20.4.2020 Avec l'ami Chomsky, découvrons "le système de techno-surveillance qui a déjà commencé à s’implanter aux États-Unis et ailleurs, où des sociétés telles que Google, Amazon et d’autres trouvent de nouvelles façons d’exercer un contrôle sur l’humanité grâce à la technologie».
Billet inclus dans le dossier "Le circus virule (ou ce que le covid-19 est venu nous dire"), amorcé début 2020. Répertoire "non-food" de ce site. Je mets ma casquette de Jiminy Cricket, comme pour le dossier à charge contre les Gafam. Je transfère certains des billets écrits en brouillon sur fb pendant le confinement. On les retrouve via le sommaire.
Dans son article «Nous sommes en train de détruire la possibilité d’une vie humaine organisée» Grégoire Ryckmans résume en français quelques instants d’une émission radio. Celle-ci réunissait Noam Chomsky et Robert Scheer, sur le thème «America Has Built a Global Dystopia».
Chomsky invite à lire le roman «Nous autres» de Yevgeny Zamyatin et l’essai «L’ère du capitalisme de surveillance» de Shoshana Zuboff. Ces livres seraient «le meilleur moyen de prédire et de décrire le système de techno-surveillance qui a déjà commencé à s’implanter aux États-Unis et ailleurs, où des sociétés telles que Google, Amazon et d’autres trouvent de nouvelles façons d’exercer un contrôle sur l’humanité grâce à la technologie».
(...) «il affirme que «Huxley avait en quelque sorte raison» en affirmant que «les gens ne voient pas [cette forme de surveillance] comme une intrusion ; ils la voient simplement comme si c’était la vie, comme le soleil se lève le matin». Pour l’homme de 91 ans, certains pensent aujourd’hui que la liberté, c’est de pouvoir décider de la paire de chaussures qu’on va pouvoir s’acheter.»
L'auteur n’a pas osé, et moi en revanche j’ose, le terme de technofascisme. Parfaitement sidérant pour moi de voir combien de mes congénères valident des outils (comme le traçage covid) sans connaître les stratégies de la Silicon Valley. Ils ne voient que le clou et le marteau, sans envisager l’usine, les ingénieurs, les ouvriers qui les ont conçus et créés.
Ecouter l’interview en anglais: https://www.kcrw.com/culture/shows/scheer-intelligence/noam-chomsky-america-has-built-a-global-dystopia
Article complet, puisque disparu du site rbtf.be : Noam Chomsky: « Nous sommes en train de détruire la possibilité d’une vie humaine organisée »
04-02-2020
Noam Chomsky pointe trois risques majeurs pour l’Homme : la surveillance de masse mais surtout le réchauffement climatique et une potentielle guerre nucléaire. © AFP
Linguiste, historien, philosophe, professeur, militant politique… Noam Chomsky est considéré comme une figure intellectuelle majeure. Critique acerbe de l’impérialisme américain, ce penseur de gauche est le père de la linguistique générative. Âgé de 91 ans, celui qui se définit comme un anarchiste continue à commenter la politique américaine sans langue de bois.
Dans une interview, l’intellectuel engagé à gauche s’exprime sur sa vision actuelle du monde. Confronté aux textes d’Aldous Huxley « Le meilleur des mondes » et de Georges Orwell « 1984 » présentant des futurs fictionnels mais particulièrement inquiétants, ce fervent critique de Donald Trump n’hésite pas à affirmer que l’Amérique a créé une « dystopie globale ».
Chomsky estime dès le départ qu’il y a « un amalgame de ces deux modèles totalitaires et dystopiques qui émergent« . Mais quel est précisément ce modèle qu’il voit émerger ? Le linguiste propose une réponse détaillée basée sur le roman « Nous autres » de Yevgeny Zamyatin et sur « L’ère du capitalisme de surveillance » de Shoshana Zuboff, qui, selon lui, est le meilleur moyen de prédire et de décrire le système de techno-surveillance qui a déjà commencé à s’implanter aux États-Unis et ailleurs, où des sociétés telles que Google, Amazon et d’autres trouvent de nouvelles façons d’exercer un contrôle sur l’humanité grâce à la technologie.
Personnalisations des services vs Surveillance organiséeLes informations collectées pour vous proposer une publicité, par exemple pour un restaurant chinois alors que vous aimez la cuisine chinoise et que vous êtes en train de rouler dans une ville que vous ne connaissez pas ne sont pas uniquement utilisées pour vous faire des recommandations mais aussi « pour vous contrôler », explique le professeur du MIT. « Les compagnies d’assurances observent ce que vous faites (si vous avez une voiture connectée), et s’ils voient que vous brûlez un feu rouge, ils peuvent vous envoyer un message instantané indiquant ‘vous feriez mieux d’être prudent, nous allons augmenter le montant de votre prime’. Ils pourraient même arriver au stade oµ ils seraient en mesure de verrouiller votre véhicule« .
Pour Noam Chomsky, les dérives de ces modèles de techno-surveillance qui essaient de vous faire prendre certaines directions en vous formatant et « qui vous punissent en quelque sorte« , sont déjà à l’œuvre à certains endroits dans le monde.
En Suède, par exemple, des implants high-tech sous-cutanés commencent à se répandre chez les travailleurs. « Si vous acceptez d’avoir une puce sous la peau, vous avez un accès gratuit à la machine à café et d’autres avantages. Mais la puce contrôle vos actions« .
Chez Amazon, certains employés sont observés et contrôlés en temps réel pour rendre leur job plus efficace. « Ils ont des outils pour connaître exactement quel chemin est le plus rapide d’un point à l’autre. Vous devez vous en tenir au planning et si vous déviez de votre route pour saluer un collègue, vous recevez un avertissement« , raconte le professeur.
D’autres métiers sont concernés comme les chauffeurs de camions dont les comportements peuvent être contrôlés en temps réel pour s’assurer qu’ils font leur travail de la façon la plus performante possible.
Modèle de techno-surveillance déjà appliqué en ChineLes amateurs de la série Black Mirror, basée sur la mise en œuvre de technologie dystopique, auront noté que certains phénomènes actuels ont été prédits dans des épisodes. Notamment cet épisode où tous les citoyens sont notés en fonction de leurs comportements et ont tous une « note sociale », déterminante pour leur style de vie. Le modèle est testé depuis 2014 et se répand en Chine.
« Le type de modèle vers lequel la société évolue est déjà illustré dans une large mesure en Chine« , indique Chomsky, « où ils ont des systèmes de surveillance très puissants et où vous obtenez ce qu’ils appellent un système de crédit social ».
Les gens ne voient pas cette forme de surveillance comme une intrusion, ils la voient simplement comme si c’était la vie, comme le soleil se lève le matin
« Vous avez un certain nombre de points, et si vous traversez une route, enfreignez le code de la route, vous perdez des points », explique-t-il. « Si vous aidez une vieille dame à traverser la rue, vous gagnez des points. Très vite, tout cela s’intériorise, et votre vie est consacrée à vous assurer que vous respectez les règles établies. Cela va se développer énormément avec l’arrivée de ce que l’on appelle l’internet des choses (IoT). Cela signifie que chaque appareil autour de vous : votre réfrigérateur, votre brosse à dents, etc. recueille des informations sur ce que vous faites, prédit ce que vous allez faire ensuite, essaie de contrôler ce que vous allez faire, conseille ce que vous faites ensuite« .
Et le plus alarmant dans le discours de Chomsky, c’est qu’il affirme que « Huxley avait en quelque sorte raison » en affirmant que « les gens ne voient pas [cette forme de surveillance] comme une intrusion ; ils la voient simplement comme si c’était la vie, comme le soleil se lève le matin« . Pour l’homme de 91 ans, certains pensent aujourd’hui que la liberté, c’est de pouvoir décider de la paire de chaussures qu’on va pouvoir s’acheter. (...) suite sur https://www.les-crises.fr/noam-chomsky-nous-sommes-en-train-de-detruire-la-possibilite-dune-vie-humaine-organisee/
Lire chez Reporterre « Pour le déconfinement, je rêve d’un carnaval des fous, qui renverse nos rois de pacotille », je copie un extrait de cet excellente entrevue (quoique je reprendrais le tout en extrait tant il exprime bien ce que je ressens, tant je partage sa vue de la dystopie numérique qui progresse):
«C’est ma conviction et la source de mon combat depuis trente ans : cette sensation que notre Occident est en voie de dévitalisation avancée. La plupart de nos relations au vivant ont été coupées. En nous et hors de nous. On a tranché nos liens avec la vie, avec les animaux, les maquis, les forêts, et même avec le cœur physique de notre vitalité. Cette sensibilité du corps au monde, cette chair vibrante désormais épaissie comme un mauvais cuir par nos technococons. On accède au monde par une chrysalide de fibres optiques. Et on confond la vibration de ses fils avec les vibrations du dehors.»
Il le dit plus gentiment que moi («en voie de dévitalisation avancé») mais je partage l’avis de Michel Onfray: nous sommes sidérés de voir notre civilisation mourir sous nos yeux. On en devient des poules qui courent sans tête, tant nous sommes angoissés par cette mort de groupe.
"Comment penser les conséquences politiques, collectives et individuelles de la pandémie de Covid-19 et du confinement ? Dans cet entretien, l’écrivain Alain Damasio remet notamment le concept de biopolitique au goût du jour, s’intéresse à notre rapport à la mort, vante le pouvoir de l’imaginaire et de l’expérience vécue, indispensables pour envisager une autre suite."
Lire aussi mon billet du 20.5 p. 39 du dossier #Stop5G: "Penser la course à la connection 5G".
Je cherche à comprendre en quoi mes mises en garde de bon sens face à ce délire technologique tombent parfois à plat. Chez certains interlocuteurs. Il est vain de gloser sur le dossier # 5G si l'on ne comprend pas ce qui est à l'oeuvre, au plan géopolitique ET au plan existentiel. Quel grand écart!
Retour au chapitre «dystopie numérique» de mon dossier covid1984 . Depuis que j’ausculte la folie Gafam et les mantras de l’intelligence artificielle, j’ai bien raffiné mon angle de vue sur le sujet en lisant et en écoutant Eric Sadin . J’aime sa parole car il parle de systémique et ne pointe pas des ennemis. Il souligne entre autres que c’est l’humain lui-même qui s’asservit à l’intelligence artificielle.
Ecoutez-le exposer son analyse pendant 2 heures sur Thinkerview: https://www.youtube.com/watch?v=VzeOnBRzDik
Voir ma recension de son travail ici: https://www.taty.be/articles/FQ22.html
Corona, tu parles! C’est un test pour voir si on accepte d’intégrer nous mêmes des Ausweis dans nos téléphones.
La surveillance généralisée des citoyens qui croient encore à la démocratie a commencé bien avant aujourd’hui. Merci à Snowden de s’être sacrifié pour nous le dire. On peut retracer l’historique à partir de 9/11 en gros, les pivots étant les géants du numérique comme Google et Apple que j’aime à représenter dans mes textes par le joueur de flûte de Hamlin.
Lire la suite sur https://kurtnimmo.blog/2020/04/12/covid-19-smartphone-surveillance-and-the-state/
Sur le même sujet, voilà qui va plaire aux ésotéristes: la loi américaine du 1/5 HR6666 permet de dépenser des milliards de dollarspour engager du personnel de traçage. Ce qui n’est plus utile au plan sanitaire puisque l’épidémie se termine, même aux States. Ce qui, en revanche, est bien utile pour les tenants d’un controle technocratique soutenu, d’une surveillance permanente du citoyen, à tout moment et dans toute situation.
Avis aux complotistes: on ne sait qui agit en coulisses pour faire passer cet agenda.
Avis aux négationnistes: vous êtes vraiment des perdreaux de l’année... Je viens de lire un message fb sur le projet ID2020: «La question de l’identité numerique est loin d’être une mauvaise chose. C’est même plutôt une avancée pour la gestion et la sécurité des données personnelles (...) Ce qui m’inquiète plus ce sont les initiatives pour développer / généraliser les implants électroniques, (...) les applications de traçage type «stop-Covid», (...) etc «.
Je propose de remplacer quelques mots, en forme de provocation - mais pas que: «L’esclavage est loin d’être une mauvaise chose. Ce qui m’inquiète ce sont les dérives qui en découleront». Je garde pour moi le vocabulaire que je tiens face à ces messages «raisonnés».
Si vous discutez de l’appli covid avec un proche, une idée des échanges. Direction twitter et le compte de Benjamin Bajart, de la Quadrature du net.
-- Un touittos: «tu peux m’expliquer en quoi cette application « surveille » ( au sens « espionner » je présume) les gens ?
Je te promets dans l’hypothèse d’une démonstration implacable (de ce qu’elle ferait réellement de la surveillance) de voter contre #StopCovid»
-- BB: «C’est facile. Mon lecteur de podcast ne me surveille pas : il ne collecte pas des données sur mon comportement ou mes fréquentations.
StopCovid sert à collecter des données sur mes fréquentations. Elle me surveille. Structurellement. Par définition.»
Mais pourquoi faut-il verbaliser de telles évidences? Comme celle que j’entends sur le compteur «intelligent» linky: «pourquoi tu t’y opposes? tu utilises bien les gafam qui t’espionnent». Ma réponse: «Primo je suis en filaire sur les gafam. Le linky m’impose un wifi auquel hélas! je surréagis. Secundo, on peut trouver plein d’astuces pour ne pas être pisté en gafam, c’est pas possible en linky». Remplacez «linky» par n’importe lequel des objets de l’IdO qui arrive (comme votre enceinte connectée).
Voir le chapitre "Covid & dystopie numérique en marche " - voir la table des matières du dossier