27.3.2024 Je n'ai toujours pas trouvé de maître à manger sérieux pour les amateurs de carnivorisme (alors que pour d'autres modes durs, comme LCHF ou la cétogénique, je peux conseiller Westman ou Eades, des praticiens qui ont vu défilier des milliers de patients).
Billet très spécifique, car peu d'Européens pratiquent ce mode au long cours. Voir les archives sur le sujet en début de billet sur le dr Saladino.
La diète carnivore n'est pas une panacée, c'est une mode. Nul ne sait si elle durera. Son succès provient en partie des promesses de minceur pour les obèses morbides américains désespérés, et des promesses de santé pour les multisensibles très fragilisés. Cas extrêmes, vous en conviendrez.
Mon souci principal en tant qu'éducateur de rue du net: même si je suis une profane érudite en nutri, je dois trouver des voix d'autorité pour guider les chercheurs de bien-être. Cette recherche m'amène presque à rédiger ce fameux "Guide des égarés en nutrition" que j'avais prévu (vous aurez reconnu le titre, je m'inspire du livre de Maimonide).
Pourquoi je n'écoute par exemple pas Shawn Baker, le médecin considéré comme le pape de la carnivore?
Ce garçon est très sympathique de vouloir aider son prochain, mais son diplôme de médecin n'est pas un blanc-seing. Il ne connaît pas grand chose en nutrition, outre qu'il est un peu confus dans ses exposés. J'attends plus de rigueur de la part d'un membre du corps médical. (Je sais, je rêve). Par exemple, il semble encore enferré dans de vieilles croyances désuètes. Dans une entrevue chez Thomas Lauer, coach en cétogénique, il expose ses essais et détaille comment il vérifié son taux de cholestérol comme marqueur de bonne santé. Mais on vit dans quel monde? Personne de sérieux en nutri, surtout LCHF, ne mentionne encore les taux de cholestérol comme marqueur de santé....
Ne trouvez-vous pas parlant que les deux chefs de file du mouvement carnivore aux States soient deux médecins qui ne connaissent quasi rien en nutrition? J'ai déjà commenté le travail de Saladino, qui nous fait du cherry picking de la plus belle eau dans ses références scientifiques. De mémoire, il reprend les recherches de Bruce Ames, un grand bonhomme, pour démontrer que le brocoli est toxique. Or, ce n'est pas du tout ce qu'Ames démontrait: il relevait les composants qui, mal métabolisés par un mangeur en mauvais état, peuvent produire des métabolites toxiques. Ce n'est qu'un exemple. On verra dans le billet suivant quels dégâts hormonaux, selon Saladino lui-même, la carnivore a éveillés en lui.
Je répète ce que tous semblent oublier: la toute grande majorité des toxiques que le foie et les reins doivent traiter sont endogènes! Il ne s'agit pas d'éviter les toxiques externes, il faut relancer les mécanismes corrects du métabolisme, afin que ces toxiques ne soient pas générés.
Bref.
Le choix de pratiquer la carnivore plus d'une quinzaine ou d'un mois à la fois vous revient, mais soyez conscient que vous entrez en territoire miné, il vous faudra faire très attention, rien n'est vraiment balisé.
Tout ceci étant posé, et hormis les précautions de santé, je suis enchantée de la mode carnivore et de son succès. C'est, indirectement, une façon comme une autre de lutter contre la dystopie qui se prépare, sur fond de catastrophisme climatique. Prenant prétexte d'une protection de la planète (pure fake news), les oligarques veulent abolir l'élevage, entre autres. Ils y arriveraient peut-être si tant et tant d'Américains ne retrouvaient pas le bien-être en ne mangeant plus que du steak...