taty lauwers

cuisinez selon votre nature  

en quête d'un devenir-soi nutritionnel

Repenser la démonisation des oméga6 en nutrition

6.5.2025 Question: "Depuis quelques années, je n'ai plus d'huile végétale chez moi contenant des omégas 6 car pro-inflammatoires. Vous est-il déjà arrivé de tester d'en prendre et vous sentir mieux après?" Cette question sur un RS est l'occasion de tordre le cou à cette rumeur des omega6 "toxiques".

 

Lire l'intervention de Ghislaine Gerber - ma réponse sur le dernier article de Masterjohn - Lire le pitch


Je lis une question sur un groupe que je gère: "Depuis quelques années, je n'ai plus d'huile végétale chez moi contenant des omégas 6 car pro-inflammatoires. Mais j'ai une machine qui me soigne et elle m'indique souvent les omégas 6. Vous est-il déjà arrivé de tester d'en prendre et vous sentir mieux après?"

C'est l'occasion de tordre le cou à cette rumeur des omega6 pro inflammatoires. De l'huile de tournesol raffinée industrielle le serait, certes; des acides trans le seraient certes. Masterjhohn, une grande pointure en nutrition (doctorat), a déjà démonté cette légende urbaine, mais elle continue à courir.

Svp n'écoutez pas n'importe qui. Vous ne serez libre en nutrition que si vous repensez chaque point des évangiles actuels. Seule la liberté intérieure vous permettra de vous écouter, secret de votre bien-être.

Si vous doutez, pensez au terrain: les mêmes surconseillent des amandes & Cie, alors qu'elles sont riches en oméga6. Or, ils interdisent carrément les huiles de graines et d'oléagineux qui en sont extraites. Dans le contexte du terrain récent, les extraordinaires succès thérapeutiques de la doctoresse Kousmine, sans médicaments, sur base alimentaire, reposaient sur la consommation d'huile de tournesol vierge première pression à froid, entre autres. Riche en oméga6. Toxique? Elle guérissait des scléroses en plaque et des cancers incurables!

Ou pensez à l'historique de l'humain: toutes les sociétés ont utilisé les huiles végétales qu'ils avaient sous la main. En ardennes belges, l'huile de frêne, par exemple. Mais personne n'a employé des cuissons à ultra hautes températures, des raffinages et mélanges avec des produits pétroliers! Dans la Cure Antifatigue, ma quinzaine de "cure de jouvence" décrite dans le topo éponyme, je conseille même des gélules de bourrache et onagre, un condensé d'oméga6. C'est une chaîne essentielle dans la gestion des lipides, qui, chez certains, est si abîmée qu'ils ne peuvent même plus métaboliser les oméga6 alimentaires. Il leur faut une version prédigérée comme bourrache/onagre. Si ces personnes fragiles ne métabolisent plus les oméga 6, pourquoi seraient-elles un danger? Elles passeraient sans faire de dégâts...

Ce ne sont que quelques pistes pour penser notre rapport aux rumeurs du net.

En image, un des extraits de mon livre "Pour qui sonne le gras?" tels que partagés sur le site officiel: https://editionsaladdin.com/gras/bonus.html

 

Ghislaine Gerber, professeur de nutrithérapie au Cerden, ajoute son grain de sel en commentaire sous mon billet fb. Ci-dessous en italiques. On a besoin de pros de son acabit dans nos échanges sur les RS, si l'on veut penser hors rumeurs et modes. Nous partageons souvent les mêmes points de vue, même si nos filtres d'application sont différents, puisque j'utilise l'assiette seule et Ghislaine utilise la nutrithérapie sous forme de compléments. Avec son autorisation, je reprends son intervention.

 

 

Cette diabolisation des oméga 6 est une escroquerie de plus du système qui nous pousse à nous en éloigner alors que c’est une hérésie. Quand on fait des bilans lipidiques des acides gras des personnes au terrain en grosses difficultés on trouve presque toujours un sérieux déficit d’oméga 6 à longue chaîne AGL etc et d’oméga 3 ensemble en général . Ils n’ont pas compris que ce sont les graisses estérifiées, hydrogénées, bousillées qui sont le problème, mais pas les oméga 6 intrinsèquement.

Et surtout il y a deux grandes branches d’oméga 6: ceux de l’axe AGL qui permettent aux prostaglandines 1 d’être anti inflammatoires au contraire de la branche arachidonique oméga 6 en excès, ce qu’ils ont mal compris . La voie de l’AGL oméga 6 en réel déficit , qu’on trouve dans l’onagre et surtout la bourrache, est la voie essentielle des PGE1 appelées prostaglandines de paix par Dr Kousmine et qui sont capables avec les oméga 3 EPA et DHA de contrer l’excès de prostaglandines 2 pro inflammatoires, dites de guerre (NdTaty: dont on a besoin dans certaines situations, rappellons-le).

Prenons un exemple: dans les troubles de la prostate (hypertrophie ) on trouve systématiquement une sévère déficience en oméga 6 AGL et en oméga 3 EPA DHA .. C’est le défaut des enzymes chargées de les fabriquer à partir des acides gras essentiels oméga 3 et 6 qui est responsable de cela, parce que sur des années, ces sujets se sont avalé des acides gras endommagés par des processus d’ultra transformation. Or, ces acides gras Omega 6 sous forme non trafiquée sont tous indispensables et souvent en déficience sévère.

J’ai pas mal débattu avec feu David Servan Schreiber qui a fait beaucoup de mal avec cette histoire d’oméga 6 diabolisés dans ses livres et ses conférences. Je demeure persuadée que son empressement à ne sélectionner que des oméga 3 a participé à son départ si jeune alors qu’il avait par ailleurs fait beaucoup pour sensibiliser à l’importance de la nutrition. Il était un extrémiste contre les oméga 6 parce qu’il ne prenait en compte que les besoins du cerveau et du système nerveux de par son métier, mais le corps n’est pas qu’un cerveau.

Il est donc conseillé d’assurer quotidiennement au moins 5 fois plus d’oméga 6 que d’oméga 3 mais que ce soit de bons acides gras issus de pression à froid et sans estérification ni hydrogenation. Surtout pas non plus ces abominables DHA isolés issus de cultures de cyanobacteries ou de micro algues artificiellement modifiées génétiquement pour faire plus de DHA ! Ça n’existe pas dans la nature .. ce sont des fake oméga 3 falsifiés ! Les synapses ont autant besoin d’EPA que de DHA …

Ne jamais apporter du DHA oméga 3 tout seul au risque de tout déséquilibrer. Les pré synapses ont besoin d’EPA et les post synapses de DHA pour le transfert de la sérotonine, mais d’autres organes ont besoin de plus d’Omega 6, comme l’un d’eux qui présente une grande proportion corporelle, à savoir la peau qui a un ratio requis de 1000 oméga 6 pour un oméga 3!

Il faut donc réintroduire dans notre alimentation et supplementation des acides gras à longue chaîne non seulement EPA et DHA mais aussi des sources d AGL en cruel déficit derrière un excès d’oméga 6 AL hydrogèné que le corps ne sait pas transformer en AGL . Oui il y a des déficiences en oméga 6 LC caché derrière un excès d’oméga 6 de piètre qualité ..

Bernard Bel, quant à lui, me rétorque:

" Masterjohn n'a pas "démonté cette légende urbaine"… Au contraire, il lui a récemment donné une assise scientifique.

Ma réponse:

J'ai enfin pris le temps de lire ce document de Masterjohn. Primo, il est très confus, si je compare à sa rigueur et structure habituelle. On sent qu'il veut soutenir Kennedy et en perd un peu de son aura à mes yeux. Secundo, son article ne traite pas des oméga6, mais bien de la toxicité des huiles végétales et de la durée des études actuelles. Or, il mentionne les méta-analyses qui montrent un bienfait de la conso des huiles végétales (quand on sait la qualité aux States et chez le tout-venant!), puis il cherche la petite bête pour avoir raison. Facile à faire: la littérature est si vaste que je pourrais démontrer qu'il faut manger rose et rouge pour maigrir. Il trouve donc quelques études pour justifier la posture "à bas les huiles de graines".

Pour une fois, Masterjohn peut revoir sa copie. Pourtant il est quasi le seul qui connaît vraiment la nutri, et pas un pan biaisé (comme nos adorés Eades, Westman, Taubes, etc. qui refont carrément les bases selon leur humeur). Quelle désolation si lui-même s'adonne aux "rumeurs du net"...

Relis attentivement le commentaire de Ghislaine ci-dessus: elle connaît de toute évidence très bien la nutri classique, et pas une version fantasmée.

NB. Fantasmée? Eades & Cie oublient par exemple la base, càd que l'humain produit tout seul des saturées pour ses besoins, mais ne peut produire de polyinsaturées, d'où le terme de "essentiel". On note que les noms précités sont soit médecins, soit journalistes, donc des natures convaincues d'avoir raison et de détenir la vérité, à tel point qu'ils ne vérifient pas les bases.

NB2. Je vais très bien sans huile polyinsaturée, car mes sources alimentaires sont fermières et bio, donc riches en saturées, mono et poly, le trio idéal. Je fais quand même deux fois par an une dizaine de jours de recharge max' de PUFA, ne fut-ce que pour leur effet anticancéreux (très clairement démontré in vitro, observé in vivo par Kousmine & Cie).

Bernard: " le plus simple me paraît de favoriser l'huile d'olive dans les salades, vu qu'elle contient principalement un acide gras mono-insaturé. Et bien sûr d'utiliser les graisses saturées pour la cuisson".

Ma réponse:

Primo, c'est un choix culturel. On a autant de centenaires en Belgique que dans le Sud et pourtant ils n'ont pas vu d'olive pendant quasi toute leur vie. Secundo, on a d''autres objectifs toi et moi.

Je dois envisager tous les profils, dans mes écrits (principalement conçus pour les référents en Profilage alimentaire®). Le monde paléo céto carni n'est pas seul à tenir le haut du pavé; certains mangeurs se sentent très bien en mode plus végé (rarement végane) et en suivant des maîtres à manger qui prônent les huiles végétales (VPPF généralement) - ceux que je vois moins dans mes relais forcés par les algorithmes (principe de l'aquarium).

Si je ne m'obligeais pas à aller consulter ces gourous, je finirais par croire que seuls mes modes chéris sont des pistes fiables (paléo céto carni LCHF). Donc, pour ceux-là, entre autres, je tente de démonter des légendes et je maintiens que non non et non, les oméga6 des huiles ne sont pas toxiques dans l'absolu, mais bien dans un contexte particulier: celui de la transformation excessive, qui les prive de tous leurs bienfaits.

J'ai cité plus haut, en commentaire, comment on peut requinquer un fragilisé en lui donnant des oméga6 sous forme de bourrache et onagre. Ghislaine Gerber a très savamment commenté aussi (c'est une pro du domaine et une femme de terrain).

Sur le terrain, combien de personnes n'ai-je pas dû aider à basculer en moins animal et plus végétal et qui s'en sont sortis mirifiquement! Probablement pcq leur biotype spécifique tire mieux les nutriments et les infos du végétal que de l'animal (pas de recherches, oeuf corse). On est très peu à représenter cette voie du "profilage": RIEN n'est valable pour tous sauf (c'est ma croyance) l'évitement des adultérations diverses.

 

Le pitch

Merci à Kennedy de soulever au plan des décisions officielles la question des huiles végétales dans l'industrie, aux Etats-Unis.

Mais:

1/ Il est vain de projeter sur l'Europe une situation américaine. Aux States on utilise l'huile de soja, l'huile de coton en plus de l'huile de tournesol. Les deux premières sont des résidus de production industrielle.

2/ Les études ne sont certes pas assez longues, comme le souligne CMJ, mais aucune étude ne pourra donner de facteurs valides et durables tant que

2A/ l'on ne discerne pas entre huile industrielle, porteuse de résidus d'hexane et dépourvue de ses nutriments, et huile végétale vierge première pression à froid, riche d'autres bénéfices que les simples oméga X ou Y:

2B/ les études n'intègrent pas comme facteur essentiel le quotidien du mangeur (riche en végétaux frais, en sources d'antioxydants? ou malbouffeur typique?), ainsi que sa génétique (quel est son profil ApoE? ses gènes FADS1 et 2 pour le métabolisme des oméga6?).

 

Le dossier "huiles de graines toxiques" a des pieds bien fragiles, même traité par des pointures comme Masterjohn.

 

Solution pour un mangeur autonome en quête de santé?
Les huiles industrielles, produites à haute température à l'aide de produits de synthèse dont des résidus encombrent les bouteilles n'ont rien à faire dans nos cuisine. Virez tout cela de vos placards et:
  • panachez les sources de lipides, de jour en jour;
  • choisissez-les sous leur forme noble:
  • combinez cela à un quotidien riche en antioxydants, provenant d'aliments frais, locaux, de saison, cuisinés chez vous.

Suite sur le sujet en posters sur  "Repenser Omega-6 et inflammation" - "Ratio Omega-6 / Omega3: individualiser, les différences génétiques"

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