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Imposture de la croissance verte: lettre ouverte à mes amis écolos ascendant Ikea

18.1.2023 Je vous propose des ateliers de découverte: comment la croissance verte est une illusion quasi-magique, si pas religieuse. Je vous invite à être écofurieux plutôt qu'écoanxieux (à la Lordon).

Billet inclus dans le dossier "Le circus virule (ou ce que le covid-19 est venu nous dire"), amorcé début 2020. Répertoire "non-food" de ce site. Je mets ma casquette de Jiminy Cricket, comme pour le dossier à charge contre les Gafam. Je transfère certains des billets écrits en brouillon sur fb pendant le confinement. On les retrouve via le sommaire.


Je travaille avec des catégories: j'ai des amis écolo-fluo, certains sont écolo-Robinson, d'autres sont écolo-Ikea. Ces derniers votent écolo, prônent l'écologie circulaire... et achètent des produits ikaka sans état d'âme. C'est pour eux que j'organiserais volontiers des ateliers de découverte: comment la croissance verte est une illusion quasi-magique, si pas religieuse. Comment ils se font entuber sévère par les mantras de l'oligarchie capitaliste, qui ont été repris en choeur par les partis escrologistes: on a ravagé la planète, mais on va la sauver avec des techniques dont on se rendra compte dans dix ans qu'elles sont tout aussi ravageuses que les premières. Dix ans aujourd'hui valent cent ans, si pas plus, lors de périodes précédentes, car les outils délétères sont innombrables désormais.

La technique n'est pas une arme en soi, elle est aussi utile qu'elle peut être toxique dans les mauvaises mains. Quand elle est aux mains du capitalisme financier débridé, on est pris d'effroi. Tout est possible. Tout ce qui est possible sera fait. On le voit aujourd'hui: géoingénierie délirante (merci qui? Merci le Giec), biotechnologies bricolées par des apprentis sorciers, financiarisation du vivant (pour le sauver, tu parles!)...

Pour ne pas vivre dans l'effroi, partageons au moins la vision qu'une autre écologie est possible. On remet la petite à nattes dans le tiroir dont elle n'aurait jamais du sortir. On écoute Vandana Shiva, Paul Ariès, Hélène Tordjman; on lit Philippe Oberlé ou les suiveurs de feu Paul Lannoye, qui fut un de nos derniers écolos authentiques au sein du mouvement. On trouve des solutions pragmatiques en agroécologie, on exige un moratoire sur les recherches délirantes en biotechnologies, etc.

Car le capitalisme marchand est comme le scorpion de la fable racontée par Orson Welles: il ne peut pas s'empêcher de détruire, c'est sa nature.

Elements pour l'atelier

Je nourrirais les ateliers de lectures et de vidéos.

Les vidéos suivront dans d'autres billets. En lecture, je commencerai par l'ami Lordon, qui a inventé ce concept d'éco-furieux plutôt qu'éco-anxieux. Je fais fort pour commencer, histoire de secouer des idées reçues et des certitudes chez mes amis écolo-ikea, car Lordon* est un communiste radical:

dont un extrait de ce dernier article:

“Avec la promesse du salut par l’innovation, l’oligarchie capitaliste, et tout ce qu’elle compte de porte-voix, s’apprête à nous bahuter pour quelques décennies. C’est qu’il faut gagner du temps, organiser le repli en bon ordre des investisseurs, minimiser les pertes à leur faire prendre au passage, leur faire miroiter de nouvelles techniques et des nouveaux marchés, c’est-à-dire de nouveaux investissements, bref procéder à la grande réallocation du capital et dans des emplois dont bon nombre sont à encore à faire sortir de terre — du temps donc. Mais si ça prend du temps, alors il faut raconter des histoires aux enfants sages pour les faire patienter. On leur raconte donc l’histoire de la fée Technologie et du farfadet Innovation — une histoire qui se termine merveilleusement, bien sûr : à la fin, on est tous sauvés, la tête au frais, les pieds au sec et l’iPhone 32 à la main. Il va juste falloir attendre un peu — mais ça vient.

Or non. Dans la réalité, ça ne vient pas, et ça finit mal. Ou plutôt, si : « ça » vient, et c’est pour ça que ça finit mal. Car « ça » qui vient, c’est toujours la même bouillasse : plus de tirage sur les ressources de la Terre, plus de déchets qui excéderont les capacités de recyclage (en attendant la benne à ordure de l’espace), plus de solutions propres et vertes qui ne font que déplacer le sale et brun, permuter les pollutions, remplacer les vieilles salissures par de nouvelles ailleurs, et puis — déjà — des compensations à la noix qui s’imaginent pouvoir recréer ici les biotopes massacrés là, si bien qu’après avoir vu à l’œuvre, comme en Irak, les ingénieurs impérialistes en nation-building, nous auront droit à leur version upgrade sous la forme cette fois des ingénieurs capitalistes en nature-building, promesse en réalité terrifiante, qui nous confirme que l’hubris capitaliste ne se connaît aucune limite.

Comment faites-vous donc, jeunes amis qui vous dites éco-anxieux, pour ne pas voir que c'est avec furie qu'il faut empêcher ces prédateurs de continuer? Soyons éco-furieux! J'ai choisi Lordon pour vous secouer...

J'ai trouvé l'illustration pour ce sous-chapitre "Imposture de la croissance verte". J'ai déjà été lue, la preuve par le suicide des voitures:

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Lordon - son blog sur le mondediplo "La pompe à phynance": “De quoi Ubu est-il fondamentalement la figure ? Du despote parasitaire. Quelle est la puissance despotique d’aujourd’hui qui soumet absolument le corps social et le laisse exsangue d’avoir capté la substance de son effort ? Certainement pas l’État – dont on rappellera qu’il restitue en prestations collectives l’ensemble de ses prélèvements… – mais le système bancaire-actionnaire qui, lui, conserve unilatéralement le produit intégral de ses captations. *“