30.11.2020 «Oh mais que faire après la crise covid?» De l'éducation populaire à la Frank Lepage, pardi. Conférences gesticulées et débats mouvants: que sont-ce?
Mais alors ? Mais alors ! Mais alors… que faire après le covid-19? Voilà des mois qu’on se pose la question, les uns et les autres, chacun à son rythme. La question a surgi à partir du moment où chacun a quitté la sidération dans laquelle nous a plongés la Grande Panique de 2020, dès fin mars ou plus récemment. De nature tête froide en cas de crise, j’utilise mon cerveau et je le double de mon intuition. Dès mars, cette intuition me soufflait qu’on assistait à une mise en scène. J’ai commencé le dossier à cette date, espérant avoir tort. Après quelques mois, je crains fort avoir eu raison.
NB. Ne poursuivez la lecture que si vous voulez une vision pédagogique collective, constructive, sans prêchi-prêcha, ambiance « éducateur de rue ». . Attention, long billet, mais ce sujet si délicat mérite quelques ronds de jambe, n’est-ce pas ?
N’étant ni juriste, ni femme politique, je vois qu’en tant que citoyen ma seule arme actuelle est d’au moins informer mes congénères sur ce que l’on peut voir comme forces à l’œuvre, de leur proposer de regarder les infos des medias de grand chemin avec un œil critique au lieu de répéter les mantras de la Grande Terreur. Les sources sont toutes là, je pense à Sciensano en Belgique si l’on veut se nourrir à la source ; ou à des experts du domaine qui nous donnent de leur temps. Je pense au prix nobel Levitt que je suis sur twitter depuis mars et qui, déjà début mars, décortiquait l’épidémie avec tant de talent que cinq mois après, son rapport s’avère exact, à quelques virgules près. Je pense à une docteure en biotechnologie belge qui explore les chiffres officiels, les rumeurs, en termes simples et à la portée de tous – Caroline Vandermeeren.
Revenons au sujet : comment informer ? Comment partager ?
Chacun choisira sa propre posture de partage. J’ai peu relayé ceux que j’appelle les vrais complotistes (JJC par exemple), car ils imposent à leur lectorat des visions fermées, sans que ces internautes puissent s’approprier les questions, les cheminements de pensée. Ils agissent en gourous sauveurs, qui on trouvé UN ennemi (généralement extérieur à eux-mêmes), ils se font chefs à l’ancienne « eux savent, le peuple les suivra ». C’est inconscient chez eux bien sûr, mais comme pédagogue j’ai des petits boutons quand je vois cette approche se déployer. On ne grandit pas l’autre ainsi, on le capture, on s’en nourrit.
Ma posture en nutri, que je ne suis arrivée à peaufiner qu’après mes toute premières années de militance bio végé extrême, disons dès 2000 : à vouloir le bien des autres sans leur demander leur avis, on devient un élément du clergé d’une bien-pensance dont on est les seuls à décider qu’elle est la bonne. On prêche en chaire, on finit par se sentir berger d’un troupeau. J’ai résumé cette posture sous l’intitulé « moutons blancs et moutons noirs » sur mon site (https://www.taty.be/choisir/MR_infographie5E.html).
Je l’illustre en pratique : certaines de mes proches font « n’importe quoi » (mon jugement) en matière de santé. Au lieu de leur faire la leçon, je leur annonce simplement qu’une autre posture pourrait les aider et que je serai toujours là pour la leur transmettre, quand ils seront prêts. S’ils n’accrochent pas à cette branche-là, j’attends. Pour certains, j’attends depuis 20 ans. D’autres ont dû attendre de longues années pour moi aussi. Je me rappelle une copine qui me disait «taty, tu manges les clous de ton cercueil». Phrase forte qui est tombée longtemps dans l’oubliette de mon cerveau. Jusqu’au moment du cancer à 40 ans, à pronostic dramatique.
Je me limite désormais à communiquer quelques phrases simples, mais je l’ai fait au cours de 26 livres : en changeant les tons et les approches, les harmoniques et les entrées en matières. Je ne fais qu’exposer des solutions afin que chacun puisse venir puiser des graines. Si personne n’ouvre le couvercle de ma boîte à graines, eh bien tant pis. Ils le feront dans dix ans, cent ans, qui sait? Je raisonne en multigénérations, ça aide à rester calme.
J’ai parlé de celui qui veut aider l’autre sans lui demander son avis, en prêchant. Il y a pire et on l’a sous les yeux : vouloir le bien contre le gré de l’autre est encore pire: c’est le drame de Pol Pot, qui a voulu le bien de sa nation. Malgré que son analyse était parfaitement juste sur le papier, son action a fini en véritable génocide. C’est aussi le drame de la médecine des vaccins qui, en leur temps et heure, à l’époque d’un hygiénisme très douteux, avaient quelque justification. Mais qui n’ont plus grand lieu d’être. Cela a fini en machine à sous pour les labos, en machine à pouvoir pour la technohygiénocratie (il y a une «police des vaccins»!); et en innombrables effets indésirables durables, dramatiques - le plus durable étant la mort de l’enfant. Ce qui n’est pas un effet collatéral et arrive bien plus souvent que ce qu’on ne présente dans les médias, relais des labos.
Après avoir choisi sa posture de partage, il faut envisager ce que nos interlocuteurs peuvent capter comme infos, comment ne pas les submerger, les étouffer par des angles de vues trop puissants. On pense aussi à qui peut et veut lire les infos avec un esprit critique. J’ai nourri tout un chapitre « Psycho 101 » sur le site, où je fais mon petit courrier du cœur de magazine féminin, envisageant tous les cas de figure en formation. Depuis quelques mois je rencontre un cas que j’ai peu fréquenté en ateliers de nutrition ou d’informatique : des hallucinés, des paniqués. Dont je pense qu’il faudra une approche particulière si l’on veut que l’information percole. Cette approche ne sera efficace qu’hors réseau, hors internet, hors virtuel : revenez dans les échanges vivants ! La panique,, la sidération, la terreur sont entretenus par le mode virtuel de transmission des informations.
Je me splique.
Chacun approche la question post-covid enrichi par ses années de questionnement politique, citoyen, personnel ou collectif. J’y ajoute ma part de questions autour de l’enfermement technologique qui marque nos échanges sur le net depuis quelques années. Je suis convaincue que nous ne sortirons de l’impasse que si nous Ce n’est pas l’outil qui est cause, c’est ce que les GAFAM en ont fait depuis dix ans qu’ils ont tué l’internet libre (je mesure mes termes) et qu’ils ont, pour certains (facebook en tête) décidé de manipuler les cerveaux à distance. Tout cela s’est payé sur le merveilleux confort de navigation, d’exploration que l’internaute croyait avoir trouvé.
Nous sommes plusieurs à crier au loup depuis des années, j’ai relaté mes propres recherches dans le dossier « ce que les Gafam font à l’humain », amorcé en 2018 (https://taty.be/articles/FQblog.html -s). On chantait dans le désert et qu’on passait pour des rabat-joie.
Mais… nous voici arrivés au moment où l’on observe la perte d’une forme d’intelligence collective que nous prédisions; où l’on voit que chacun se réfugie dans la bulle de ses propres croyances, fermé à toute opposition (ou la réfutant violemment), sans ouverture possible à d’autres voix, une île parmi les îles ; on voit des personnes intelligentes, cultivées, s’exprimer dans une forme d’hallucination, sans plus aucune logique. Bravo, les gafam : pari tenu ! Si je regarde ces échanges avec l’œil de la geek, navigatrice du ouaibe depuis 1998 au moins, ces phénomènes de fermeture, d’aquarium, d’intolérances sont clairs - surtout quand je lis les échanges sur twitter ou facebook en particulier, ces lieux où je me refuse à discuter, bien consciente de l’effet aquarium dans lequel chacun vit.
Premier pas pour sortir de l’impasse : quittez les réseaux gafam ! barrez-vous ! sauvez-vous ! Vous êtes prisonniers volontaires, ne continuez pas. Gardez vos contacts fb ou twitter, sauvegardez-les dans d’autres moyens de comm’ (forums, mailings, etc.). Vous serez vus par bien plus de monde, vous gérerez le volume de vos contacts et vous ne serez plus victime de la microcensure de ces messieurs, qui ne vous montrent que ce qu’ils veulent bien. Généralement en privilégiant la haine et la trouille (ce sont leurs algorithmes). Vous garderez ainsi un réseau de contacts fiables et pourrez peut-être garder la tête plus froide en naviguant.
Continuez à discuter sur d’autres forums si cela vous chante, mais le passé ne se reconstruit pas : on ne reconstruira pas les échanges classiques maintenant que le mental de l’internaute a été façonné en forme d’aquarium fermé sur lui-même. Je crains que même un forum hors facebook ou twitter, un forum à l’ancienne, reproduira le même défaut. Je pense qu’on n’arrivera à réfléchir une voie de sortie qu’en discutant en ateliers et assemblées en direct, sur le vif, en face à face et en se regardant dans les yeux. Comme l’ont fait les gilets jaunes, lorsqu’Etienne Chouart les a réunis en assemblées constituantes. Pédagogue depuis longtemps, par mon métier, je suis pourtant incapable de gérer un groupe de parole comme il le fait. Je me limite à faire ce qu’il m’a été donné : je rédige avec facilité un audit de la situation, en exposant chaque facette d’un problème sans rage, sans colère, la tête froide. Je construis volontiers des dossiers réunissant les arguments et sources utiles pour organiser des ateliers. Que chacun s’y nourrisse et trouve quelques graines pour amorcer des ateliers vivants, de partage.
On arrive au cœur du discours, pardon d’avoir été si longue mais c’est complexe. Je partage ma vision perso, tant mieux si elle vous parle, tant pis si vous partez dans d’autres voies. Je n’ai jamais vu l’efficacité d’un cours ex-cathedra (le maître en chaire et les élèves en auditoire). Je vous invite plutôt à regarder comment peut se dérouler un atelier d’éducation populaire – ce que j’aurais rêvé être capable de faire . Ici, Frank Lepage et Etienne Chouart interagissent en ateliers volumineux (centaines de personne). J’extrais les quelques minutes qui vous donneront des idées : les 4 premières minutes de cette vidéo-ci chez le Canard Réfractairei, qui expose le principe du débat mouvant, du mouvement dans le débat = https://www.youtube.com/watch?v=Ghc01sOQNOg.
Remplacez par exemple la phrase clivante que propose Lepage à la minute 4.20 d'une autre vidéo (https://youtu.be/Ghc01sOQNOg?t=260) par « il n’y a pas d’autre solution qu’un vaccin » et imaginez le même déroulement. Je ne vous demande pas de devenir maoïstes comme eux, je vous propose de voir les interactions que l’on peut nourrir en gérant un groupe en scène, avec mouvement physique et mental, les enrichissements de la pensée et de l’affect. Les esprits s’ouvrent, les arguments s’échangent, c’en sera fini de l’aquarium. On revient à ce qu’on peut appeler l’intelligence collective.
Si j’étais douée pour cela, voilà ce que je ferais dès que possible. J’espère que cette approche vous parlera
Ecouter Franck Lepage et Daniel Mermet discuter: https://www.youtube.com/watch?v=lZeaKFf2G1Q (1/2 heure)
Où l’on découvre la différence entre l’humour de transgression, qui ne fait pas de mal à une mouche, soit elle macronienne; et l’humour de subversion que veut pratiquer notre «Bourdieu coluchien» qu’est Lepage.
Où l’on découvre en quoi les conférences gesticulées sont géniales, car le discours théorique passe par une incarnation, par du concret et là, tout le monde comprend! C’en est fini des Psyché d’Elites (je ne m’en lasserai pas, patience, lecteur), on sort de son alvéole et on se reconnecte à du vivant.
Où l’on comprend qu’en conférence gesticulée le mélange de savoir froid (universitaire) et de savoir chaud (le terrain) produit non pas du tiède, mais de l’orage!
Contrairement à ce que dit Lepage, le terme de «gesticulé» ne me semble pas idiot. On pense à «la geste» à l’ancienne, cet ensemble de longs poèmes historiques et légendaires. Ici, chacun peut traduire en conférence son vécu quotidien: depuis le médecin jusqu’à la banquière, en passant par l’assistance sociale. Le fait politique en prend une toute autre tournure.
Réponse aux internautes qui écrivent: «Comment être le grain de sable qui enraye les rouages de l’économie? aller au feu et descendre dans la rue en chair et en os?». Faites des conférences gesticulées, filmez-les, publiez-les. Une petite formation de quelques jours chez l’Ardeur.net pour être guidé et zoup, vous y êtes. Vous changerez ainsi à votre niveau la texture de l’espace-temps (ma vision grandiose, à la Guillemant) ou simplement la conscience de quelques concitoyens qui doutent encore (plus pragmatique). Manifester, feu, etc: je pense que les manifs sont un outil pour aider cette gouvernance déviante, au lieu de la contrer.
Il est bien plus subversif de concrétiser ses déviances par des jeux incarnés.
Cette vidéo-ci montre plein d’extraits de conférences gesticulées à la Lepage. Que de bonnes inspirations (dans les deux sens du terme)!
Voir le chapitre "Sortir de l'impasse - voir la table des matières du dossier