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Je fais de l'épistémologie de comptoir, mais j'ai des sources: le dr William Briggs

5.11.2022 Bonjour, je m'appelle Taty, j'ai 67 ans et je suis une épistémologue de comptoir. Je voudrais me soigner, mais, seule, c'est trop dur. Merci de m'accueillir aux EA (épistémologues anonymes).

Billet inclus dans le dossier "Le circus virule (ou ce que le covid-19 est venu nous dire"), amorcé début 2020. Répertoire "non-food" de ce site. Je mets ma casquette de Jiminy Cricket, comme pour le dossier à charge contre les Gafam. Je transfère certains des billets écrits en brouillon sur fb pendant le confinement. On les retrouve via le sommaire.

On peut faire de l'épistémologie au café du coin. Dont acte avec ce petit billet mien.

Toute jeune, je demandais en cadeaux d'anniversaire et de Noel des livres de la série "Pourquoi? comment?". Ado, je suivais avec assiduité les après-midi hors scolaire des Jeunesses scientifiques. Au sortir du secondaire, j'ai hésité entre biologiste moléculaire (mon obsession) et interprète de conférence. La facilité l'a emporté: je suis naturellement douée pour les langues et je suis naturellement rapide (essentiel pour un interprète), j'ai pu jouer à la belote pendant mes 4 ans d'étude.

Ma fascination pour les sciences vient d'une grande angoisse: je veux savoir pourquoi et comment les choses s'agencent et se forment. J'aimerais que ceux qui se targuent d'être proscience ou même scientifiques le reconnaissent aussi: c'est une forme d'angoisse existentielle qui les mène dans leur quête des causes et des effets, via la science .

Sans reconnaître cette motivation profonde, on ne peut non plus admettre l'évidence, pour un profane: les scientifiques sont des croyants, comme les autres.

Ceci fait l'objet d'un chapitre entier de mon dossier "Le circus virule": "crise de foi dans la médecine" (en acceptant que la médecine soit une science, ce qui est encore à voir si j'écoute les amis physiciens...). Ce chapitre-là apporte un éclairage de profane sur l'observation que certains scientifiques partagent: la branche "science" a perdu sa crédibilité, non pas parce qu'elle est corrompue au sens "dons des sponsors et des lobbies", qui freinent l'honnêteté intellectuelle; ou à cause du fameux "publish or perish" qui pourrit l'élan des meilleurs. Elle est corrompue comme un aliment peut être corrompu: elle pourrit de l'intérieur, par l'action de phénomènes et de petits microbes invisibles à l'oeil nu.

L'un de ces microbes est l'attachement, bien naturel, des scientifiques à une doxa particulière.

Je n'envisage pas ici le cas des scientistes, qui sont une maladie interne aussi à la science: pourquoi les vrais scientifiques, rigoureux, méthodiques, ouverts au débat, acceptent le discours des scientistes, réincarnations modernes de vieux bourgeois du XIXè siècle, qui croient que la science est l'alpha et l'oméga des choses de ce monde? Des Bouvard et Pécuchet d'aujourd'hui.

Lorsque Stephen Hawking dit rêver de trouver l'équation du monde, c'est sa petite part scientiste qui a fait un abcès. On lui pardonne, c'est le moins. Quant on entend les zététistes nous faire la leçon, en revanche, je ne vois que scientisme médiocre. J'imagine des têtes de petits garçons de cinq ans sur des corps d'hommes: ils ont si peur de la forêt (l'obscurité, l'inconnu, l'incertitude) qu'ils se réfugient dans les toges des grands hommes, quêtant un début de certitude.

Dans quel film "la science" apporte-t-elle des certitudes? Elle n'apporte que des questions supplémentaires lorsqu'elle envisage un problème. Un scientifique digne de son nom ne publie qu'en attendant d'être contredit. La technoscience, elle, trouve des solutions. Mais ce n'est plus "la science" telle qu'on l'envisage en général. Ce n'est qu'à onze ans qu'on veut des livres "pourquoi? comment?" en croyant vraiment que le livre apporte un éclairage, un soulagement à l'angoisse existentielle. Dans quel film peut-on se référer à la science dès lors qu'on ne fait pas preuve de rigueur, de méthode, de contrôle des faits et d'ouverture à la critique?

Fin de la parenthèse sur le scientisme, je me retiens d'embrayer sur la scientolâtrie.

Je reviens à la doxa. Un cancérologue, par exemple, DOIT croire que la tumeur est un ennemi qu'il faut abattre, c'est ainsi que la toute grande majorité de la profession voit le cancer. Un virologue DOIT croire à la théorie de Pasteur, car toutes les facultés le font. Il ne peut se détacher du groupe pour oser penser autrement, faute de quoi macache sa carrière, les fonds de recherche, le financement du labo.

C'est ça la doxa: l'ensemble des opinions répandues dans une communauté, les pré-jugements automatiques qui découlent du choix d'un présupposé de base. La doxa est refusée par la communauté scientifique, en général: m'enfi, nous, nous sommes neutres, objectifs, rigoureux, dépourvus de préjugés. Tu parles! Il est impossible à qui se dit scientifique de reconnaître qu'il émet des pré-jugés, que ses présupposés sont peut-être sujets à controverse.

Il n'est que de voir la levée de boucliers par des chercheurs, sur le net, contre les "complotistes" qui prétendent que le virus n'est rien, le terrain est tout. Voilà qui remet en cause un des présupposés de base des virologues et des biologistes mainstream. Les partisans de Béchamp ne sont pas des complotistes (je ne vois d'ailleurs pas l'utilité de ce terme dans ce discours, mais bon). Ils ont simplement une autre vision des causes et effets du monde visible, tout comme la médecine traditionnelle chinoise. Qu'il serait piquant d'attaquer comme "complotiste" au vu de ses grands succès depuis des siècles. Ah, quand l'oecuménisme touchera aussi les sciences...

Amusant que cette levée de boucliers soit très émotionnelle, d'ailleurs. Miam, on aurait touché un point sensible chez vous, les amis?

A dire la vérité, je n'ai pas encore choisi mon camp: Pasteur et Béchamp, j'aurais plutôt tendance à dire que les deux ont raison et tort à la fois. Quelle belle jambe cela vous fait, madame...

Sur le terrain, vu par une malade professionnelle (née malade!), quelques observations concrètes, de bon sens. A partir de mes 40 ans, la naturologie m'a beaucoup aidée, mais elle a le défaut de faire souvent du "wishful thinking" (prendre ses désirs pour des réalités). Leur doxa est aussi aveugle: pensons aux théories du "mal-a-dit" ou de Bruce Lipton. Je garde soigneusement au placard une bouteille de ketchup pour la renverser sur la tête du premier naturo qui m'énoncera que je suis malade parce que je le veux bien.

Les postulats sont nombreux en naturologie. C'est la rigueur et la méthode de l'approche pasteurienne et allopathique qui m'attire. Et pourtant, dans les faits, elle n'est pas la première de classe.

Je ne dirai rien des cascades d'effets collatéraux que j'ai vécus à force de me surmédicamenter avant mes quarante ans. Je fais désormais appel à l'allopathie quand j'ai besoin d'un mécano: accident, besoin d'analyses par machines sophistiquées. Pour le quotidien, l'approche pasteurienne et allopathique irait plutôt rejoindre les derniers de la classe. Quelques exemples? Diabète: peut mieux faire! Cancer: refaire sa copie, svp! Maladies autoimmunes: zéro pointé! Vaccins et prévention: on pouffe... Etc etc.

Dans tous ces domaines, l'approche naturo ou homéo est drôlement plus efficace. Certes, je surutilise le terme efficace, mais c'est ma grille de lecture du réel: si un médicament n'est pas efficace, zoup, au bac. Si une méthode n'est pas efficace, j'abandonne. Je ne fais pas partie des "croyants", je ne porte pas "foi à", j'évalue l'efficacité. Point. Le discernement réside dans la capacité de chacun à choisir le bon naturo ou ostéo, celui qui n'est pas trop dans le wishful thinking ou les postulats perchés.

Revenons à l'un des petits microbes qui corrompent la science: la doxa. On ne peut pas vivre sans croyances. Les seuls humains que j'ai rencontrés, capables de vivre sans dogme, étaient des schizos. Le tout est de reconnaître qu'on agit sur fond de croyance.

William Briggs

Le dr William Briggs (alias Matt Briggs dans le dernier article du dr Eades) dont il va être question énonce et documente avec brio pourquoi et comment "science is broken". Ce prof' de statistiques, depuis 20 ans actif dans les biostatistiques médicales, a commencé sa carrière comme météorologiste dans l'armée américaine. Question modèles, il en connaît un rayon. Or, selon lui, une des corruptions de la science actuelle est de croire aux modèles prédictifs. Je caricature: "on va définir un modèle basé sur le fait que les masques sont efficaces; on déploie tout le bazar; résultat: ben tu vois que les masques sont efficaces". Remplacez "masques" par "c'est le CO2 qui m'a tuer", ça le fait.

Le suivre sur son blog, en particulier le billet "Scientism Is Gnosticism" où il classifie les scientifiques en deux catégories: les réalistes et les gnostiques.

Ou, comme beaucoup d'internautes ne lisent plus, l'écouter en deux occasions:

1/ une conférence grand public sur l'incertitude https://www.youtube.com/watch?v=-t5lHXAvuLQ

2/ un échange avec deux docteurs en psychologie canadiens, Daniel Smilek et Jeffrey Spence, "Dr. Briggs, clearly explains the limitations of pandemic models" -> https://www.youtube.com/watch?v=rCTRndlILLo

Je ne prends pas le temps de résumer, car ce sont au principal des scientifiques qui liront ceci. Ou "un scientifique", soyons modestes (allez, deux, ils se reconnaîtront). Ils lisent l'anglais sans souci, ils ne sont pas freinés par des articles longs. Au passage, son titre sur le blog "Statistician to the Stars!" est un clin d'oeil sémantique à mon avis, qui permet entre autres d'écrémer les lecteurs premier degré, qui ne captent pas la double entente.

Twitter: William M Briggs @FamedCelebrity

J'ai repris en illustration ses livres, dont vous lirez des extraits sur son blog ou sur MaZone:

Sur le deuxième titre, 2021, provocateur: " EVERYTHING YOU BELIEVE IS WRONG ", il précise sur son blog:

(...) that proves everything you *believe* is wrong. Well, not EVERY thing. Only the most important things. If you are in the majority, then a great deal of what you hold true about the world and of science is false. Let's be careful with the title. It's not what you KNOW that is wrong, but what you BELIEVE. This is because you can only KNOW what is true, you can never know what is false --- but you can BELIEVE anything. Let's discover together what we can know what's true, what's uncertain, and what's false."

Finalement je ne viens pas à la prochaine réunion des EA, je m'amuse trop à suivre de tels dissidents.

Blague dans le coin, j'espère avec ce billet soulever un peu du malentendu classique dans nos conversations, entre profanes et scientifiques: ces derniers sont, pour la plupart, des membres d'un clergé riche d'un pouvoir incommensurable sur le vulgum pecus. Vouloir discuter de l'épidémie corona, des vaccins, de médecine traditionnelle chinoise avec l'expert scientifique, même sans qu'il soit scientiste, mène la conversation dans le mur. On entre alors dans la controverse, car on touche au coeur. Physiquement au coeur: au coeur de son âme, au coeur des croyances, des piliers qui les tiennent droit. Je ne discute jamais religion, ni avec des athées ni avec des croyants. Je ne discute pas choix thérapeutique non plus.

https://www.wmbriggs.com/contact/ :


I am a wholly independent writer, statistician, scientist and consultant. Previously a Professor at the Cornell Medical School, a Statistician at DoubleClick in its infancy, a Meteorologist with the National Weather Service, and an Electronic Cryptologist with the US Air Force (the only title I ever cared for was Staff Sergeant Briggs).

My PhD is in Mathematical Statistics: I am now an Uncertainty Philosopher, Epistemologist, Probability Puzzler, and Unmasker of Over-Certainty. My MS is in Atmospheric Physics, and Bachelors is in Meteorology & Math.

Author of Uncertainty: The Soul of Modeling, Probability & Statistics, a book which calls for a complete and fundamental change in the philosophy and practice of probability & statistics; author of two other books and dozens of works in fields of statistics, medicine, philosophy, meteorology and climatology, solar physics, and energy use appearing in both professional and popular outlets. Full CV (pdf updated rarely).


Le dossier n'est pas terminé, je l'étoffe de jour en jour. Patience, il sera prêt en livre sous peu.

Voir le chapitre "Crise de foi(e) dans la médecine" - voir la table des matières du dossier

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