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Comment biaiser  la perception de l'efficacité d'une intervention thérapeutique : trucs et astuces des labos

26.11.24 Un chercheur autonome en matière de traitement en cancérologie se doit d'apprendre comment, dans les annonces médiatiques des labos, les jolis habits du RRR (Réduction du risque relatif) permettent de faire croire à la puissance thérapeutique d’une intervention. Un fil par le docteur Baudoux.


Ce billet fait suite à « Risque relatif ou absolu: leçon de choses, ne pas se laisser tromper », rédigé pour les profanes que nous sommes, chers amis.


Je relaye ci-dessous le fil rédigé le 26.1.24 par une médecin belge à l’intention d’autres médecins et de certaines mauvaises têtes sur X, expliquant  l’utilité des concepts de RRA et de RRR dans le contexte de la pub médicale. Elle répond ici indirectement à quelques Riri, Fifi et Loulou sur X, qui ont perdu toute notion du ridicule (Les biais cognitifs: la raquette de ping-pong pour comprendre le libellé) : ces zététicienss croient nous aider à calibrer notre détecteur à foutaises, alors qu'ils émettent eux-mêmes carabistouille sur carabistouille. Avec un aplomb digne des cuistres qu'ils sont.

RRR :  Réduction du risque relatif
RRA : Réduction du risque absolu

Peu m’importe ces petits chiots de l’hyperrationalisme, au final. Je reprends ce fil, car comprendre ces concepts RRR versus RRA est essentiel quand, profane, on tente d’évaluer la justesse d’un choix thérapeutique en matière de cancer.  Et ce, d’autant plus que l’on n’a souvent accès qu’aux abstracts des études, vu que l’abonnement payant est souvent cher. Il ne nous est pas loisible de décoder le contenu de l'étude-même. Je traîne à le faire, mais j'ai promis un décodage de profane - sur la base d'une étude américaine démontrant qu'on évite des récidives de cancer du sein en faisant de l'exercice. Etude bourrée de biais, et c'est bien normal quand on traite du vivant. Les paramètres sont si riches qu'ils sont non codables. Ma conclusion sera, on s'en doute, faites du yoga si vous aimez, du jogging si ça vous va, des simples promenades si cela vous chante; sinon il vous reste le rire et l'orgasme comme outils de prévention ;)

L’entourloupe RRR RRA sert à toutes les sauces : on vient de vivre une exemple en direct, lors de la crise covid, avec la promotion de l’injection expérimentale vantée sur les plateaux télé dès 2021.

Le fil par le docteur Baudoux, 26.11.24. Source   https://threadreaderapp.com/thread/1861292673056792974.html

Elle répond ici  à une énième insulte par des officines de ces fake-checkeurs, la prétendant mal informée sur RRR et RRA (parfois exposé ARR, anglophonie oblige) :

« Bah oui, mes choupinets… C’est exactement ce que je fais : comparer la RRR et l’ARR.

Parce que j’ai appris que « la RRR est souvent utilisée par l’industrie pharmaceutique dans les documents promotionnels destinés aux médecins prescripteurs potentiels »
(…)  « Cet indice a tendance à présenter le bénéfice de façon trop optimiste (…) Une RRR de 50% particulièrement impressionnante peut contraster avec la réduction du risque absolu, généralement plus modeste ». Source :Université de Liège

https://orbi.uliege.be/bitstream/2268/140567/1/201211_11.pdf

RÉSUMÉ : La médecine factuelle fait souvent appel à la comparaison de deux interventions thérapeutiques dans des essais  cliniques contrôlés avec la démonstration d’une supériorité  (par rapport à un placebo ou un comparateur actif) ou au  moins d’une non-infériorité (par rapport à un comparateur  actif) en ce qui concerne un critère de jugement primaire  décidé a priori (survenue d’un événement clinique majeur,  par exemple). La différence dans la survenue d’un événement  entre les deux interventions thérapeutiques testées peut être  analysée, sur le plan statistique, par la réduction du risque  absolu, la réduction du risque relatif, le hasard ratio ou encore  l’odds ratio (rapport de cotes). Cet article discute les nuances,  parfois importantes, concernant la signification de ces différents indices et analyse les précautions à prendre et les pièges  à éviter dans leur interprétation et leur utilisation. Le clinicien  est, en effet, de plus en plus souvent confronté aux résultats  d’études cliniques, mais est généralement peu informé quant  aux subtilités des analyses présentées.    


Un autre article « Comprendre et expliquer le risque » (Mesurer les résultats et l’ampleur des bienfaits et des préjudices) ,  rédigé par  des profs de médecine canadiens, indique que  la réduction relative du risque a comme inconvénient une « perception potentiellement exagérée par les médecins et les patients des effets du dépistage ou du traitement » (source

https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC5851391/

 

La majorité des médecins (89,8%) ont une propension plus forte à prescrire un traitement lorsque les résultats d’une étude clinique sont présentés sous forme de RRR que lorsqu’ils sont présentés sous forme d’ARR. C’est ce qu’il ressort de l’étude « Absolutely relative: How research results are summarized can affect treatment decisions”, par la Harvard Medical School. Source: https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/000293439290100P

Le phénomène est tellement connu que même la HAS en parle dans ce document intitulé : « Comprendre la promotion pharmaceutique et y répondre » et qui analyse les techniques d’influence utilisées par les firmes pharmaceutiques à l’égard des médecins.

https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2013-04/comprendre_la_promotion_pharmaceutique_et_y_repondre_-_un_manuel_pratique.pdf
On peut y lire que, pour évaluer la qualités des données, les médecins doivent se demander si les publicités transmettent une information sur une réduction du risque absolu ou sur une réduction du risque relatif.
Je comprends que certains puissent être contrariés quand des médecins ne sont pas dupes des techniques de marketing des firmes pharmaceutiques. Peut-être, les informaticiens et autres ingénieurs devraient lire ce document de la HAS avant de traiter ces médecins qui ne sont pas dupes de débiles ne comprenant rien à l’analyse des risques ;-)

Lire le fil en pas-à-pas : https://x.com/VBaudoux/status/1861292673056792974

 


Que les labos jouent de cette astuce, passe encore, mais que des médecins tombent dans le piège, cela nous pousse, profanes autonomes, à prendre le dossier en main.

 


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