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12.11.24 La copine pour qui j'ai écrit le billet précédent: "Risque relatif ou absolu: leçon de choses, ne pas se laisser tromper" réagit de manière véhémente.
Je publie ici ma réponse: non, TOUS les médecins ne sont pas inconscients et aveugles. La plupart ont de bonnes raisons de ne pas vouloir savoir.
Au passage, une petite image: Big Pharma n'est pas l'industrie du cancer, elle *est* un cancer.
Aussi un lien vers un long superbe article du docteur Reliquet: "La médecine basée sur les preuves, ça n’existe pas".
Effectivement cet exposé sur RR et risque de base assez interpellant ! On manipule les chiffres comme on veut!!!
Maintenant, me faisant comme d habitude l avocat du diable, est ce que tu penses vraiment que TOUS LES MÉDECINS sont à ce point pourris pour vendre à tout prix leurs traitements ou alors c est simplement qu ils ont comme nous subi le lavage de cerveau de ceux qui veulent absolument avoir raison…
Ça me pose vraiment question : sont ils tous si malintentionnés ??Effectivement cet exposé sur RR et risque de base assez interpellant ! On manipule les chiffres comme on veut!!!
TOUS LES MÉDECINS: eh non, c'est tout le discours que j'ai développé pendant la crise covid.
Tu as raison, je vais reformuler comme je l'ai toujours fait: parler de "médecine" plutôt que de "médecins". Ainsi, pas d'ad hominem, on comprend qu'il s'agit d'un système.
Pas mal de médecins comme ton cardiologue rejoignent l'AIMSIB - AIMSIB: Association Internationale pour une Médecine Scientifique Indépendante et Bienveillante https://www.aimsib.org. Bien des médecins, souvent homéos, tiennent un discours critique, mais n'en font pas tout un tabac sur la toile.
Pour comprendre comment les médecins, débordés, se font parfois avoir par des annonces médiatiques biaisées, il y a plein de facteurs qui interviennent:
Si je me laisse aller, je trouverai encore dix raisons qui font qu'ils suivent le mouvement parce qu'une société entière les emmène, parce que psychologie des foules, etc.
Heureusement! Si tous étaient des de Lorgeril, je ne sais si on pourrait leur faire confiance, il est trop rebelle à l'autorité, il n'en fait qu'à sa tête
Il faut penser "système" plutôt qu'individus. Les médecins eux-mêmes, charmants, parfois, ne pensent pas à mal. Notre ami commun JD, qui surprescrivait, n'était pas un mauvais bougre. Mais il était pris dans les rouages d'un système plus grand que lui. Il préférait largement le golf à sa pratique médicale... Encore un autre facteur
Même les labos pharma, qu'on appelle Big Pharma désormais pour signaler un système plus que des individus, ne sont pas des diables. On dit d'eux qui sont l'industrie du cancer (titre d'un livre du grand journaliste d'investigation américain Ralph Moss qui est spécialisé en cancer: "Cancer, Incorporated: The Inside Story of the Corruption, Greed & Lies of Big Pharma "). Je ne les vois pas comme ça, je les vois comme un cancer de nos sociétés.
Je m'explique dans un autre article: " Une cellule cancéreuse ne se développe pas par la faute à pas de chance.... "
L'évolution de Big Pharma est pareille à la création du cancer par perte de lien d'une cellule avec sa programmation originelle: on voit tant et tant d'auteurs prétendre que les labos nous veulent du mal. Cela fait 4 ans que je m'entête à répondre sur fb que c'est faux. Ils se comportent en amibes, détachées du bien commun: alles voor mij, niks voor den ander (tout moi rien pour les autres, en bruxellois). Ils se comportent en cancer, ils n'ont que la survie de leur industrie en tête.
C'est tiré par les cheveux peut être? Il faudrait que je trouve un auteur qui l'exprime autrement. Je ne dois pas être la seule à penser cette métaphore... En tout cas, comme on peut guérir d'un cancer et même réinformer les cellules cancéreuses pour qu'elles rentrent dans le rang, ça nous donne espoir qu'on puisse revenir à plus de sagesse dans le monde médical.
L'objectif de mes billets n'est pas d'attaquer la médecine en général ou les médecins en particuliers; ils ont assez morflé ces dernières années, où tant de gens ont perdu confiance. Mon dossier est écrit à l'intention des personnes autonomes qui veulent étudier un sujet spécifique (ici le cancer, les traitements conventionnels et alternatifs): je dois donc les mettre en garde contre des confiances aveugles dans l'énoncé du médecin de famille ou du spécialiste; ou encore dans les résultats d'études scientifiques. Les remettre en contexte, pour qu'on sache à quoi s'en tenir, en quelque sorte.
J'ai beaucoup hésité à écrire ce dossier car, pour rendre lucide, il faut souligner ces faits; mais en même temps je ne veux pas couper le lien de confiance avec "celui qui m'a sauvé" (médecin, véto, dentiste, etc.). Or, on marche sur un fil très ténu. Car à force de billets "regardons les choses en face", le lecteur peut soit basculer complotiste, soit refermer le bouquin: "ras le bol de ces questionnements"
Ce qui est d'ailleurs un des facteurs qui s'ajouterait à l'énumération ci-dessus, une des raisons pour lesquelles un gentil médecin en a marre de se poser des questions à tout bout de champ, il veut rester dans son champ technique. Car c'est la technique médicale qui l'a séduit au premier chef.
Super réponse … là j adhère à fond!! Clame ça haut et fort car ça respecte tout le monde !!
On peut mal comprendre mon discours, car j'écris en confettis sur fb, et je rapatrie sur le blog en billets séparés. Or, il faudrait un livre entier, bien structuré. On entre ici en confrontation avec ma némésis perso: plus personne ne lit de livres, "on" ne lit plus que des billets (et encore les miens sont trop longs).
Le lecteur n'a donc qu'une vision parcellaire d'un discours qui est lui même forcément biaisé (tous, nous avons des croyances, nos exposés en sont le reflet). Il ne voit pas le contexte, celui que l'auteur a normalement exposé dans l'avant propos ou que le préfacier a éclairé - s'il s'agit d'un livre. Sur le net, le lecteur ne voit que le niveau 1, premier degré, car souvent il ne lit qu'un billet à la fois puis saute sur un autre blog, dans ce grand "livre de sable" qu'est le net (selon le titre d'une nouvelle de JL Borges). Il émet alors des jugements, ce qui est normal; jugements hors de la pensée de l'auteur, ce qui est aussi normal vu les confettis sur le net.
A lire des billets similaires aux miens, on pourrait élaborer des discours complotistes, si on ne voit pas la totalité des écrits. Or, je me revendique complétiste: je complète les infos qui manquent ;)
J'en profite pour te partager une lecture passionnante pour une pro du médical comme toi: un numéro du magazine "Du neuf pour ma santé", écrit par le docteur Reliquet, portant sur la fiabilité de la littérature scientifique actuelle.
Intro:
"La médecine basée sur les preuves, ça n’existe pas Je suis bien conscient que si un médecin lit ce titre, il en lâchera son journal et tombera de sa chaise, frappé d’horreur et de stupéfaction. Évidemment que j’exagère, dans un monde parfait, l’Evidence Based Medicine ou EBM (Médecine basée sur les preuves ) pourrait aider considérablement à faire progresser la qualité des diagnostics, des pronostics et des traitements en médecine. Seulement voilà, s’est invitée dans l’équation une variable diabolique : l’intérêt financier. Depuis ce jour-là, les études les plus importantes sont devenues les plus inintéressantes, et je vous le prouve. "
Le magazine ne se trouve plus, mais j'en ai vu un partage sur https://www.calameo.com/books/00733067864919ee600aa par De Mortemart
C'est un beau tour d'horizon de ce que la littérature médicale internationale propose, depuis les études de cas jusqu'aux méta-analyses. Cette lecture est tout à fait passionnante, et bien documentée. C'est le regard d'un praticien de terrain, rationnel et rigoureux, sur ce qui est devenu une foire d'empoigne entre grands labos.
Le sujet ne me passionne pas assez, je ne lirai pas le livre du docteur Clapin cité par le dr Reliquet dans son article.
Reliquet le présente ainsi: "J’ai imaginé, un jour, qu’il serait instructif et distrayant de décrire tous ces biais dans un même ouvrage. J’ai reculé devant l’immensité de la tâche, jusqu’au jour où je me suis aperçu que ce travail avait déjà été réalisé avec maestria par le Docteur Alexis Clapin, neurologue français, en 2018. 120 pages de biais possibles en fonction du type d’étude épidémiologique utilisée : un cauchemar pour les chercheurs intègres, mais un bonheur absolu pour les malhonnêtes de tout poil. "
Présentation de l'éditeur:
Comment déceler/créer une étude biaisée ?
Patients traités avec des médicaments qui ne leur étaient pas officiellement destinés, effets indésirables très vite suspectés, voire connus à l’avance, doute sur la responsabilité du médicament ou démonstration publique de celle-ci, menaces ou attaques contre les lanceurs d’alerte, et enfin mensonges, incompétence ou corruption pour cacher ou enterrer ces « affaires »…
Voilà les scandales médicaux auxquels on a presque fini par s’habituer. Ils ne sont pourtant que la partie émergée d’un système d’enquêtes et d’évaluation des médicaments où l’intérêt des malades paraît pour le moins secondaire.
Cet ouvrage analyse ce système et met au grand jour la face cachée des enquêtes et des évaluations dont l’objectif relève avant tout du marketing : il s’agit bien, d’abord, de promouvoir un produit. Et tous les moyens sont bons pour « démontrer » qu’un produit est efficace ou bien toléré.
De l’erreur involontaire, peut-être même inévitable, à l’art de la fraude consciente, voici décrypté comment on peut, de manière plus ou moins subtile, fausser les résultats des études afin de favoriser la mise en vente d’un médicament.
Le docteur Alexis Clapin, neurologue de formation, a travaillé pendant vingt ans dans l’industrie pharmaceutique, principalement dans le domaine médical et médico-marketing, et a évalué de très nombreuses études et enquêtes vantant les qualités des médicaments.
Cette expérience lui a permis de découvrir les multiples manières de fausser les résultats des évaluations des médicaments pour les faire apparaître mieux tolérés ou, surtout, plus efficaces qu’ils ne le sont en réalité.
Au-delà de cette analyse critique s’appuyant sur près de deux cents références scientifiques, l’auteur propose des solutions simples pour éviter que des médicaments inefficaces soient mis sur le marché – solutions qui, malheureusement, ne semblent pas près d’être acceptées.