taty lauwers

cuisinez selon votre nature

en quête d'un devenir-soi nutritionnel

Quels sont les mécanismes qui régulent le taux de sucre dans le sang? Et les dérèglements possibles?

15.10.2024 Parmi les extraits du topo expert Itinéraire de décrochage des sucres, compagnon de Cinglés de sucres, aujourd'hui: que font l'insuline et le glucagon après un repas, comment se développe l'insulinorésistance.
Voir la table des matières


Attention: très long billet, mais je suis consciente que ces billets ne sont lus que par des élèves en Profilage alimentaire® et par des passionnés de cette approche. Ils sont en général curieux et patients! L'objectif de ce billet n'est pas un cours. J'expose à l'intention des praticiens des éléments de langage pour expliquer clairement les mécanismes de la dysglycémie à un patient/client.

Sommaire. Les bases expliquées à ma grand-mère - La résistance à l'insuline en vidéo, avec le docteur Allouche - La résistance à l'insuline chez Bernard Bel - Les taux de sucre normaux - En poster - Tester chez soi - C'est la moyenne qui compte - Les insulinofaiblards - solution simple

Les bases expliquées à ma grand-mère

Le corps humain accepte une proportion de "sucre" dans le sang très précise. La zone de confort se situe entre 0.8 et 1.1 grammes de glucose par litre de sang, si l'on excepte quelques petites pointes après certains repas.

Deux hormones se mettent en branle au principal pour réguler les taux de sucre dans le sang -- taux de sucre qui augmentent, on s'en doute, après l'ingestion de pâtisseries... mais aussi, chez certains mangeurs, après l'ingestion de pain, blanc ou complet, de fruits, et même... de viande. Les taux de sucre s'élèvent aussi sans manger, en cas de stress soudain ou permanent: une peur au volant, une colère du patron, un début de bagarre et zoup! le corps produit tout seul du sucre.

Voir un poster exposant en images très simplifiées ce qui se passe lors de ces montagnes russes d'ensucrage, chez un enfant:

 

Ce graphique se trouve pages 20-21 de Cinglés de sucres, dernière édition. L'explication en chiffres: page 23.

Faites le calcul: adulte, nous avons en moyenne 5 litres de sang, multipliez ce grammage d'environ 1 gramme par litre par 5, vous en concluez que le corps aime retrouver 5 grammes de sucre circulant dans le sang, l'équivalent d'UNE cuiller à café. Pensez avec indulgence à votre tendre associé lorsque vous mangez un plat de pâtes suivi d'un beau gâteau au chocolat: il reçoit alors bien plus que la minuscule dose qui lui est confortable.

Ces deux hormones gluco-régulatrices sont l'insuline et le glucagon, elles sont toutes deux produites dans le pancréas. Elles s'équilibrent comme le yin et le yang de la tradition chinoise. Après un repas, l'insuline diminue le taux de sucre lorsqu'il est excessif. Entre les repas, le pancréas veille à garder la glycémie dans les normes, le cas échéant à remonter le taux de sucre (la glycémie).

 

L'insuline intervient lorsque l'ensucrage dans le sang est excessif: elle fait le balai, en quelque sorte. Elle chasse l'excès de glucose dans les muscles, pour que vous puissiez l'utiliser pour courir, car ce sucre est une forme d'énergie possible pour les muscles (stocké dans les muscles sous forme de glycogène). Il n'est que de voir les gamins après un gâteau d'anniversaire: ils DOIVENT se défouler. C'est une réaction naturelle.

Lorsque les muscles ont reçu leur dose et s'il reste trop de sucre dans le sang, l'insuline chasse le glucose en excès vers le foie, qui à son tour va chercher qu'en faire: tiens, si j'en faisais du gras? Le sucre en excès, non brûlé par les muscles, devient de jolies petites cellules graisseuses. Ce que l'on ne voit pas et qui méritera quelques photos dans le Rocky Horror Picture Show du prochain billet: ce gras gluant s'insinue entre et autour des organes, les étouffant en quelque sorte. C’est en particulier le cas du foie, qui devient alors un « foie gras » (officiellement : stéatose hépatique  ou NASH, non alcoholic steato-hepatitis).

NB. L'insuline a bien d'autres effets, elle est aussi une hormone de stockage: tant qu'elle est active, elle empêche les tissus adipeux de relâcher leurs graisses. La plupart des auteurs promeuvent le contrôle de l'insuline non pour des raisons de bien-être nerveux et immunitaire, comme je le fais ici, mais pour... mincir!

Revenons au circuit "sucre et après?". Quelques heures après un repas, la glycémie diminue si l'insuline a bien fait son boulot de balayer l'excès de glucose vers les muscles et le foie. Le glucagon entre en jeu, mettant l'insuline à l'arrêt: "à mon tour de jouer". Son rôle est de signaler au foie et aux muscles qu'ils peuvent libérer le glycogène (le nom pour la forme de sucre à ce stade) et le relarguer dans le circuit sanguin, pour que le corps dispose d'assez de glucose pour fonctionner. Eh oui, ça se complique: pas trop de sucre, mais pas trop peu non plus.

Certains sujets vivent des réactions excessives du couple insuline/glucagon: après l'ingestion de sucre, l'insuline grimpe plus haut que la moyenne; ce qui invite le glucagon à surréagir aussi et à diminuer la glycémie à des taux tellement bas que le cerveau crie alerte: "il faut vite manger pour revenir au seuil normal". Ce que j'ai représenté dans le graphique illustrant ce qu'on appelle "hypoglycémie réactionnelle" en Naturoland.

La résistance à l'insuline en vidéo, avec le docteur Allouche

Il faut désormais des vidéos plutôt que des articles - et en français siouplait, alors voici: chez BeurFM, le docteur Allouche expose clairement ce qu'est l'insulinorésistance et comment on la détecte. Des maladies considérées comme gynécologiques ou rhumatologiques (le PCOS ou l'arthrose) peuvent avoir leur source dans l'insulinorésistance. Cette dernière se marquait souvent après quarante ans, mais chez les jeunes, ce seuil semble baissé. "Comprendre la résistance à l'insuline et comment l’inverser ! avec le docteur Réginald Allouche"

NB.
Je ne reprends pas ce médecin de plateau pour la précision de son discours, car il aime tant se montrer qu'il finit par dire tout et n'importe quoi. Ce serait un petit jeu avec des élèves en nutri de repérer toutes les inepties mal informées qu'il profère dans d'autres vidéos. Comme tous les médecins de plateau, hélas! Ils sont piégés par leur propre désir d'image, le miroir obscurcit le jugement. Je reprends le cas Allouche, car il y a 20 ans, on n'aurait jamais imaginé qu'un médecin tout ce qu'il y a de conventionnel, allopathique pur jus, hyperinterventionniste en outre, arrive à parler au grand public du lien entre glycémie et inflammation chronique.
Ce sujet était réservé aux alter-nutritionnistes auparavant, ce qui réduisait le champ des possibles pour le grand public, qui ne les lisait ni ne les entendait.
Youpie, donc!

Par parenthèses, dans cette vidéo, le médecin préconise l'ingestion de metformin pour réguler la glycémie. Sachez qu'on peut obtenir les mêmes effets avec de la berbérine, sans les effets secondaires - et bien sûr, avec une réforme d'hygiène de vie simple: un peu d'exercice physique au grand air et surtout un changement de diète profond (peu de produits hypermanufacturés, des nourritures vraies, en dosant les glucides à moins de 100 grammes par jour). Faites confiance à votre particien, mais notez que tout n'est pas rose. La prudence est de mise. Chez https://base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr/ Effets indésirables très fréquents - metformin (observés chez plus d'une personne sur 10): troubles digestifs, tels que nausées, vomissements, diarrhées, maux de ventre (douleurs abdominales) et perte d'appétit. Voir aussi une étude comparant la metformin et la berbérine: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5839379/ (corriger la première phrase de ces chercheurs chinois: la metformin n'est pas utilisée depuis des siècles, mais depuis les années '60).

La résistance à l'insuline chez Bernard Bel

En un mot, l’insulinorésistance  est un mécanisme protecteur des cellules contre une surcharge glycémique. J'ai trouvé sur le blog de veille scientifique de Bernard, un autre documentaliste sur les mêmes sujets que moi, une merveilleuse illustration en images du phénomène des cellules bourrées de glucose que l'insuline n'arrive pas à gérer:

 

Il compare ce mécanisme à ce qui se passe dans le métro japonais : le glucose sanguin est représenté par les passagers attendant sur le quai, l’insuline par les pousseurs. Le problème n’est pas que les portes de la voiture ne s’ouvrent pas (récepteurs inactifs) mais que les pousseurs ne peuvent plus faire entrer de passagers quand la voiture est pleine. Autrement dit, l’insulinorésistance est associée à un excès, et non un manque, de glucose dans les cellules. Comme l'illustre Bernard dans cet article, la solution conventionnelle médicale pour "soigner" les diabétiques ne prend pas cela en compte, ce qui explique son inefficacité.

Dans le billet suivant, sous forme de poster, L'insulino-résistance ou le prédiabète, j'expose en images comment comprendre quand votre corps s’épuise à produire de l’insuline. et pourquoi les sucres importent moins que votre réaction individuelle au plan hormonal.

Les taux de sucre normaux

Après une nuit de jeûne naturel, la glycémie devrait se situer entre 0,7 et 0,99 g/litre de sang (chez un diabètique, on tolère une glycémie à jeûn jusqu’à 1,26g/l).

Trente à soixante minutes après un repas ordinaire, on évalue comme normaux des taux jusqu’à 1,2g/litre (chez un diabètique, on accepte qu'une à deux heures après le repas ce taux soit à 1,8 ou même 2g/l). Il est clair qu’après une dînette de pur sucre, ce taux est modifié.

NB céto. Ces chiffres sont un peu différents chez les pratiquants de la diète cétogène, car à force de calmer le circuit de l'insuline, certains mangeurs ont une glycémie à jeûn plus basse que 0,7g/l: 0,55g/l est le taux que l'on cherche à obtenir lorqu'on souhaite contrôler un cancer par la diète cétogène. Le mangeur céto-adapté connaît ces taux sans ressentir les malaises habituels de l'hypoglycémie réactionnelle que j'ai décrit plus avant, car la glycémie basse n'est pas due à une surréaction du glucagon voir mais bien à un calme hormonal tout à fait naturel en cétogène.

En poster

Un version plus simple de ce graphique se trouve pages 28-29 de Cinglés de sucres, dernière édition.

D'autres déséquilibres de notre couple insuline/glucagon peuvent survenir. Après des années de surstimulation, il arrive que le métabolisme baisse les bras et laisse faire: on retrouve alors en permanence des taux élevés de sucre dans le sang -- situation que l'on nomme insulinorésistance. En gros et en travers, les cellules n'entendent plus les signaux, elles ne captent pas que de l'insuline circule ou (qui saura?) elles décident de ne plus accueillir d'excès de glucose par un réflexe de survie.

L'insuline a bien de la peine à continuer à balayer mais ne trouve plus de lieu où stocker l'excès; trop de sucre continue à circuler dans le sang (situation d'hyperglycémie, pas plus confortable que l'hypoglycémie réactionnelle). La conséquence: vous vivez avec des taux de sucre élevés en permanence, vous vous caramélisez de l'intérieur, quoi. Ce qui peut endommager les circuits précocement, vous vous en doutez. Ce sucre circulant est parfois transformé en triglycérides, stocké dans les graisses. Si le médecin se préoccupe du taux de cholestérol, un praticien attentif à la glycémie surveillera plutôt le taux de triglycérides (idéalement < 1.2 g/L).

D'autres médecins avancent que c'est quand le corps trimballe trop de gras viscéral que la situation s'installe. Mais ce gras s'est construit à la faveur de l'hyperglycémie, souvent ! Maman, où est la poule, où est l'oeuf?

Quel que soit le fin mot de l'histoire, soyons réalistes: ne laissons pas la situation s'aggraver ou même perdurer. Le corps souffre! Le pancréas s'épuise à produire de l'insuline, le corps entier s'affaiblit à devoir gérer cette hyperinsulinémie permanente. Au fait, je ne l'avais peut-être pas dit, mais les hormones ne jouent pas en solo, elles sont une symphonie finement réglée au sein du système dynamique complexe qu’est le corps humain. Un dérèglement de l'insuline impacte quasi toutes les autres hormones.

L'état normal de l'humain est de pouvoir sentir quelles hormones circulent: il est insulino-sensible. Nous sommes moins nombreux en Europe qu'aux States à être insulino-résistants. La majorité de nos compatriotes européens sont insulinosensibles, ce qui explique que nous ne devons pas en passer par des diètes aussi radicales que nos cousins américains. Chez nous, on peut pratiquer la paléo ou le low-carb en free style!

Répartir les mangeurs entre insulinorésistants (IR) et insulinosensibles (IS) explique aussi pourquoi un certain nombre de régimeurs prospèrent dans  un plan de réduction calorique et lipidique: ils étaient insulinosensibles, tiens (voir le billet sur l'étude de Gardner sur le sujet). Les pauvres multirécidivistes de régimes qui finissent la taille épaissie à force de régimes (!) sont très souvent IR.

Parlons profils :  j'observe que beaucoup de cueilleurs de nature restent insulinosensibles même après 40 ans, sauf accident de vie; alors que les chasseurs francs sont plus aisément insulino-résistants à cet âge.

NB Pour comprendre le profilage selon Cueilleur ou Chasseur
Pour une vision plus technique, toujours par un profane, rendez-vous sur le blog de veille scientifique de Bernard Bel

Tester chez soi

Ceci est un test pour des profanes qui pensent être sensibles aux sucres. Je ne m'adresse pas aux diabétiques, qui feront confiance àleur diabétologue.

Vous pouvez tester ce phénomène d'insulinorésistance en laboratoire, votre médecin connaît les codes; mais vous pouvez aussi soupçonner ce dérèglement par un petit test maison assez excessif, qui reproduit le test connu des femmes enceintes d'hyperglycémie provoquée par voie orale (HGPO). Il vous faut un glucomètre (lire l'article ad hoc).

 

  1. demandez à un ami de vous prêter un glucomètre (trois coups de fils suffisent, vous en trouverez vite un, car les diabétiques sont légion);
  2. testez la glycémie juste avant le test du point 3 (mettons que vous lisez une valeur de 90mg/dL)
  3. dégustez un gâteau hypersucré (100g ou une grosse portion de tarte au sucre, qui apporte 7 U.S., équivalent du taux de sucre qu'utilise un laboratoire pour tester l'intolérance au glucose);
  4. testez la glycémie à l'aide du glucomètre:
  • après 45 minutes - la valeur peut aller jusqu'à +- 180 mg/dL, selon votre sensibilité et selon les normes officielles.
    La dose de sucres seuls était élevée - si la valeur est de 200mg ou plus, c'est déjà un signe à noter
  • après 1h30 - la valeur devrait avoir baissé à moins de 150mg/dL
  • après 2h30 (vous devriez être revenu à moins de 120 mg/dL, idéalement 100mg ou moins)

 

On peut faire le test moins violent, en dégustant un repas complet suivi d'un petit dessert ordinaire: 45 minutes, 1h30, 2h30. Noter surtout le délai de retour à la quasi-normale.

NB 2025. J'ai réuni tous les carnets d'autoévaluation rayon glycémie dans un seul pdf

Chez une personne IS, la glycémie monte à peine ou tout au moins à maximum 120mg/dL (normes officielles). Par ailleurs, elle revient vite à <1g/l. Après 1h30 il est normal qu’avec autant de sucre ingéré,  le sang indique un taux de 130 mg/dL. Chez les plus fragiles, qui ne sont pourtant pas prédiabétiques, ce taux peut être de 160-180 mg/dL. Après 2h, il devrait être revenu autour du gramme. Si la glycémie reste élevée après 2h, demandez à votre médecin de vérifier l'insulino-résistance par un test de labo. Au prochain test sanguin, vous pourriez lui demander de vérifier votre taux d'HbA1c, qui révèlerait votre taux de glycémie moyen lors des mois passés (bien que la validité de ce test soit remise en cause depuis peu).

Un exemple concret: Jeanne se doute qu'il y a un souci du circuit insuline/glucagon chez elle, car ses derniers tests de labo indiquent une glycémie à jeûn de 120 mg/dL (à jeûn, elle devrait être de 90 maximum pour être dans les "normes" ). Mais zut alors, elle mange pourtant très sainement, bio, alimentation vivante et tout le toutim. Eh oui, si ce mode alimentaire est permanent, il  peut dérégler la glycémie chez une personne encline à mal gérer les sucres, car l'assiette "vivante" est très riche en sucres divers.

Jeanne pratique donc ce petit test. 14h: une bonne part de tarte au sucre (un grand classique en Belgique). 15h30: la glycémie est montée à 210 mg/dL. 16h30: toujours 210mg. 18h: le taux de sucre commence à baisser. L'organisme de Jeanne a clairement un petit souci de signalisation et de camion-balai, car à 16h30 elle devrait n'avoir qu'environ 1 gramme de glucose dans le sang. Ses hormones ont donc mis plus de 2h30 pour nettoyer le terrain.

NB initiés: les valeurs pour la glycémie à jeun sont supérieures pour diagnostiquer un vrai diabète, mais ici on veille à prévenir plutôt que guérir et à repérer l'IR.

On retient donc que, si la glycémie peut faire des petites excursions vers le haut, c'est le délai de redescente à la norme qui compte. Plus il est long (2 heures ou plus), plus on soupçonne que les organes souffrent et qu'on risque, un jour, que le pancréas n'ait plus fort envie de produire de l'insuline. On sera alors en diabète franc, pas jouasse.

Dès qu'on veut s'autoévaluer sérieusement, on peut pratiquer les mêmes tests plusieurs jours d'affilée. On verra ainsi quels aliments et quelle combinaison fait augmenter la glycémie individuellement. Une annexe "Evaluer votre réactivité glycémique en chiffres" est page 159 de Cinglés de sucres, dernière édition.

Plus curieux encore de la physiologie? Dégustez le même type de gâteau que lors du test, mais faites trois fois le tour du bloc en courant juste après la consommation. Ou une longue promenade, ou du fitness. Vérifiez vos valeurs de glycémie: elles seront peut-être bien différentes, puisque vous venez d'envoyer le glucose circulant remplacer le sucre consommé par les muscles...

Si vous disposez d'examens sanguins relevant des taux d'insuline à jeûn, d'Homa, de glucose à jeûne et d'HbA1C, vous aurez déjà une indication que votre médecin décodera. Ci-dessous un tableau des valeurs d'HbA1C et leur rapport à la glycémie moyenne. Votre médecin acceptera un taux de 7, votre naturo ou médecin fonctionnel sera plus prudent: restons à 5 ou moins.

Glycémie: c'est la moyenne qui compte

On va ici essayer de se démontrer que, contrairement à ce que certains auteurs low-carb excessifs prétendent, on peut très bien faire de petites excursions glycémiques si l'on est redevenu insulino-sensible, càd si l'insuline est en forme. Et ce, à condition d'avoir été insulinorésistant simple, NON franc diabétique de type II (ce qui est du ressort d'un médecin).

Je prétends, sur la base de témoignages, dont le mien propre, qu'un prédiabétique peut redevenir insulinosensible, si l'on fait quelques petites cures espacées d'une forme de Décrochez-des-sucres. Je n'ai pas l'expérience de l'effet d'une diète cétogène sur l'insulinosensibilité, mais cela n'exclut pas qu'elle pourrait être utile. On ne doit pas aller si loin et si fort pour un effet, en tout cas.

Mon cas perso: j'ai été annoncée prédiabétique par le médecin de famille lorsque j'avais onze ans. J'ai dû tirer cette fragilité pendant longtemps, si j'en juge par la kyrielle de maladies que j'ai vécues. Ce n'est que depuis quinze ans (j'en ai 70) que j'ai normalisé mes rapports au sucre, après avoir fait quelques répétitions d'une cure de quinze jours en Décrochez-des-sucres, réparties sur deux ans, suivies chacune de la prise de berbérine pendant une quinzaine. Or, je ne suis pas les critères de la prétendue "diète Méditerranéenne" des études scientifiques ad hoc, qui n'a rien de méditerranéen: je mange des desserts, souvent; je ne mange pas de céréales complètes mais du pain et des pâtes blanc de chez blanc (mais bio); je ne me prive pas de viande; je ne mange ni ne cuisine de légumineuses ou d'oléagineuses.

Si je dois évaluer en chiffres ma conso de glucides, hors cures, je suis autour de 80 grammes de glucides par jour grand maximum (même les jours sucrés = 8 unités sucres selon les codes de mes topos). Il n'est pas rare de voir des mangeurs type "sains" consommer jusqu'à 200 grammes par jour ;) - ce qui convient à certains profils, mais pas aux omnivores selon mes classifications.

Si quelqu'un veut témoigner de son propre retour à l'insulinosensibilité, et des moyens employés? Dans le monde low-carb, il court comme une ritournelle quil faut s'en tenir en permanence à ce mode alimentaire. Des études ont démontré que l'exercice régulier et soutenu (cardio ou résistance) est souverain pour inhiber l'insulinorésistance, je n'en connais pas à ce jour qui auraient démontré l'inversion. Perso, le tennis en simple, fréquent, n'a rien fait pour mon cas. Seule la diète à renversé la vapeur.

Si les résultats du test ci-dessus ou les examens sanguins indiquent un réel problème d'insulinorésistance, il faudra être strict pendant deux à trois fois quinze à trente jours, histoire de réguler son insulinosensibilité. Mais, dès lors que cette dernière est atteinte, on ne devra plus de focaliser sur "carbs are villains" selon l'expression anglophone (l'ennemi c'est les glucides). Je comprends que pour certains praticiens (comme mon cher docteur Eades), il faille tenir un régime strict toute sa vie, mais il n'a peut-être pas l'infinie confiance que j'ai dans les capacités du corps à s'auto-réguler. Cette confiance est le propre des alterpraticiens, je crois. Ecrit avec un clin d'oeil: les médecins conventionnels comme Eades ont plus confiance dans LEUR propre capacité à me réguler ;)

Bref. Le pitch: c'est la moyenne de glycémie sur la journée qui compte. Pour qui aime les chiffres, projetons mon quotidien, puisque je dispose de mes tableaux (de temps en temps je refais le test ci-dessus, chez moi, avec un glucomètre ordinaire). Je simule des menus identiques, mais je ne mange jamais aussi régulièrement. Il m'arrive de ne manger que deux fois par jour: à midi et à 17h; parfois je fais des jours maigres comme en Stop & Go, quand mon foie le demande; parfois je ne mange quasi que du végétal, parfois quasi que du carné. Ceci est donc une fiction pour le contenu, mais pas pour les valeurs de glycémie.

Toutes les valeurs sont en mg/dL. J'indique en italiques ce qui est occasionnel dans mes consommations.

  • A jeûn, soit à 5h: 83
  • 30 min et 1h après le petit déjeûner salé à 9h (pain beurre fromage en général): 90
    (cas occasionnel: petit déjeuner sucré, pain beurré avec ma confiture maison ou flocons d'avoine au lait fermier et sucre, , la glycémie pousse jusqu'à 120 - pendant 1h, ça ne changera quasi rien à la moyenne)
  • Je reste autour de 90 tout le reste du jour sauf:
  • 30 min' après le repas de 13h, toujours suivi d'une petite sucrerie parce que c'est comme ça (repas ordinaire, où je ne me prive pas de glucides, mais où les protéines sont bien présentes - la sucrerie est soit du chocolat soit un dessert maison que je digère bien): 120
  • 60 min' après: 115
  • 120 min' après: 90 (je compterai large, j'évaluerai 1h30 à 115)
  • 30 min' après un éventuel casse-croûte sucré à 16h - type 50g de chocolat ou une crêpe maison à 16h: 110
  • 60 min' après: 100
    (si je veux un dessert de fruits ou du miel, "parce que", la glycémie monte à 140 après 30 min, 120 après 60 min', retour 90 après 120 min)
  • 90-120 min' après: 90
  • 30 min' après une dînette du soir (souvent légère, proche du contenu du repas de midi mais hors sucreries, car je n'en ai plus envie alors)
  • 60 min' après: 100
  • 90-120 min' après: 90

Faisons la moyenne:

  • 90 de moyenne sur les heures d'éveil à jeûn , soit 13h30 à 90 mg/dL
    (17h d'éveil moins les 3h30 ci-dessous, durée d'excursion glycémique)
  • 115 sur 1h30 à midi
  • 100 sur 1h à 4h,
  • 100 sur 1h le soir
  • 83 ou moins pendant les heures de sommeil, soit 7 heures (j'ai déjà eu l'occasion de vérifier lors de mini-réveils)

Résultat: ((90*13.5)+ (115*1.5) + 100+ 100 + (83*7))/24 - ce qui fait environ 89 mg/dL de moyenne. HbA1C devrait être à <5%.
Même si je commence par un petit déjeuner sucré et me laisse aller à quatre heures à mon amour des fruits (qui, eux, ne m'aiment pas..), la moyenne changera à peine: (90*12.5) + 120 + (115*1.5) + 130+ 100 + (83*7))/24 soit 92 mg/dL

J'espère ne pas m'être trompée dans les calculs.

Faites le même calcul avec le cas de votre beau-frère, qui grignote à tout bout de champ, même sans être encore prédiabétique: le taux n'a pas l'occasion de revenir à la norme, la moyenne risque de frôler les 120-140 mg/dL pendant les heures d'éveil. Si on rajoute un coup de stress et un excès de cortisol/norépinéprhine chronique, l'insulinorésistance n'est pas loin...

On est bien d'accord: le vivant ne se prête pas aux équations. Ceci est un petit exercice concret, pour que chacun puisse comprendre son cas personnel, s'il est orienté chiffres, et se rende compte que l'éviction permanente n'est pas une solution. Il faut viser à revenir à l'insulinosensibilité, ce qui permet de manger un peu de tout. Miam!

 

Les insulinofaiblards - solution simple

Le diabète de type II (qu'on nommait chez les Anciens Grecs "diabète sucré", aussi nommé "diabète non-insulinodépendant") survient lorsque le pancréas s'épuise et ne produit plus assez d'insuline, c'est l'insulinopénie. Il survient aussi lorsque le désordre d'un excès insulinique est devenu permanent: les cellules n'entendent plus, comme exposé ci-avant. En fin de grossesse, certaines femmes vivent le diabète de grossesse ("gestationnel") où, sans avoir un historique de prédiabète pourtant, la parturiente connaît des taux élevés de sucres dans le sang, situation qui se normalisera après l'accouchement.

Parfois on arrive à ce que le pancréas ne produise plus du tout d'insuline, ce qui est le signe d'un diabète de type I, qu'on appelait avant "insulino-dépendant" et qui apparaît parfois très jeune.

Dans tous les cas, il y a déséquilibre de la production d'insuline/glucagon. A ce stade, hypo- ou hyperglycémique ou IR, diabètique ou pas, je me permettrai de vous qualifier de "insulino-faiblard" puisque nous sommes dans un ouvrage pour profanes.

Vous n'êtes pas condamné à prendre des médicaments pour faire baisser le taux de sucre artificiellement (médicaments qui consomment le sucre en excès, alias "glucophages", le nom est clair; comme le metformin en classique ou la berbérine en altermédecine) ou pour pallier les carences du pancréas en production de l'insuline (et là c'est... de l'insuline tiens). Vous pouvez tout simplement agir sur les trois plans suivants.

1/ Gérer votre assiette au quotidien: manger moins d'aliments qui produisent de fortes augmentations de sucre dans le sang. Testez la cure Décrochez-des-sucres de mon topo Cinglés de sucres.

NB. Je conseille mes propres cures pour plusieurs raisons : elles contiennent des listes positives et non une série de « pas-de-ci-pas-de-ça » ; je privilégie les nourritures vraies, ce qui magnifie les résultats de la cure ; je déconseille les pseudo-pains, pseudo-pâtes et autres concoctions industrielles survantées en LCHF. En outre, je limite la durée à 15 ou 30 jours pour de très bonnes raisons physiologiques: ces cures thérapeutiques changent des mécanismes très fins. Et enfin, je ne les recommande pas pour maigrir, car elles ne sont pas efficaces. Certes, on mincit vite, mais dès l'arrêt de la cure, on reprend les kilos .... et un petit rabiot. Refrain connu des régimeux.

NB2. Les mêmes aliments ne provoquent pas les mêmes pics de glycémie chez Jeanne, John ou Jules (raison pour laquelle l'index glycémique est un concept dépassé). de nombreuses recherches en cours, comme celle que je relaye dans cet article: "Les réponses glycémiques: c'est très perso" ou Vanité de l'index glycémique (bis)

2/ Gérer vos réactions aux stress. Les naturos adjoignent toujours à leur programme alimentaire des techniques de sophrologie, de respirations, de cohérence cardiaque, puisque ces dernières calment le circuit du cortisol, indirectement lié à la glycémie. Avant de comprendre les phénomènes que j'expose ici, je prenais ça pour de la religiosité...Eh non, cest parfaitement logique. Il est d'ailleurs enthousiasmant de voir que la mouvance de médecine fonctionnelle aux Etats-Unis arrive, force études sérieuses sous le bras, aux mêmes conclusions que la médecine traditionnelle chinoise ou la naturologie. Bientôt une réconciliation? Chouette!

3/ Marcher un peu plus, surtout au grand air, puisqu'ainsi vous brûlez le sucre en excès, les muscles en utilisant, ils feront de la place pour que l'insuline en stocke un peu plus.

Si vous en avez l'énergie, poussez l'exercice jusqu'à utiliser chaque jour des petites haltères: vous vous fabriquerez un plus grand volume de muscle, ce qui permettra de stocker plus de sucre en excès. Ensuite, fort de cette masse musculaire accrue, vous pourrez manger plus d'aliments de type "sucré" sans même devoir faire du sport, puisque vous disposerez d'aires de stockage plus vastes pour que l'insuline puisse disposer du sucre en excès.






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