taty lauwers

cuisinez selon votre nature

en quête d'un devenir-soi nutritionnel

Assiette, baskets et casquette BIS

Suite du billet précédent, sur l'oncologie intégrative et l'inflammation chronique. Une étude est parue en janvier 2025, soulignant que le cancer est moins agressif chez les sportifs. Qu'en penser? Du sport absolument? Ou toute autre technique qui fait circuler l'énergie?

Prévenir une rechute de cancer par la diététique

une vision selon les profils biochimiques

(dossier 2017)


Il est trés courant de lire qu'il faut faire du sport pour éviter le cancer. Il est tout aussi courant d'entendre dans la bouche d'un récent diagnostiqué étonné: "je faisais pourtant tant d'exercice par semaine à la salle!". Les cas abondent.

Tout comme la phrase précédente, il est dommage que l'étude que je relève soit une association, et non une intervention : "Association between recorded physical activity and cancer progression or mortality in individuals diagnosed with cancer in South Africa" . Les études de ce type sont courantes et hélas peu fiables. On en trouve plein en nutrition. La faculté nutri de Harvard en est d'ailleurs devenue une spécialiste, en perdant quelques étoiles au passage. Ces sursimplifications permettent de faire des gros titres dans les journaux, mais sont d'une fiabilité médiocre.

Pour sourire: et si l'association positive était à établir entre les personnes qui remplissent bien leurs questionnaires et le taux de cancer? (la cohorte est choisie parmi les personnes inscrites à un programme de suivi appelé Vitalty. "Vitality is a voluntary health promotion and behavioural change programme (...) that encourages and rewards members for engaging in healthy lifestyle behaviours." Ou si les personnes annonçant faire du sport étaient tout simplement plus souvent au grand air, à se rassasier d'UV? Situation qui, elle, est clairement protectrice pour tous.

A première vue, la cohorte est si peu définie que les chercheurs n'ont le BMI que pour 17.5%. Apparemment, tout repose sur la confiance que l'on a dans ce que les participants rapportent. Mmmmh. On peut émettre des doutes sur les résultats quand on laisse l'humain voguer sur ses illusions.

Je ne dépiaute pas une étude, puisque, profane, je n'y suis pas habilitée. Un pro nous analysera la validité de ces ratios (lire le billet sur risque relatif et absolu ) Je commente avec bon sens: prudence avec ces résultats. . On retrouve ici le grand classique de la prévention du cancer, énoncé sans égard pour les cas individuels de personnes débordées ou fragilisées. Celles-là vont se stresser et se fatiguer à pratiquer le sport recommandé, quels que soient les prétextes d'hormèse. Le stress mental et le stress physique sont plus délétères que l'oisiveté, pour la survenue de maladies de civilisation. Ce serait contreproductif. Parfois, on a la chance que le conseil soit de marcher 1/2 heure par jour. Plus modéré: ouf.

Or, pratiquer des saunas réguliers ou faire du tai-chi est aussi efficace que du sport "à suer", mais la mode veut qu'on doive souffrir pour se protéger. L'individu doit se faire du mal, pour se protéger d'une maladie générée par la société. L'ultralibéralisme dans sa splendeur!

Par ailleurs, les études sont moins nombreuses sur l'impact des saunas et du tai-chi, puisque la mode veut que le sport soit la solution. La mode... ou la croyance des chercheurs? Sur Pubmed, plus de quatre mille études sur le sport en prévention de cancer; 168 sur yoga et prévention; 107 sur taï-chi et prévention.

C'est là mon thème de la semaine: la recherche est percluse de croyances, par essence irrationnelles (la première étant "I believe in science"). Prenons les résultats d'études pour ce qu'ils sont: la manifestation de bonne volonté de camarades qui nous partagent leur vision du monde.

Que faire quand on ne partage pas leur vision? Comme dans mon cas: je ne crois pas que la souffrance soit une solution de bien-être. Je me refuse par exemple à me plonger dans des baignoires de glaçons à la Wim Hof ou à jeûner quinze jours. Je ne suis pas de tempérament calviniste. Je n'ai aucun jugement de valeur sur celui qui pratique ainsi, mais je sais que cette pratique est toxique pour moi.

Que faire alors? Vous avez deviné: relativiser tous les conseils de coachs, de bouquins, d'études scientifiques en fonction de *votre* cas singulier.

A la rigueur, observer l'historique de l'humain et le terrain: parmi nos papies et mamies, actuellement nonagénaires et centenaires, peu touchés par le cancer, combien pratiquaient du sport intensif? Combien couraient régulièrement? La marche était bien plus répandue à leur époque. Je pense que beaucoup d'entre eux étaient plus souvent dehors, au grand air; dormaient mieux et plus longtemps (la moyenne est désormais de 7h15 par rapport à 8h3-9h il y a cinquante ans; et vivaient des vies infiniment moins stressées que les nôtres aujourd'hui. On peut continuer la comparaison selon d'autres critères.

Tant qu'à faire des corrélations hypothétiques, comme celles de l'étude précitée, pourquoi ne pas en faire sur nos anciens?

 
 

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