29.5.2020. Je souris beaucoup pour l'instant. Je pense à tous les médecins qui, d'un ton docte, nous rappellent à force de messages twitter ou d'articles dans les medias, au sujet de la bithérapie chloroquine/macrolide: " il faut être prudent avec toute substance dont l’innocuité et l’efficacité ne sont pas prouvées". Chers amis, vaccinez-vous vos patients contre la grippe saisonnière? L'innocuité et l'efficacité sont loin d'avoir été prouvées. Le dossier est bien documenté. Chers docs, vous vous tirez une balle dans le pied, ma parole!
On peut continuer le jeu de l’innocuité et de l’efficacité avec la majorité des médicaments récents, dont vous savez aussi bien que moi qu'ils ne sont que prétexte commerciaux, car aucune molécule capitale n'a été trouvée depuis des années. Les merveilleux antiallergiques, antibiotiques ou anti-inflammatoires, si efficaces, sont disponibles en générique désormais. Les nouvelles sorties sur le marché, en revanche, ont souvent une efficacité survantée; et leur innocuité fait largement débat. C'est un secret de polichinelle que les tests (efficacité, effets secondaires) sur ces nouvelles molécules proposent un tableau bien différent de ce que l'on observe en pratique.
Nous, patients, devons donc être prudents avec toute substance dont l’innocuité et l’efficacité ne sont pas prouvées? Mais nous ne prendrions plus de médicaments, voyons!
Cela m'amuse de voir qu'en croyant jouer les pères la rigueur ces médecins se tirent ainsi une balle dans le pied. Suis-je la seule à avoir repéré cette incohérence dans le discours?
Je souris et je ne prends personne à parti, car nos amis médecins sont victimes d'une erreur de casting: l'inconscient collectif les a mis sur un piédestal, quasi divin; or, ils savent n'être que des humains comme vous et moi. Il se pourrait que certaines incohérences dans le discours dérivent de ce fossé de perception. En parlant au public, ils croient devoir assumer ce rôle de nouveau prêtre, relais de la parole divine.
On peut continuer à rire avec tous les éléments qui entourent le débat chloroquine.
Il est de bon ton d'affirmer qu'on est soit proRaoult, soit antiRaoult. Ah ouais? Et si, comme beaucoup de mes copains, je ne participais pas de cette crise de nerfs nationale? Je ne suis ni l'un ni l'autre. Je ne l'ai même écouté qu'hier pour la première fois. Je m'intéressais bien plus aux résultats des traitements qu'au bonhomme. Je lui trouve une belle personnalité et voilà et bon. Sans plus. Pas de quoi criser, en tout cas. Plutôt drôle de voir les disputes de cours de récré autour de son cas.
Les medias poussent des cris d'orfèvre (ouep, je relis San Antonio pour l'instant): "il faut raison garder". Et bien raison-gardons donc: on nous dit en guerre; le gars fait de la médecine de guerre: il pare au plus pressé, et ça fonctionne. Logique, non?
Continuons sur le raison-garder des medias, qui sont risibles depuis quelques jours qu'ils ont lancé la curée contre la chloroquine: l'étude à laquelle ils se réfèrent semble être du pipeau de la meilleure eau; le Lancet qui l'a publiée annonçait d'ailleurs l'inverse en 2003 (lire 26/5 "Quand le Lancet trouvait la chloroquine prometteuse" sur https://strategika.fr/2020/05/26/coronavirus-quand-le-lancet-trouvait-la-chloroquine-prometteuse).
Zamis journalistes, ne nous en voulez pas, mais on ne peut s'empêcher de se marrer.
Tout, strictement tout dans cet dossier chloroquine porte à sourire, sauf la terrible souffrance de ceux qui ont perdu des proches parce que l'on a refusé par principe un protocole qui, peut-être, aurait été efficace si on juge les résultats pratiques des médecins qui l'ont adopté.
Je continue sur la polémique dite "Raoult". On ne comprend rien à cette "crise de nerf nationale" si l'on ne pense pas en terme de rapport au pouvoir, à l'Autorité, à la charge symbolique. Je suis passionnée depuis longtemps par les rapports de pouvoir entre les êtres humains. Ce n'est pas un scoop: une nation a besoin d'une autorité pour se fédérer, raison d'être de la royauté des temps anciens.
Un pays qui voit à sa tête un jeunot capricieux et autoritaire, se montrant aujourd'hui quasi hystérique (voir une de ses dernières vidéos; les lecteurs de canards bien informés avaient repéré cette forme d'hystérie avant cela), ce pays donc ne peut qu'investir dans une figure de patriarche calme, pondéré, ne répondant pas aux injures, fort de sa pratique et de ses réussites, peu influencé par les intrigues de cour. Et les courtisans ne peuvent que pester face à cette calme autorité, qui s'affirme en outre hors des circuits établis, donc hors prise. Toutes les insultes viennent des courtisans et de ceux qui voudraient, eux, incarner cette autorité.
Je connais bien cet énervement, pour l'avoir provoqué plus d'une fois, par ma posture aussi libertaire que celle du professeur Raoult, toute proportion gardée.
Je répète que je ne suis ni pro ni contre le bonhomme. C'est, je crois, dû au fait que je suis ma propre autorité (pardon de la suffisance), je n'ai pas besoin de l'incarner dans une personnalité extérieure.
Au coeur de la polémique chloroquide/DR, je décode les postures des uns et des autres selon leur propre rapport au pouvoir, à l'autorité. Et nullement selon leur rapport à la science, car cette dernière n'a rien à faire dans ce dossier. J'ai déjà exposé qu'on y retrouve la vieille dialectique maître-esclave à la Hegel. Ne vous braquez pas à cause des termes "maître et esclave"; les concepts sont plus complexes, on pourrait presque dire sujet-objet, pour qualifier ceux qui agissent en sujet ou en objet. Si Papie Hegel a écrit tant sur le thème, je ne peux que caricaturer: les êtres qui aiment la posture "objet" ne peuvent comprendre ceux qui questionnent en permanence comme moi ni ceux qui agissent en hommes d’honneur, comme Raoult. Ce n'est qu'une parcelle infime de la problématique, mais elle mérite d'être soulignée. Pour se calmer!
On peut voir cette polémique d'un oeil plus citoyen aussi, moins symbolique: rendez-moi mes sous! Notre instance officielle belge de santé, Sciensano, récemment renommée, annonce aujourd'hui "déconseiller fortement l'hydroxychloroquine pour soigner les personnes hospitalisées pour le Covid-19" en disant se fonder sur cette étude parue dans le Lancet il y a peu. Si cette étude peut être mal comprise par des journalistes un peu benêts, un scientifique ne peut s'y tromper: c'est un chateau de cartes, qui est facilement démonté par diverses plumes acérées depuis quelques jours. Sciensano ne comprend donc pas de scientifiques? Au secours!
Le Lancet est devenu une feuille de chou pour Big Pharma, ils publient du grand n'importe quoi. Le Lancet d'antan n'est plus. Requiescat in pace. De nombreux exemples de ces médiocres études y abondent, y compris dans mon domaine de la nutri. La lecture des études dans le Lancet demande un grand discernement. Qui semble absent chez nos sciensano-guys. Conclusion: remboursez mes impôts.
Voir le chapitre "Chloroquine et l'affaire "Raoult": rions un peu" - voir la table des matières du dossier