Découvrons "La diététique de l'expérience" de Robert Masson. Voyons voir ce que l’on peut extraire en matière de sages conseils et ce que l’on peut modérer dans cet ouvrage par l'un des trois grands noms que je vous invite à découvrir en alternutrition (Kousmine et Passebecq étant les deux autres).
Le sous-titre de cet opus de Robert Masson est " 50 années d'observations, 50 années de réflexions, 50 années d'applications". L'auteur st fort d'une longue expérience d'alterdiététique sur le terrain. Cela lui confère une aura autrement crédible que tous ces inventeurs de régimes radicaux qui font florès à la faveur de la panique de l’an mil... Il propose un système diététique d’une simplicité telle que ce n’en est plus de la diététique. Résumons les quelques points, qui sont détaillés de manière très pragmatique dans son ouvrage. Plus simple, tu meurs...
Une biographie de l'auteur sur le net. "Confronté à une grave maladie cardiaque dès l'âge de 15 ans, Robert Masson est irrémédiablement condamné par la médecine classique qui lui donne maximum 3 ans à vivre. Robert Masson se guérit pourtant seul en appliquant les méthodes de santé naturelles. Ses recherches et observations lui permettent bientôt de découvrir les causes de sa maladie et de retrouver la pleine santé. Dès les années 70, il contribue à la montée en force de la Naturopathie en France; ses prises de position courageuses mais néanmoins très étayées, le font surnommer " le fer de lance de la naturopathie française ". (..) Aujourd'hui, plus de 60 années après avoir été condamné par la médecine bien-pensante, Robert Masson, plus que jamais, continue à dispenser son enseignement à travers des conférences, ouvrages, congrès et bien entendu en son école, le Centre Européen de Naturothérapie Appliquée (CENA) dont la renommée a franchi les frontières. "
Selon Masson, nous devrions manger des repas simples : peu d’aliments à la fois,ce qui ne signifie pas peu en quantité, mais peu en variété. La variété s’installe de repas en repas et non au coeur d’un même repas. Quel bon sens, non ? J'ai repris ce critère dans la rampe d'accès des débutants chez moi: le BSA (le bon sens alimentaire).
L’autre conseil de base est de mâcher, tout simplement. Simple, mais il n’est pas inutile de le répéter. C’est d’ailleurs le secret d’un des régimes amincissants les plus efficaces aujourd'hui: le régime Hiller, adaptation moderne du fletcherisme, programme inventé par celui qui fut surnommé The GreatMasticator, Horace Fletcher, 1849-1919).
Ce régime consiste en deux principes:
Et ça marche ! Horace Fletcher, millionnaire radin, pratiquait la mastication intensive pour économiser, et non pour des raisons de bien-être...
Encore un critère du BSA...
Robert Masson suggère d’arrêter le grignotage: le « non-stop alimentaire » qui entraîne le non-stop infectieux. Il démontre très clairement comment s’installe le mécanisme d’inhibition du complexe migrant interdigestif (C.M.I.), cette onde péristaltique qui nettoyerait tout le tube digestif des bactéries malvenues et autres inopportuns.
Hélas, les pistes qu’il communique pour arrêter cette méga-nuisance alimentaire ne sont pas praticables pour tous les mangeurs. L’auteur n’étant probablement pas victime de carences en sérotonine ou d’autres déviances profondes (leptino-résistance, quand tu nous tiens!) que seuls lesmultirécidivistes de régimes minceur peuvent décrire, il ne connaît pas la situation où ces envies deviennent des compulsions. A ce titre, elles sont tout simplement irrésistibles.
J'ai repris ce critère dans le BSA, avec une petite différence: je prends en compte l'indispensable organisation quotidienne, pour éviter le recours à des grignotages (sens pragmatique féminin, faut croire...) et je considère le cas des personnes incapables, à l'instant T, de résister aux compulsions. Pour ces dernières, on prévoit deux cas de figure, tout aussi efficaces l'un que l'autre.
A l'instar du merveilleux Théodore Monot, Robert Masson rappelle qu'une des premières clefs du bien-être est la frugalité, qui est plus le secret de longévité des sociétés premières qu'un hypothétique aliment miracle comme des baies de goji, d'ailleurs. Mais voilà, tous n'arrivent pas à s'imposer de quitter la table en ayant faim, comme Monot. Ou de résister à la tout goûter... Ma solution: le système 1/1 (alias "cure impulsion" ou "régime alterné" que je résume dans "Au delà des régimes", à paraître. Je le pratique quasi en per)manence pour freiner le vieillissement accéléré que je sens s'installer (j'ai 61 ans), il me permet de rester frugale tout en restant gourmande.
Outre qu’on apprend dans ce livre que lutter contre la malbouffe ne consiste pas en actes magiques asociaux mais en l’art de bien choisir ses aliments, la clé du livre et de la méthode de Robert Masson réside dans le Réglage Alimentaire Individualisé ou « Eutynotrophie » - terme dont il est, je crois, le créateur et qu’il a enseigné en faculté universitaire (Département Naturothérapie). Cette approche seule lui vaut le titre d’incontournable en bibliothèque de base. Tout comme la mouvance Sheldon aux Etats-Unis, les naturos ont décodé l'humain en plusieurs somatotypes, grossièrement exposés: les ectomorphes, les mésomorphes et les endomorphes, que l'on peut associer tout ausi grossièrement à vata, pitta, kapha en diététique de l'ayurveda.
NB 2016. Dans les livres de Robert Masson que j'ai lu, je n'ai pas le souvenir qu'il y présente des menus et options par profil. Un praticien le fera naturellement après quelques années de métier, en se basant sur le feedback du client. Mais un mangeur autonome se fiant à un livre? Comment peut-il savoir? Raison pour laquelle je reprends dans mes propres topos des options par profil. Pragmatisme, quand tu nous tiens...
Dans le contexte du diktat diététique du litre et demi à boire chaque jour, on a déjà vu dans un autre de mes billets les sages précautions du père Masson en matière de surconsommation d’eau. À nouveau, il est le seul naturo à ouvrir les yeux dans sa pratique quotidienne plutôt que de répéter des mantras à l’aveugle. Mantra? Mais oui... lire l'article pour se faire une idée.
Robert Masson conseille deux petits apports en protéines animales par jour — et ce, à tous les mangeurs, quel que soit leur profil. Il rejoint ainsi les populations premières et nos ancêtres, chez qui l'on ne trouve aucun cas de végétalisme pur — à l'exception des jaïns en Inde, dont l'état de santé et la longévité sont précaires (ils meurent avant soixante ans).
Ne vous méprenez pas: les protéines animales dont il est question ne concernent pas que les chairs animales, comme la viande, le poulet, le poisson; elles sont aussi présentes dans les dérivés comme les oeufs et les laitages. On pourrait en effet mal lire le discours de l'auteur, car il est farouchement anti-laitages comme tant de naturos et il consacre de nombreux passages à démontrer sa logique selon laquelle la viande ne peut pas putréfier dans les intestins... Si vous n'aimez pas la viande ou les poissons, ne les digérez pas, ne voulez pas en manger, pas de souci: les oeufs et les laitages seront vos amis.
NB 2016. Il se pourrait que le cher ami ait changé d'avis sur les laitages depuis lors (mon article original date de 2005). A la faveur de l'interview en ce début juillet, je l'ai entendu accepter les laitages comme protéine animale.
Son discours sur la viande fait d'ailleurs fi de l’observation sur le terrain de tant et tant de gens chez qui, quoiqu’on fasse, la viande n’est PAS adaptée. Je pense à Catherine, enfin débarrassée de la constipation qui lui pourrissait la vie depuis l'enfance dès qu'elle s'est convaincue d'essayer un plan sans viandes, un végétarisme ovolacto très modéré. Je pense à Denis qui a découvert pendant une cure antifatigue de quinze jours qu'il pouvait enfin produire des selles non odorantes... pour retrouver ses anciennes habitudes dès la reprise de la viande. Ouf! Grâce à ce petit test d'une quinzaine seulement, j'ai pu faire comprendre à Denis que non, décidément, la viande et son tube digestif ne faisaient pas bon ménage. Il est désormais ovo-lacto-pesco et très heureux. Ne parlons pas du sourire de sa famille pour qui les toilettes étaient en alerte Seveso tous les matins.
Il est toujours agréable de voir démonter des rumeurs, appelées “mythes” chez Masson, mais on aimerait une plus grande documentation. En une page, il démonte le mythe d’une possible surcharge en protéines et de l’action acidifiante de la viande. Voilà qui est bien court. Sans références synthétiques ou analytiques, quel dommage. Il a peut-être raison, mais un esprit rigoureux et vérificateur est bien démuni.
Quoi, Jeanine? Je ne cite pas d'études dans mes propres livres? Certes, mais je ne joue pas dans la même cour, voyons. Je ne suis qu'une autodidacte passionnée, je n'ai pas ouvert d'école de naturopathie, je ne prône pas une seule méthode que j'aurais développée, je ne suis même pas diplômée, je suis plutôt "courtière en régimes". Je résume ce que j'ai appris chez les grands, je fais l'éducateur de rue. C'est tout différent.
A nouveau, je me rapproche des écrits du maître dans deux des rampes d'accès à l'assiette remède que je promeus. Dans le Bon sens alimentaire, pas un mot sur les viandes ou assimilés. Normal, c'est le programme "ceinture blanche" si l'on pense au judo. Ce n'est que dans le programme Cuisine nature (ceinture jaune) et dans le programme Assiette ressourçante (ceinture bleue) que j'invite à manger moins de viande, à la choisir de qualité et à ne pas se priver totalement de protéines animales en général.
Pourquoi, comme tant d'auteurs naturos, Robert Masson juge-t-il utile de faire intrusion dans nos choix de vie (bonheur, amour du prochain, etc.) et de commettre quelques lieux communs sur des comportements-poison qui n’ont rien à voir avec l’alimentaire ? On le sait bien qu’on vit des vies toxiques, enfin ! On ne vient pas de naître.... mais il nous manque des outils pour désamorcer ces petites bombes du quotidien. Et sur ce plan-là, les naturos sont aussi démunis que bien des psychologues. Quelle est alors l'utilité de s'emmêler les pinceaux à ce point, puisque le livre n'offre pas de solution?
Depuis 1998, date de création de ce site, je mets un point d'honneur à respecter mon plan d'action livresque: food, food and only food.
Merveille! Il est rarissime de rencontrer un naturopathe qui n’utilise que le minimum minimorum de petits potiquets. C'est le cas avec Robert Masson. Cette sage attitude dérive peut-être de sa longue expérience, tout simplement. Les plus jeunes de ses collègues sont vite enthousiasmés par les discours surchauffés des colloques de nutrition... trop souvent animés par des « experts » qui« roulent pour » des firmes aux intérêts économiques évidents.
L’auteur témoigne de la non-efficacité, si pas du côté délétère, des suppléments vitaminiques non organiques (pages 29 à 35). Le cerveau baigné par des pseudo-articles sur internet et dans les magazines gratuits, qui sont eux-mêmes nourris par la pub, nous en oublions le bon sens. Non, non, non (c’est assez ?), la supplémentation chimique, toute bio qu’elle soit, ne donne pas vraiment d’effet durable. Parfois, elle est efficace pour une courte période, chez les personnes à forte constitution qui auraient de toute façon profité d’une réforme alimentaire ciblée avant de passer aux gélules.
Y a-t-il un seul naturo, à part Masson, pour racheter les allopathes ? Quel est le sens de faire appel aux petits potiquets aussi souvent que les docteurs recourent aux petites pilules, sans grand effet immédiat si ce n’est des effets secondaires sur la durée ? Ils pratiquent ce qu'on appelle désormais "de l'allopathie verte".
Selon Masson, sont dits organiques les suppléments qui n’ont subi que la dessiccation ou la mise en gélules : poudre d’huîtres, gelée royale, extrait de foie de requin ou huile de foie de morue, etc. On peut regretter qu’il conseille les germes de blé en flocons, sans préciser que leurs précieuses graisses sont souvent rancies par la conservation. Il faut donc garder l'oeil ouvert sur les dates de production.
Sur le terrain, lorsque j'auditais, j'ai pu constater la même chose que Robert Masson. J'ai aussi pu requinquer des mangeurs uniquement à base d'aliments ressourçants, sans aucun potiquet. Ce qui est bien la preuve de la fausseté du raisonnement qui veut que les aliments même bio étant déficients à l'heure actuelle nous ne pouvons les utiliser comme remèdes. C'est vrai SI et seulement SI on ne suit pas finement le profil métabolique du mangeur. Dès que les repas s'accordent avec la physiologie particulière de chacun, les grignotages disparaissent, l'appétit est modéré, le métabolisme est relancé.
Je me permets de décoder les menus préconisés par le maître, à l'aulne de ce que je connais des biochimies modernes, plus fragilisées que les anciens.
Par exemple, selon la méthode de Robert Masson, le menu de midi se composerait de :
1. pommes de terre ou autres féculents
2. légumes verts (facultatifs !)
3. viande ou assimilé
4. 10% de crudités
5. dessert.
L’auteur veut plaire, ça se comprend, il conseille donc un dessert chaque jour. Ce n’est pas mon cas, je n'ai cure de séduire, alors je peux répéter que l’humain n’a pas été fabriqué pour digérer des sucreries tous les jours si elles viennent en supplément d'un quotidien riche et sur un organisme à la glycémie fragilisée, instable en tout cas - ce qui est le cas d'une majorité des gens aujourd'hui.
Certes, dans certains écrits, il est énoncé que, consommé en fin de repas, le dessert est traité comme un sucre lent. C'est une hypothèse! Que j'ai beaucoup relayée à mon époque... pour observer que, sur le terrain, elle se démentait par deux petits faits: l'ensommeillement post-prandial est tout différent avec ou sans le petit dessert et la faim survient plus vite chez les plus fragiles après avoir mangé le petit dessert.
Par ailleurs, si le repas du matin était à tendance sucrée, ce qui est le cas chez quasi tous les mangeurs -- pensons pain/confiture ou muesli du commerce chez les mangeurs à bonne conscience -- pourquoi rajouter une couche à midi? Réservez-les sucreries à « de temps en temps ».
Et enfin, insister à ce point sur la présence de farineux à chaque repas, chez tous les mangeurs, est le seul point qui, chez cet auteur, semble tenir de la liturgie plus que des faits. Certes, j'ai moi aussi vu quantité de mangeurs perdre leurs capacités digestives à pratiquer trop longtemps la dissociation alimentaire de Montignac. Mais c'étaient toujours des femmes, pas des hommes...
Il faut pouvoir accepter que des dizaines de milliers de mangeurs prospèrent sans aucun farineux, à long terme (parfois 40 ans de pratique): ce sont les pratiquants du régime SCD, le régime qui a inspiré ma cure Nouvelle flore, tous victimes de maladies autoimmunes graves des intestins et qui sont en rémission grâce à cette pratique.
Je ne prends pas en exemple le mouvement paléo car nous n'avons pas assez de recul pour juger de la tenue paléo sur la durée. Et tiens, curieusement, qui en sort le plus vite? Les femmes... qui se fragilisent après le premier trimestre de bien-être.
Ma petite parenthèse en profilage: depuis 2005, c'est chez Robert Masson que j'envoie tous les profils en excès de vent (vata en diététique de l'ayurveda) tout simplement parce qu'il me semble en être un prototype. Ses menus et son programme conviennent parfaitement aux mangeurs vata, inadaptés aux fruits, attirés par le sucre, amateurs de farineux, peu enclins à métaboliser le cru, à qui le jeûne est proscrit, etc.
Dans la gamme des farineux, l’auteur propose de consommer du pain le matin, semi-complet ou complet, mais il ne précise pas qu’il devrait être au levain pour ne pas râper les intestins et pour ne pas déminéraliser le sujet. Pas un mot sur les "faux pains complets" qui ne sont que du pain blanc auquel on a rajouté des déchets de boulange pour se la jouer "complet".
Dans ce tome, il propose d’assaisonner les crudités du midi et du soir d’huile de noix (de marque Alvie parce qu’elle serait vraiment de première pression à froid, selon lui — ou parce qu’il est actionnaire, qui saura jamais ?). Mais où sera le subtil équilibre des acides gras? Vous allez surdoser le quotidien en Ω-3 et 6 ! (voir Pour qui sonne le gras?). Il s'y connaît trop bien en diététique pour que ce ne soit pas une erreur de relecture.
Pour avoir donné des cours de cuisine chez les participants, je peux être plus prudente quant à ces fragiles huiles. Quand elles sont VPPF, elles doivent impérativement séjourner au frigo, frigo bien réglé s'entend (j'en ai vu des frigos à 13-15°C!), faute de quoi leurs précieux omégas rancissent et en deviennent toxiques. Vous devinez la suite: dans la majorité des cas, les huiles de lin ou de noix qu'utilisait la cuisinière pourtant bio, pourtant lectrice d'ouvrages sur le sujet, n'étaient pas conservées au froid...
Ce sont ces petits détails pratiques qui font la différence. Si vous avez essayé son plan alimentaire sans succès, alors qu'il est si bien conçu, interrogez-vous sur ces petits détails. Suivez sa méthode à la lettre pendant quinze jours, puis sortez vos antennes, décodez les signaux du corps et adaptez en fonction. Si, par exemple, vous observez que non, vraiment non, les farineux ne vous conviennent pas, eh bien, au diable les diktats: remplacez-les par beaucoup de végétaux fibreux, par des patates douces, etc.
Robert Masson suggère de supprimer tous les laitages mais, ouf ! il ne conseille pas le soja à la place pour tous les mangeurs, comme 99% des naturopathes. Comme il est naturo convaincu, il faut bien qu’il y aille de sa petite litanie contre les laitages, peut-être parce qu’il ne connaît pas la différence entre le « vrai » lait et l’impos-teur UHT... mais il recommande chaudement le lait de jument lyophilisé. Où est le lien logique ? Je n'accepte pas les discours tirés par les cheveux sur la teneur en l'un ou l'autre élément précieux qui justiferait le lait de jument et pas celui de vache, celui qu'utilisent un milliard de petits Indiens avec succès, cela dit en passant.
Il est foncièrement anti-Budwig à cause de son contenu en laitages et sa richesse en fruits, mais c'est à nouveau faire fi des innombrables mangeurs qui y ont enfin trouvé le petit déjeuner qui leur convient. Je ne digère pas cette crème moi-même lorsqu'elle est riche de trop d'ingrédients, mais je ne la déconseillerais pas à tous pour autant.
Robert Masson conseille de temps en temps des monodiètes (raisins, compote de pommes). Avec sagesse, il accueille de hautes doses de fruits pour les personnes qui vivent dans les pays chauds (jusqu'à 500 g. par jour, moins pour les zones tempérées; il les fait consommer en compotes pour les personnes habitant les zones froides). Il déconseille vivement les fruits pour les sujets longilignes et frileux, chez qui ils sont métabolisés en spoliant l'organisme de ses réserves. Pas d'intérêt à en manger, n'est-ce pas? puisqu'au lieu de nous apporter des éléments de construction, ils nous piquent nos stocks...
L’auteur est très clair sur le phénomène de détoxification. Je suis souvent troublée de voir des âmes sensibles accepter de longues périodes de mal-être sous le prétexte d’une nécessaire période d’adaptation etde détox’. Balivernes, bien sûr. Cette période est de trois jours. Si elle dure plus longtemps, c’est que le menu imposé est malvenu chez le mangeur. Merci à Robert Masson de nous le rappeler avec la puissance que confère un titre universitaire.
Il est aussi très acerbe face aux gourous qui poussent les mangeurs à faire confiance totale au végétal pour se ressourcer, sous la fallacieuse information que la totalité des vitamines se trouve dans le végétal —et ce, sans évaluer la force vitale du sujet. Cette posture du tout-végétal est entre autres basée sur le mythe que nous sommes encrassés par les purines, ces déchets laissés dans l’organisme par la viande (p. 111). Or, y a bon les purines aussi... dans le soja, les levures en paillette et les légumineuses (liste des doses en purines page 163)...
NB 2016. Dans la vidéo de début juillet, Robert Masson commente les lavements intestinaux sur le même ton que l'a fait le professeur Joyeux, comme s'ils n'étaient utiles que pour les cas de constipation. Mmmmh... C'est dans une autre optique qu'on les prône, enfin! Savent-ils à quel point les jeunes générations sont déficientes en matière de capacité de détox? qu'il faut les aider d'un petit coup de pouce comme les bains dérivatifs ou les lavements?
Avec la force que peut communiquer une longue expérience des dégâts observés sur le terrain, Masson dénonce les régimes excessifs : fruitariens, crudivores (pages 129 à 134), instinctos, macrobiotes, dissociants (pages 22 à 25), etc. Avec un tel titre "Diététique de l’expérience", on s’attendrait à lire des témoignages, des observations sur le terrain basées sur des histoires vraies. Mais l’auteur, dans sa splendeur vata, se perd un peu en justifications théoriques... Et celles-là, hein, on en fait ce qu’on veut...
Il explique clairement les processus de fragilisation qui s’installent après les premiers mois de bien-être et les frustrations qui s’installent alors. C’est bien ce que nous observons tous sur le terrain de la nutrition. Cela fait près de 20 ans que je relaye le même discours que Robert Masson, après avoir pu observer sur moi-même les dégâts de systèmes excessifs. Mes livres n'attirent d'ailleurs que les personnes qui sont prêtes à entendre du bon sens plutôt que des invitations à faire du saut à l'élastique alimentaire. Et cela est bien.
Masson semble oublier la part psychique si puissante au coeur de chacun qui fait qu’un passage « initiatique » par ces voies excessives est souvent nécessaire. Je me splique.
Ecouter ce passage en vidéo ou lire la transcription de la vidéo
Dès lors que le mouton de panurge alimentaire sort du lot et comprend que son avenir dépend de sa nouvelle posture en diététique, il va devenir un mouton noir ... le temps de prendre la place léonine de celui qui n’a de comptes à rendre à personne. Cette période du mouton noir qui se croit ouvert à des vérités cachées aux autres, période où il est très tentant de traiter les autres de « mangeurs de crasse » ou de « pigeons de la grande distribution », dure de quelques mois à quelques années. Pendant ce temps-là, le chercheur en santé va être attiré par tous les joueurs de flûte de Hamlin qui lui chantent la chanson du mouton noir, bien sûr : « nous » sommes différents, « nous » avons compris l’es-sence des choses, « ils » nous empoisonnent.
C’est un passage quasi-obligé. Que les praticants osent lever le doigt et me dire qu’ils ne sont pas passés par là, tout comme moi ? Dans ces cas, il est vain de vouloir s’opposer à ce chemin initiatique. On peut même se demander si ce chemin n’est pas bénéfique, au contraire.
Ma propre approche: c'est entre autres pour ces cas en soif d'initiation que j'ai développé le système de cures de quinze jours, cures parfois très excessives (pensons à Full Ketone, équivalent de la diète cétogénique, ou à kitchiri, qui s'appelle chez moi "Détox flash"). Celui qui les poursuit plus longtemps qu'un mois ne pourra pas dire que je l'y ai encouragé. Il est écrit dix fois dans chaque topo que ces cures sont temporaires et servent de test.
Il faut des personnes informées, modérées, intelligentes pour récupérer les pélerins au sortir du labyrinthe et pour démonter les discours de ces petits gourous. Il est heureux que des thérapeutes modérés de la trempe d’un Masson soient là pour vous réconcilier avec vous-même après cette indispensable période d’excès du début. Remercions-le de témoigner pour ceux qui s’acharnent à rester dans ces voies qui ne devraient être que temporaires et qui y perdent la santé.
"Nous aspirons tous à vivre en bonne santé et nous redoublons d'efforts et d'imagination pour y parvenir, en oubliant souvent qu'elle dépend en fait essentiellement de notre alimentation. Partant de ce constat, Robert Masson nous livre dans cet ouvrage le fruit de 50 années de pratique et d'observation : l'alimentation doit être naturelle, équilibrée, mesurée, digeste et individualisée. En fonction de ces 5 impératifs, mais aussi de l'âge, des besoins et des nécessités de chacun, l'auteur nous apporte son précieux éclairage sur nombre de nos interrogations, notamment quelle eau boire ? quand ? en quelle quantité ? -, quid du crudivorisme - faut-il manger cru ou cuit ? -, mais aussi sur le gluten, le soja, le lait... Robert Masson présente ici un véritable état des lieux de la diététique afin d'éviter les méga-nuisances alimentaire. En application de ces principes diététiques, Sandrine Masson nous propose des recettes faciles à préparer qui allient santé et plaisir gastronomique."
Un seul livre, tel "Diététique de l'expérience", vous suffira à capter l'intelligence et la culture diététique de Robert Masson. Vous en saurez assez pour que votre pratique soit inspirée et enrichie de ses bons conseils, dont je repère le bon sens pour tous les mangeurs (éviter le non-stop alimentaire, manger simple, rester frugal, choisir bio, ne pas surboire, manger de tout, l'alimentaire prime sur les potiquets, etc. ) et dont je vois l'utilité spécifique pour les profils aériens (vata en ayurveda - détails ci-dessus).
Très généreusement, il communique de larges extraits de ses ouvrages sur le net. Voir par exemple le long feuilletage possible de "Dérives nutritionnelles et comportement suicidaire", chez les éditions belges Testez.
Les autres livres lus par votre servante mais non résumés ici, parmi sa plus impressionnante bibliographie:
"Ne craignez plus les microbes, les bactéries, les virus. Une immunité à toute épreuve. C'est facile et ça ne tient qu'à vous."
L’immunité retrouvée, chez Albin Michel, 1997 (où il démontre avec des termes poignants les dégâts que peuvent produire les cures de jus de citron).
Mythes et mensonges des régimes classiques et des diététiques naturelles chez Albin Michel, 1993, 270 pages - dont je me demande si son nouvel opus n'est pas la réédition: "La naturopathie foudroyée : Mythes, mensonges et erreurs graves en nutrition" chez Tredaniel, fin 2015. Je ne l'ai pas encore lu, honte sur moi.
Superregénération par les aliments miracles chez Albin Michel, 1982, 434 pages
La révolution diététique par l’eutynotrophie chez Albin Michel, 1988.
Plus récemment, chez l'éditeur Tredaniel: "Les nouveaux dogmes en nutrition", 2013, 53 pages et "Devenir centenaire avec une pêche d'enfer", 2013, 79 pages. Vous ne pourrez même plus vous plaindre de ne pas avoir eu le temps de lire. Cinquante pages!