14.5.2021 Jusqu'en 2020, nous pouvions lire ou écouter des philosophes pragmatiques comme Barbara Stiegler, qui étudie depuis longtemps les thèses de Walter Lippman : en gros, les masses doivent rester passives et être conduites par des experts et des élus, il faut pour cela les gérer socialement - ce qu'on appelle aujourd'hui l'ingénierie sociale. Nous pouvions donc lire et écouter, mais nous ne comprenions pas vraiment.
Billet inclus dans le dossier "Le circus virule (ou ce que le covid-19 est venu nous dire"), amorcé début 2020. Répertoire "non-food" de ce site. Je mets ma casquette de Jiminy Cricket, comme pour le dossier à charge contre les Gafam. Je transfère certains des billets écrits en brouillon sur fb pendant le confinement. On les retrouve via le sommaire.
L'ingénierie sociale, que l'on peut croire limitée aux gafam mais qui ne date pas d'hier. A la même période que Lippman, les thèses d'Edward L. Bernays prenaient pied aux Amériques. On peut télécharger en epub son livre de 1923, où il expose comment guider le bétail que nous sommes.
Nous pouvions donc lire et écouter, mais nous ne comprenions pas vraiment.
Les extraterrestres ou les dieux ou Gaia ont décidé qu'il était temps que les masses deviennent adultes et s'autonomisent. A cet effet, elles doivent au moins comprendre à quelle sauce elles sont mangées. Les gafam n'ont fait que révéler de manière évidente comment l'ingénierie sociale est en cours.
Nous vivons donc un webinaire géant, concret, sur ce que l'élite croit devoir faire avec le troupeau de moutons que nous sommes à leurs yeux.
La pièce est très bien montée, bien jouée, surtout depuis un an.
Et pourtant, il y a encore tant et tant de mes congénères qui sont dans le déni. Ou qui, gentiment, laissent un commentaire sous un billet en me précisant que je relaye des thèses complotistes. "Merci, cher ami, je ne savais pas. Oh oui, merci, je vais corriger."
La première réaction est de balayer l'avis des naïfs, qui croient nous aider en nous répétant ce qu'ils ont entendu dans le poste.
Je pense plus riche de creuser un peu plus nos réactions de "complotistes" face aux naïfs.
Nous sommes dans une hypnose collective, qui en est presque devenue une maladie mentale, touchant au principal des personnes qui ne peuvent accepter le réel et se réfugient dans des catégories binaires, comme ranger mes questionnements dans "complotisme". Mot que j'ai entendu tant et tant de fois depuis que je zone dans la politique alternative (ascendant anarchiste) càd depuis plus de 30 ans - quand ce n'était pas "fasciste", lorsque je critiquais la gauche consensuelle.
Ce dernier anathème de facho est passé de mode, on nous sert du complotiste dès qu'on sort des clous et qu'on regarde la réalité autrement.
Je ne prends donc pas au sérieux la classification en "complotiste" ou pas, ce qui n'est que l'équivalent de porter de l'ail pour se protéger des vampires.
Mais je prends au sérieux le désarroi total des personnes qui sont figées dans de telles certitudes et qui montrent leur infantilisme à se laisser bercer par les attaques "anticomplotistes" de journalistes qui ont perdu tout esprit critique.
Les personnes terrorisées par le réel et par la possibilité d'envisager qu'on se fait balader depuis un an, ostensiblement, méritent la compassion car ils risquent, par leur déni, de finir dans le Club des Cornichons.
Concept qui m'amuse beaucoup, et que je lie à la Confrérie des Couillons du Covid (les grandes figures médiatiques dont je me suis moquée dans une série de billets), mais concept qui provoque des réactions très diverses chez mes amis.
Je le partage malgré tout: les Cornichons du Covid sont nos congénères qui respectent tellement la parole symbolique du Père (le médecin, le journaliste, le ministre, etc.) que, victimes de covid, ils restent tétanisés chez eux, prennent une aspirine et attendent patiemment d'étouffer. Finissent à l'hopital, aux soins intensifs.
Faut-il être un cornichon pour accepter de ne pas se soigner, lorsqu'une virose grave menace!
Je n'arrive toujours pas à trouver de la pitié pour les jérémiades de ces malades, alors qu'ils ont clairement décidé de l'être. J'en ris chaque fois qu'on me raconte un cas. Hier encore, une amie en riait aussi et me disait "mais monsieur Duschmol en est mort, tout de même". A quoi je réponds: "ça nous fait un cornichon mort, que son âme repose en paix".
Je glisse une incise à ceux qui seraient choqués: on mourra tous, un jour ou l'autre, arrêtons d'en faire un tel chambard. Mes copains morts de cancer, de diabète: qui en parle? Alors qu'ils se sont soignés, eux!
Quand on est convaincu que France Soir ou le CSI sont des complotistes, on ne lira rien de leur part et on n'apprendra donc pas que tous ces médecins n'ont eu aucun cas de covid si aggravé qu'il doive être hospitalisé (quelle paraphrase pour ne pas dire la phrase qui mérite censure ici...). Donc on reste chez soi, et on ne se soigne pas.
D'où je parle? Depuis le corps d'une malade de naissance, fragile physiologiquement. Je suis sidérée du manque de respect de mes concitoyens pour leur propre corps. Ils le traitent comme un chien de ferme, qui ne mérite même pas de traitement. Je trouve le terme de Cornichon très tendre, finalement.
Il me faut encore trouver une illu et écrire plus subtilement ce billet sur le Club des Cornichons du Covid, qui viendra rejoindre la Confrérie des Couillons du Covid.
Ce billet a été inspiré par des commentaires sous l'article "Ingénierie sociale et manipulation des foules" où je relaye la vidéo de Mikaz (https://www.facebook.com/taty.lauwers/posts/3966593203410166). Qui fait un peu court sur certains thèmes car vidéo et car public jeune, vous comprenez le topo.
Pour le détail des raccourcis dans la vidéo de Mikaz, qui affiche les tours du World Trade Center lorsqu'il expose les mensonges d'état (ce qui est LA seconde où il a dérapé, seconde qu'un internaute reprend en oubliant tout le reste), voici ce que je vois. Si Mikaz avait voulu faire long sur le sujet, les jeunes ne l'auraient pas suivi. Car pour la simple explication "créer le problème pour offrir une solution" il aurait dû faire des vidéos de 3 heures, *en série* tant le sujet est complexe.
Ecouter par exemple l'ancien policier que j'adore, Noam Anouar, exposer régulièrement sur Le Media, et ici en particulier comment les autorités instrumentalisent le terrorisme et le communautarisme pour affaiblir les possibles ententes entre citoyens. Alors qu'ils pourraient assez facilement régler les problèmes de violence, ils préfèrent jouer les shérifs de banlieues: https://www.youtube.com/watch?v=LMPw3NVcW6M
Parfait. On monte les communautés les unes contre les autres pendant qu'on prêche "le vivre ensemble". On attise la haine, histoire qu'elle se déverse sur des péquenots et non sur les dirigeants. On divise pour régner, vieille rengaine. Voir le piège des minorités: à penser les faits en "genre" par exemple, on oublie totalement la lutte des classes et la lutte des places. Voilà de l'ingénierie sociale efficace, tranchante... et quasi fascisante.
Bernays n'avait rien inventé rayon manipulation des masses, mais il a structuré ce qui se faisait déjà "à la sauvage" auparavant.
Les amateurs d'Histoire écouteront deux historiens détailler comment l'image de Robespierre a été manipulée, torturée, salie, puis encensée, puis retraînée dans la boue - dès le début de son action! "Le grand méchant Robespierre » avec Marc Belissa et Yannick Bosc" .
Ce cas qui peut paraître anecdotique illustre bien que la manipulation médiatique ne date pas d'hier, elle a de beaux jours derrière elle.
Mais désormais elle est pratiquée avec structure, logique, systémique, tout ce qui a fait la gloire du nazisme.
Les citoyens qui pensent pour l'instant "à l'étrange défaite" de 40 (livre de l'historien Marc Bloch) ne se tromperaient pas, car nous nous voyons aux prises avec un néolibéralisme déchaîné qui prend ses racines dans ... le nazisme.
Lire de Johan Chapoutot: "Libres d'obéir - le management du nazisme à aujourd'hui" où l'auteur, historien de l’Allemagne et professeur à Sorbonne Université, démontre à quel point les techniques de management actuelles doivent au nazisme. Ou se faire une idée par ici.
A la différence des années 35-45, nous sommes informés en temps réel. Nous vivons ce webinaire permanent. De jour en jour, j'attends de voir quel nouvel interlocuteur ouvrira les yeux et viendra rejoindre le groupe des questionneurs en voie d'autonomie, désireux de devenir des adultes.
J'ai choisi l'illustration de Maria Libero dans ce contexte d'une société en crise civilisationnelle: de la douleur de devenir adultes...
Voir le chapitre "Le complotisme de l'anti-complotisme" - voir la table des matières du dossier