5.11.24 La cohérence entre les pensées et les actes est quasi un médicament en soi. En prévention de rechute de cancer, à titre perso, je ne supplémente pourtant pas en vitamine D, car cette mode ne correspond pas à ma vision de la santé et du vivant. Illustration de ce choix de posture: le regard d'une profane sur la documentation en ligne.
La première partie du dossier traitait de l'assiette optimale pour prévenir une récidive de cancer, vue selon les profils biochimiques. Ce second chapitre envisage les compléments alimentaires et le choix de posture médicale.
Je suis suivie par une médecin homéopathe, alors que je ne me soigne pas en homéopathie; seules les huiles essentielles et l'allopathie semble convenir à mon petit corps malade. Ce n'est pas un paradoxe: en fait je ne trouve de dialogue possible qu'avec les homéos. Même les médecins intégratifs ou fonctionnels me semblent hyperinterventionnistes. Qu'ils prescrivent tant et plus de vitamines ne me semble pas plus naturel que l'acte de prescrire de la médication conventionnelle, ils agissent en allopathes verts.
En outre, le petit défaut de la médecine réductionniste est qu'ils veulent intervenir avant d'avoir compris les mécanismes. L'exemple de la vitamine D est édifiant.
Une illustration.
Un ami prétend que la vitamine D montre des effets anticancéreux et fait référence à l'étude de Chakraborti, 2011.
Je m'amuse à vérifier ne fussent que les premiers liens de cette première référence, je file donc chez Chakraborti: "Vitamin D as a promising anticancer agent", dans Indian Journal of Pharmacology (au passage, un auteur unique, dont je ne connais pas le ranking, dans une publication dont je ne connais pas la qualité non plus) ->
Je lis son propre lien vers onze publications qui justifieraient les propriétés anticancer de la vitamine D (soit ses liens 4 à 14). Toutes observent le lien entre un taux sanguin bas et le cancer, c'est une observation, pas une intervention. Seule UNE a évalué l'impact d'une supplémentation en vitamine D+calcium; et encore! ses résultats contredisent les autres ECRs vitamine D/maladie chronique ou cancer, qui quasi toutes ne montrent aucun effet de la supplémentation sur humains.
NB Randomized Control Trial: RCT = Essai Contrôlé Randomisé (ECR)
Voir la fin du billet, où je commente leur tableau.
On comprend ces médecins qui veulent absolument nous supplémenter en vitamine D, car on observe depuis longtemps une corrélation entre un taux bas de 25(OH)D sanguin et des maladies chroniques ou le cancer. Selon la logique d'une médecine réductionniste, on a tenté la supplémentation. Les études d'intervention ont échoué.
Scoop: corrélation n'est pas cause, on le sait pourtant. Observer un lien entre deux éléments n'indique pas que A soit responsable de B.
On ne peut s'expliquer cet apparent paradoxe que si l'on sort de la vision étroite de la médecine réductionniste.
J'ai dégoté plusieurs explications qui, chacune, demande qu'on pense autrement que la pensée classique et conventionnelle "un symptôme/un médicament" (fut-il une vitamine "naturelle").
Le taux sanguin est la concentration en 25(OH)D, alors que la vitamine D active est 1,25(OH)2D, trop cher à tester. L'analyse sanguine est-elle donc fiable? Mon long billet Que penser de la supplémentation en vitamine D pour les épuisements chroniques ou « covid longs » envisage ce thème.
Sachant que la vitamine D est une forme de cicatrisant, un taux sanguin bas en 25(OH)D ne serait qu'un marqueur d'autre chose: il indiquerait un épuisement des réserves internes en 1,25(OH)2D, surstimulées à force de vouloir contrer une inflammation chronique à bas bruit (ou inflammation qui chante haut et fort si la CRP est aussi élevée). La solution n'est pas d'ajouter de la vitamine D artificielle, qui comme tous les compléments va fatiguer le foie et les reins. La solution est de calmer la sub-ou franche inflammation chronique.
Un bas taux de vitamine D sanguin est aussi considéré par certains comme un proxy pour une forme de scorbut de lumière naturelle: pas assez d'infrarouges (IR), trop de lumière bleue artificielle (LB). L'obligation européenne de passer des ampoules incandescentes (en partie IR) aux LEDs (pures LB) est en partie responsable. L'addiction aux écrans l'est aussi. Que dire de la vie urbaine en intérieur, sans exposition au soleil? Rappelez-vous les gamins des années '50 dans les films de Jacques Tati, courant dans les terrains vagues dès le retour de l'école, les jambes nues, en shorts. Imaginez les mêmes, emmitouflés par des mamans de bonne volonté, rester bloqués dès le retour de l'école (en voiture), face à un écran, dans une pièce éclairée aux LEDs. Les mêmes continuent l'addiction dans leur lit, zappant sur leur smartphone. Oh, le triste sommeil médiocre qui en découlera, peu récupérateur. Le sommeil est avec l'alimentaire et la lumière notre atout santé optimal.
La vie moderne est une vie hors sol, et nos corps n'y sont pas encore adaptés.
Bref, observer un taux bas de vitamine D indique aussi que la personne vit hors sol et ne se "nourrit" pas d'IR et de lumière naturelle. La solution serait simple: il suffit d'une demi-heure de promenade au grand air par jour, même en hiver, mais de préférence le matin (pour les IR). Même pas besoin d'acheter un appareillage cher, qui produirait des IR à la maison, ce qui est la dernière mode en anglophonie. Si on travaille à l'ordi, on peut le faire à côté d'une grande baie vitrée. Les IRs sont filtrés par ce verre, mais pas totalement. On aura sa petite ration d'IR ;)
On sait que la source principale de vitamine D provient des UVs du soleil. Or, tannés par la communication, on évite le soleil comme la peste ou on se tartine de crèmes solaires protection max, qui bloquent la synthèse de la vitamine D. Solution évidente: se réconcilier avec les bontés du soleil, sans pour autant se brûler la peau.Et encore! Aucune étude n'a pu établir de lien entre la fréquence de coups de soleil et les cancers de la peau. Vous êtes surpris, hein!
D'autres auteurs fiables et pointus comme Stephanie Seneff soulignent que la vitamine D n'est qu'un élément secondaire, et que c'est le sulfate de cholestérol produit sur la peau qui est le facteur optimal pour la santé, sulfate qui transporte la vitamine D. Pour cela, il faut encore qu'on produise du cholestérol, et qu'on n'absorbe pas des médicaments qui bloquent cette absorption. Et qu'on ne bloque pas la synthèse des sulfates, une fragilité de notre modernité.
Je ne sais si elle a évalué le frein que pourraient poser à la production de sulfate de cholestérol les crèmes multiples et les abrasions par savonnées quotidiennes hystériques qui sont le lot de l'homme moderne.
NB. Pour comprendre à quel point les sulfates sont capitaux pour notre santé et pour une conductivité électrique optimale, lire son entrevue , entre autres la partie où Seneff fait le lien avec les hypothèses d'un 4è état de l'eau de G. Pollack
La solution est donc d'arrêter de fuir les aliments riches en cholestérol, de se questionner sur les statines si on en prend; et ... de s'exposer au soleil bien sûr.
Quelles que soient les explications, la supplémentation peut être inutile si l'on s'expose sagement au soleil et à la lumière naturelle; si on consomme des aliments favorisants, c'est-à-dire l'huile de foie de morue (90-250 μg/100g), le foie de morue en boîte (54.3 µg/100g), les poissons gras (6-10 μg/100g), les oeufs, le beurre (de préférence fermier et de lait cru, sinon le contenu en vitamine D est au plancher), la viande, etc.. Une alimentation variée, riche en nourritures vraies comme le beurre fermier de lait cru ou les oeufs de poule qui courent et picorent dehors, apporte tout ce qu'il faut de sources de vitamine D alimentaires.
NB. 10µg équivaut à 400 UI, la dose minimale recommandée dans l'alimentation quotidienne. Pour convertir les microgrammes en U.I., multipliez le premier par 40.
Cela étant posé, lorsqu'on est face à un cancer et non en prévention (le coeur de ce dossier), on ne se satisfera pas des mesures que je viens de citer. Si c'est votre cas, suivez le protocole à la lettre, le médecin a de bonnes raisons de le proposer.
Ce que je viens d'exposer n'est pas une remise en cause de l'utilité de complémenter. J'interroge le côté systématique de ces supplémentations chez des personnes qu'on a surdiagnostiquées comme "carencées" sur la foi de valeurs critiquables.
Ce billet est en lien avec le billet, publié dans le dossier conjoint: "Dépistages systématiques et surdiagnostics: la némésis médicale"En outre, j'invite simplement le lecteur à savoir quelle est la posture du médecin qui le conseille, avant de le suivre sans se poser de questions. Je ne suivrais par exemple que mon homéopathe, car je sais qu'elle pense comme moi en termes d'holistique, de multifactoriel, d'homme bioélectrique plutôt que purement chimique. Elle se pose les mêmes questions que moi face à des supplémentations artificielles de bonne volonté, mais conçues selon une vision réductrice du vivant. Elle s'interroge aussi sur la validité de baser ses choix sur une documentation scientifique si facile à dévier.