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11.11.24 En matière médicale, mais en particulier dans le dossier cancer de l'automne ("où se renseigner?"), il sera impératif de comprendre ce que signifient des annonces mirifiques comme "54% de réduction de risque avec mon médicament-miracle" - annonces qui jouent sur l'ignorance de l'amateur: le risque relatif ou le risque absolu, qui sont des concepts de statisticien.
Ma copine soixantenaire est étonnée de lire mes trois billets sur l'erreur conceptuelle des mammographies systématiques: "Pourtant, j'ai lu que le bénéfice était remarquable, je vais te retrouver les stats". Il s'avère que l'annonce dans le Quotidien du Médecin, qu'elle lit, affichait des bénéfices calculés en risque relatif, qui en réalité, si on lit les valeurs absolues, est de... 0.1%.
Voyons en détail.
Le patient autonome veut faire ses propres recherches dans la doc' scientifique, c'est légitime. Mais il est comme moi, profane, et veut ne pas se perdre dans des annonces trompeuses. Il ne faut pas être du métier, mais au moins connaître ce distinguo relatif/absolu., qui change parfois la donne versus les annonces médiatiques.
J'en ai déjà relayé une illustration pédagogique simple en vidéo, dans le dossier Pour qui sonne le gras? (le cas des statines).
Les pros, eux aussi, demandent qu'on soit plus clair dans la comm'; lire par exemple cette publication: "Communications trompeuses sur les risques" https://www.bmj.com/content/341/bmj.c4830, par Gerd Gigerenzer et al., du fameux Max Planck Institute (DE)Traduc par robot:
"En 1996, une étude sur le dépistage par mammographie a fait état, dans son résumé, d'une réduction de 24 % de la mortalité par cancer du sein ; une étude réalisée en 2002 a annoncé une réduction de 21 %. En conséquence, les brochures sur la santé, les sites web et les invitations font état d'un bénéfice de 20 % (ou 25 %). Le public sait-il que ce chiffre impressionnant correspond à une réduction d'environ cinq à quatre femmes sur 1000, c'est-à-dire 0,1 % ? La réponse est non. Dans un échantillon représentatif de neuf pays européens, 92 % des quelque 5 000 femmes ont surestimé le bénéfice d'un facteur 10, 100 ou plus, ou ne le savaient pas. Par exemple, 27 % des femmes au Royaume-Uni pensaient que sur 1 000 femmes dépistées, 200 mourraient moins d'un cancer du sein. Mais les patients ne sont pas les seuls à être induits en erreur. Lorsqu'on leur a demandé ce que signifiait la « réduction de 25 % de la mortalité due au cancer du sein », 31 % des 150 gynécologues ont répondu que pour 1 000 femmes dépistées, 25 ou 250 femmes de moins mourraient."
Les curieux liront les réponses d'autres pros de la stat: https://www.bmj.com/content/341/bmj.c4830/rapid-responses, mais moi, éducateur de rue du net, j'insiste sur la lecture par des profanes: le risque absolu est bien plus parlant pour nous.
J'en ferai demain une illustration par un tableau de stats que j'ai retravaillées: une étude américaine démontre qu'on évite des récidives de cancer du sein en faisant de l'exercice. J'expose les valeurs de risque absolu, les lire à l'aise rend plus circonspect face à de telles annonces.Avant cela, deux liens pour mieux comprendre la différence entre risque relatif et absolu:
1/ Un exposé simple et pédagogique chez https://www.nutriting.com/conseils/quantifier-risque-alimentaire: "Risque alimentaire : la notion de taille d’effet pour le quantifier".
Lire à partir de "Le risque relatif : un premier indicateur du risque alimentaire": "Afin de comprendre le risque relatif, l’idéal est de raisonner sur un exemple (ici totalement fictif). Imaginons que nous ayons une forte intuition selon laquelle le barbecue serait un facteur de risque du cancer du côlon. Afin de quantifier cet effet, prenons une cohorte de 800 personnes : par exemple des étudiants d’une petite faculté de province. Sur ces 800 personnes, nous allons distinguer (par le biais d’un questionnaire) les gros consommateurs de barbecue des autres."
En quelques paragraphes, vous ne pourrez plus ignorer la différence entre risque relatif et absolu
J'ai déjà chanté les louanges de Nutriting (et ajouté un petit in cauda venenum, ma signature): Pourquoi on aime Nutriting
2/ Sur le blog de Bernard Bel, veille scientifique, une illustration avec la fable du vax Pfizer qui "se présente avec une efficacité (réduction de risque relatif) de 95.1 %" (ne me dites pas que vous ne vous rappelez pas les nouvelles d'alors!) alors que dans la réalité "la réduction de risque absolu est de 0.7 %".
Lire Réduction de risque absolu -> https://lebonheurestpossible.org/covid-19-vaccins/#reduction-de-risque-absolu
Ce blog-ci regorge de références à celui de Bernard, qui étudie les mêmes sujets, mais les expose sur un autre ton et dans un autre déployé, plus technique. On se complète bien!
Cet article n'est pas un tuto, ce n'est qu'un partage à d'autres profanes de ce que moi, tout aussi profane en médecine, ait pu comprendre des décodages d'études scientifiques depuis trente ans que je me renseigne. Ce billet vient compléter le chapitre à venir: lire sereinement la doc' scientifique internationale.
3/ En vidéo, par le prof de statistiques Norman Fenton, super pédagogue: Absolute versus Relative Risk Revisited
J'ai capté l'introduction avec sous-titres français. Prenez la peine de regarder la totalité, il parle ensuite des traitements.
Ces concepts sont importants à comprendre car, selon la FDA elle-même, https://www.fda.gov/about-fda/reports/communicating-risks-and-benefits-evidence-based-users-guide (2018) « Les patients peuvent être indûment influencés lorsque les informations sur les risques sont présentées en utilisant une approche de risque relatif; cela peut aboutir à des décisions sub optimales. Un format de risque absolu devrait être utilisé ».