés et traités comme il convient.
références dans l'article original https://www.health.harvard.edu/blog/vitamin-d-whats-right-level-2016121910893 - Harvard Medical School