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La Fabrique des Imposteurs, selon Roland Gori

10.7.2020 Aujourd'hui, un petit tour chez Roland Gori, psychanalyste et professeur émérite de psychologie et de psychopathologie clinique à l'université Aix-Marseille. Un philosophe anarchiste (sans le chanter sur tous les toits), c'est assez rare aujourd'hui. Je résume larga mano: la dystopie numérique qui veut 'imposer n'est pas une surprise. Tout se tient: les projets de contrôle social n'auraient pu s'installer si la techno-hygiénocratie n'avait une telle emprise sur nos vies.

Billet inclus dans le dossier "Le circus virule (ou ce que le covid-19 est venu nous dire"), amorcé début 2020. Répertoire "non-food" de ce site. Je mets ma casquette de Jiminy Cricket, comme pour le dossier à charge contre les Gafam. Je transfère certains des billets écrits en brouillon sur fb pendant le confinement. On les retrouve via le sommaire.

On glose autour des masques depuis quelques jours, puisqu’en Belgique nous devons désormais en porter un dans les lieux fermés publics. Je n’engage pas la discussion sur le choix d’un tissu plus qu’un autre, ou sur la justesse d’imposer cette norme ici et maintenant, en fin d’épidémie. J’invite les internautes à penser ceci : ce genre de décision technocratique à contre-courant du réel, absurde au possible, n’est que la manifestation d’une société dont nous avons accepté les principes technos, déshumanisés - principes adorés des néolibéraux qui ont les coudées franches depuis que le mur de Berlin s’est effondré.

Il n’y a plus personne pour contrer les tenants de l’Ecole de Chicago (Milton Friedman), école économique qui proposait de considérer l’humain comme du capital, à gérer comme du bétail, ni plus ni moins. C’est sur la base de ces principes, que l'on laisserait non questionnés, que les transhumanistes de la silicon valley, alias nos amis des gafam (nos nouveaux maîtres en réalité), arriveront à installer la dictature numérique qu’ils croient LA solution unique. Et qui, à mes yeux, vous l’aurez compris de mes multiples billets, constitue le véritable virus à craindre (normal pour une attaque venant de ces informaticiens délirants).

Pourquoi doit-on (hélas!) observer deux partis au sein du débat "masque ou pas"? C'est que tous les défenseurs de cette récente décision officielle me paraissent ne pas vouloir repenser ce monde technocratique. Tandis que les critiques me semblent questionner le discours politique néolibéral et cyberbéat. Même si on aime la juste mesure, difficile de se positionner entre les deux, cela me semble inconciliable. Le choix masque ou pas est un choix politique et non sanitaire. Pour moi, le corona est venu révéler, dévoiler des pans de notre société qu'il était confortable de ne pas voir. Désormais, on peut faire "comme si" on n'avait rien vu, mais les faits sont remontés à la surface. Il ne faut plus être un initié du regard latéral pour avoir observé les dérives.

Pour comprendre en quoi nos élus semblent croire bien faire et ne s’interrogent absolument pas lorsqu’ils dictent aux citoyens ce qu’ils peuvent ou non faire (exemple avec l’indigne Charte des Seniors $$$$https://www.facebook.com/taty.lauwers/posts/3013779675358195 ), il faut d’abord démonter le mythe de la liberté dans nos sociétés occidentales. Nous fonctionnons par attribution de rôles, fonctionnels, par procédures quasi industrielles, qui permettent de ne plus penser. Les décideurs politiques font où on leur dit de faire, en gros, sans réfléchir et en imaginant que le citoyen ne veut pas non plus penser. Nous sommes dans un monde de la norme reine.

Sur ce point, c'est le psychanalyste Roland Gori, auteur de nombreux livres sur le sujet, qui nous aidera à penser. Il est l'un des initiateurs de l’Appel des Appels «Pour remettre l’humain au centre de la société»

Dans un de ses interviews, il cite Giorgio Agamben :

« Le citoyen libre des sociétés démocratico-technologiques (les nôtres) est un être qui obéit sans cesse dans le geste même par lequel il donne un commandement ».

Il commente « Nous sommes pris dans une chaîne de production des comportements, dans un système qui nous assigne à des places, qui sont des places fonctionnelles et qui ne requièrent pas d’avoir à penser (c’est le lien avec la citation d’Agamben), qui ne requièrent pas d’avoir même un état d’âme. C’est le gros problème de nos sociétés… «

Ecouter 5 minutes seulement de la conférence où il présente son livre : « La Fabrique des Imposteurs” à l’université de Nantes, 2014 (à la minute 1h14): https://youtu.be/2FEtiA18lZU?t=4484 . Edifiant sur la prolétarisation symbolique de l’humain. Un monde technique est un monde déshumanisé, une société de termites.

Si ça se trouve, vous serez comme moi et vous ne pourrez pas lâcher, vous écouterez l’heure trois quart de conférence : sublime ! J’ai déjà dévoré son livre du même titre, je le dégusterai à l’aise une deuxième fois sous peu. Je vous en ferai un compte-rendu. Ce sera ardu, car j’ai déjà souligné au crayon la moitié du livre…

Roland Gori est un des initiateurs de l’Appel des Appels «Pour remettre l’humain au centre de la société»: «Nous, professionnels du soin, du travail social, de la justice, de l’éducation, de la recherche, de l’information, de la culture et de tous les secteurs dédiés au bien public, avons décidé de nous constituer en collectif national pour résister à la destruction volontaire et systématique de tout ce qui tisse le lien social. Réunis sous le nom d’Appel des appels, nous affirmons la nécessité de nous réapproprier une liberté de parole et de pensée bafouée par une société du mépris

Pour info, ses ouvrages récents, dont les titres sont exaltants pour un esprit libertaire et curieux de comprendre les systèmes quand ils dérivent:

  • La nudité du pouvoir, Comprendre le moment Macron
  • Un monde sans esprit. La fabrique des terrorismes,
  • L’Individu ingouvernable
  • Faut-il renoncer à la liberté pour être heureux ?
  • La Fabrique des imposteurs
  • La Dignité de penser
  • La Folie Évaluation: le malaise social contemporain mis à nu, avec Alain Abelhauser & Marie-Jean Sauret
  • De quoi la psychanalyse est-elle le nom ?
  • L’Appel des appels. Pour une insurrection des consciences, avec Barbara Cassin
  • Exilés de l’intime. La médecine et la psychiatrie au service du nouvel ordre économique, avec Marie-José Del Volgo
  • L’Empire des coachs. Une nouvelle forme de contrôle social, avec P. Le Coz
  • Le Consentement. Droit nouveau du patient ou imposture ?, avec Jean-Pierre Caverni
  • La Santé totalitaire. Essai sur la médicalisation de l’existence, avec Marie-José Del Volgo

 

Schizophrénie de juin 2020

Schizophrénie fiction/réel. Je reviens à l'acharnement de la meute médiatique contre le professeur Raoult, au travers de la chloroquine. On a compris qu'il s'agit d'une querelle de paradigmes et pas d'une dispute médicale. Je suis aussi depuis quelques années la mauvaise foi crasse des journalistes face à un Michel Onfray qui, tout aussi royal que l'ami Didier, accepte de faire face à des contradicteurs souvent très peu éduqués, peu formés au domaine qu'ils commentent, en gros des petits bourgeois de l'esprit. Je n'aurais pas leur courage, ni leur équanimité. Onfray est un anarchiste déclaré, Raoult pourrait bien l'être, si je lis bien.

Si ce n'était blessant pour eux et pour tous les penseurs libertaires, ce serait drôle: d'un côté, on met au pinacle des commissaires Maigret, des inspecteurs Columbo (pour citer les plus connus et les plus bonhommes), même des docteurs House, qui tous enfreignent les protocoles, sont des têtes libres et cumulent inspiration/intuition avec une réflexion posée. De l'autre, on dézingue les mêmes quand ils agissent dans le réel.

Une pièce de puzzle de plus qui explique pourquoi nous sommes tous dans un véritable dé-lire (comme "mal" lire) de notre société. Allez, les gars, on retourne au potager, on fait une grande balade seul dans la forêt et bims! tout devient plus clair: à défaut d'être parfaits soyons au moins cohérents. Si l'on respecte les esprits libres en télé, faisons-le dans le réel aussi.

Au passage, en tissant, je réécoute le psychanalyste Roland Gori. Il ne faut pas être libertaire comme lui pour entendre ce qu'il a nous dire de notre marécage moral actuel.

https://www.youtube.com/watch?v=dZFBkkQ9Mbo

NB. Je réécouterai aussi du même Gori (avis à mes jeunes millenials)

* https://www.youtube.com/watch?v=uOhS_aKdxo4: Faut-il renoncer à la liberté pour être heureux ?

* et https://www.youtube.com/watch?v=lTP_QXleN0w = BE

: "Un monde sans esprit", réquisitoire contre la religion du marché

 

NB. Je réécouterai aussi du même Gori les interventions suivantes (avis à mes jeunes millenials):

 

Technofascisme?

Des amis me reprochent d'user, lors de discussions, du terme de «techno-fascisme». Je viens de retrouver d’où j’ai pris ce terme : c’est chez l’ami Roland Gori, que l'on peut difficilement qualifier de "beauf". Il le définit bien à la minute +- 11.10 de la vidéo "L'individu ingouvernable".

J’ai déjà pointé d’autres de ses vidéos plus avant (je pointerais ces livres si... on lisait encore, snif) car j’y retrouve en termes si clairs et si éclairés exactement tout ce que je pense de nos dérives actuelles.

Discernement: mes amis qui font des raccourcis autour du covid-19 entendront svp qu’il ne prononce pas les mots «ils» et «eux» versus «nous», mais qu’il analyse un système qui débloque, des rouages qui font plus que grincer. C’est là que je fais ma petite séparation entre les complotistes fantaisistes et les analystes des coulisses: les premiers cherchent quasi toujours un coupable, un ennemi. C’est d’ailleurs la définition de la théorie du complot: «... cherche à adosser à des faits avérés un responsable selon une logique souvent uni-causale de narration. Elle se différencie en cela de la démarche historique qui induit une multi-causalité.». Dès la première fois où l’on m’a traitée de complotiste, j’ai cherché la définition exacte du mot. C’est là que j’ai compris que je ne pourrais même pas répondre à ces personnes, car elles ne m’avaient pas lue, tout simplement. Je n’envisage généralement que les systèmes, pas les personnes; et des faisceaux de facteurs plutôt qu’un seul.

 

Ajout 20 décembre 2021 Roland Gori et les systèmes dynamiques complexes

 

A une question d'internaute sur la définition des "francs complotistes" versus les questionneurs que je prétends être: "ceux-ci sont ceux qui ne voient que le glaçage sur le mille-feuilles et expliquent tout par là".

Je voudrais tant qu'on profite de cette crise pour s'éduquer (moi la première) à la complexité des systèmes, à une forme de phénoménologie du temps covid.

J'ai déjà relayé "la fabrique des imposteurs" de Roland Gori (https://taty.be/articles/CVD_fabriqueimpost.html)

Je n'ai toujours pas terminé son livre, acheté l'année passée: "Et si l’effondrement avait déjà eu lieu" - non pas qu'il me lasse par des béatitudes à la Moukheiber, mais parce que je relis souvent.

Il est richissime en os à ronger pour qui veut comprendre ce qui est en jeu aujourd'hui, au-delà du covid qui n'a été qu'un révélateur. Comme un révélateur photo argentique.

Vous pouvez l'écouter en totalité dans cette conférence récente, où, fatigué de son propre aveu, il aborde plein de sujets au risque de s'y perdre.

Si on considère "je prends des os à ronger", on ne s'y perdra pas.

J'ai capté une réponse à un spectateur, où l'on comprend comme le monde technocratique d'aujourd'hui, secondant le néolibéralisme, peut saper l'humanité de nos rapports.

Ce n'est qu'un des petits os...

Déjà en 2008 il était l'un des instigateurs de l'Appel des Appels, qui dénonçait l'inhumanité de la technocratie dans les sciences sociales et médicales.

Ce n'est pas nouveau: déjà en son temps, Giscard d'Estaing avait essayé de faire interdire les cours de philo dans les écoles. Raté, heureusement. Sursaut de la profession. Mais lui qui, le premier, a voulu introduire la technocratie au sein de nos vies, avait besoin qu'on arrête de développer l'esprit critique des petiots. Logique.

Bref, direction: https://taty.be/articles/CVD_fabriqueimpost.html

ou l'un de ses livres pour ceux qui n'aiment pas écouter de conférences.

Spoiler alert: il est difficile à lire, ne venez pas vous plaindre après 😉

NB. En fin de conférence il débloque (pardon l'ami) sur la vaccination obligatoire par solidarité citoyenne, car il ne connaît tout simplement pas le sujet des récents Vac-mal-sains qui n'ont aucun intérêt au plan collectif. On ne peut être bon sur tout...

Ajout 2022 février Roland Gori - La fabrique de nos servitudes : comment en sortir

A tous ceux qui s'interrogent, comme moi, sur "comment sortir de cet asservissement numérique?", un petit os à ronger avec le dernier livre de Roland Gori.

"Résister aux fabriques de nos servitudes par l'utopie est une nouvelle manière d'agir et de penser l'infini, le complexe, l'instable, le multiple, le divers que le vivant exige. Il y a urgence à détourner l'utile pour en faire du Beau, emmêler le vivant au Vrai et faire chuter sa majuscule pour que nos vies ne soient pas minuscules."

Je le commande chez lalibrairie.com (en défense des libraires indépendantns), j'en ferai une recension -> https://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-La...

Je viens d'écouter son entrevue chez Librairie Mollat, avec Jean Petaux, je ne trouve rien de précis à extraire en teaser tant c'est dense. On sent que le bonhomme a creusé le sujet depuis de longues années.

https://www.youtube.com/watch?v=IeUnHQE9u_g

(NB le titre de l'image est erroné, l'adresse est la bonne)

Présentation éditeur: " La fabrique de nos servitudes"

Dans nos sociétés de contrôle, l'information est le moyen privilégié de surveiller, de normaliser et de donner des ordres. Les informations, molécules de la vie sociale, deviennent les sujets de l'existence, les véritables cibles des pouvoirs politiques et économiques. Avec le langage numérique, les subjectivités se trouvent enserrées dans un filet de normes de plus en plus denses et contraignantes. Les idéologies scientifiques viennent souvent légitimer ce « naturalisme économique » transformant le citoyen en sujet neuro-économique et son éducation en fuselage de ses compétences en vue des compétitions à venir.

Les fabriques de servitude mettent en esclavage les individus et les populations au nom de l'efficacité technique, de l'illusion d'un bonheur procuré par les algorithmes et la mondialisation marchande. Pour en sortir, il nous faut modifier nos habitus et nos habitudes, restaurer la force révolutionnaire du langage et de la métaphore, rétablir le pouvoir des fictions. Les ordres existants ont toujours haï les utopies, la puissance de leur imagination et de leurs expériences de pensée. L'utopie ne se réduit pas à un genre littéraire, à une rêverie politique d'un futur improbable, elle constitue une position éthique et politique, un style, un foyer de liberté.

Dans l'histoire des esclavages et des luttes sociales, les « marronnages », par la danse, le chant, le récit et le conte, ont été des voies d'émancipation. Résister aux fabriques de nos servitudes par l'utopie est une nouvelle manière d'agir et de penser l'infini, le complexe, l'instable, le multiple, le divers que le vivant exige. Il y a urgence à détourner l'utile pour en faire du Beau, emmêler le vivant au Vrai et faire chuter sa majuscule pour que nos vies ne soient pas minuscules.