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Un autre narratif: le Petit Poucet

1.10.2021 Le storystelling autour du corona a permis la "psychose de masse" autour de ce récit, cristallisant l'angoisse flottante avec bonheur pour ceux qui en étaient atteints (et avec malheur pour nos libertés fondamentales), et nous emmenant tout petit doucement vers une forme de totalitarisme, accepté et même souhaité par les foules. Mattias Desmet invite à créer un nouveau narratif, pour détricoter ce que ce storystelling est venu faire. J'ai pensé à un conte traditionnel: le Petit Poucet.
Ce billet fait suite à "L'angoisse d'être dépossédés par la modernité".

Billet inclus dans le dossier "Le circus virule (ou ce que le covid-19 est venu nous dire"), amorcé début 2020. Répertoire "non-food" de ce site. Je mets ma casquette de Jiminy Cricket, comme pour le dossier à charge contre les Gafam. Je transfère certains des billets écrits en brouillon sur fb pendant le confinement. On les retrouve via le sommaire.

 

Quand un enfant est confronté à des angoisses insurmontables, au lieu de parler et d'expliquer, on lui raconte une histoire. Il peut s'y projeter, faire travailler son imaginaire.

Parmi les multiples contes de nos traditions, il me semble que le Petit Poucet convient dans ce contexte-ci. Les enfants sont non seulement abandonnés par leurs parents, ils sont chassés de la maison familiale. Si vous ne voyez pas le lien avec l'effondrement des valeurs politiques aujourd'hui...

On ne peut pas NE PAS avoir (enfin?) compris que les politiques auxquels nous avons cédé un peu de nos libertés en échange du fait qu'ils nous protègent et nous aident (lois sociales, éducation, protection des démunis, chômage, etc...) ne pensent plus au bien commun, au vivre ensemble, aux citoyens mais bien à leurs petites carrières. Nous sommes "gérés" par des directeurs de superette, qui pensent flux économique, gestion des stocks, timing, rentabilité. Je sais que j'ai surutilisé le terme de "directeurs de superette", j'en trouverai d'autres pour le livre final. Voyez la gestion de Macron: dès 2017 il a annoncé qu'il amorçait la "start up nation" et il gère en effet son pays comme une boîte: le patron est seul maître à bord, il décide de tout, il gère tout et rien à la fois, il vend par petits bouts le patrimoine quand il veut à qui il veut, il tient des conseils d'entreprise pour du rire, pour faire semblant "qu'on discute". On a vu ça mille fois en entreprise. Cela fait un peu mal aux yeux en gouvernement politique.

On peut ne pas vouloir voir que, depuis quelques années, les dominants sont très chiffonnés face au suffrage universel, à l'organisation des pays en corps intermédiaires qui font rien qu'à leur mettre des bâtons dans les roues: pffft! les syndicats, pffft! les commissions, pffft! le parlement, etc. Que dire de leur attitude envers les contestataires, même légitimes comme les gilets jaunes en France: et que je t'éborgne, et que je t'ampute d'une main....

Ce n'est rien de dire que les Pères symboliques de la politique nous ont chassés de leur territoire. Ajoutons à cela que d'autres statues s'effondrent et que nous perdons de vue d'autres Pères symboliques: la "Science" (entre guillemets, car dans un plus long texte il faudrait définir ce qu'on entend réellement par ce terme), qui était devenue notre nouvelle religion à l'instar de la médecine, a perdu son aura. On découvre petit à petit depuis quelques années la corruption systémique - ce qui ne serait rien si cette découverte n'était doublée d'une déception encore plus grande: la science de la biologie est devenue folle cinglée et semble se limiter à nous offrir des OGMs dont on se passerait bien (mais qui profitent aux multinationales), propose des comités d'éthique qui sont de purs fantoches (en France, on autorise des avortements à neuf mois sous de fallacieux prétextes sociaux, tout à fait foireux, qu'une mémé de soixante ans comme moi peut démonter en deux arguments), ou nous prépare des chimères singes/humains... La liste n'est pas exhaustive.

Que dire de la déception face à la médecine? Au moment où l'on va consulter pour le moindre bobo, où l'on a recours à l'imagerie médicale pour tout et n'importe quoi, en même temps, on ne peut pas NE PAS être conscient des grandes limites de la médecine actuelle: en gros la pharmacopée efficace s'arrêtera aux antibiotiques, aux antiinflammatoires, à l'insuline, aux antalgiques. Voilà: vous avez votre boîte à pharmacie personnelle, ou la prescription-type pour les maux d'aujourd'hui.

Vous rajouterez : "et les statines?". Elles sont comme les vaccins: une forme de prévention vague, dont on ne sait vraiment si c'est utile ni si c'est toxique. Un coup de génie du marketing des firmes pharma, qui y trouvent une mine d'or. Un spécialiste du domaine médical se fera un plaisir de faire la liste des "médicaments de prévention" de type statines qui sont survendus sur la foi de promesse de protection illusoire.

Bref, ceci est un billet, pas un essai à publier chez Gallimard, je peux faire simple: au moment où le grand public divinise les médecins (il y a un terme pour "en fait des prêtres sacrés"?), ils sont bien démunis face à nos maladies chroniques. Essayez, juste pour rire, de développer une maladie auto-immune, un cancer, un diabète... Bien sûr vous serez soulagés par les médicaments, mais vous ne serez pas soignés car la médecine actuelle n'a RIEN dans les mains pour guérir ces maladies, qui sont provoquées par notre mode de société. Sauf les très rares médecins qui connaissent la puissance thérapeutique d'une hygiène de vie réformée, qui viendra vraiment soigner après le premier passage par des médicaments. Dans mes écrits et mes pratiques, depuis plus de 20 ans, je me concentre sur la part nutritionnelle de cette hygiène de vie, ce qui ne représente qu'un quart de la réforme. Et pourtant, rien qu'en revoyant la nutrition d'un malade autoimmun, d'un diabétique, d'un cancéreux qui craint une rechute, on obtient des résultats tout à fait prodigieux.

Nous voilà donc, citoyens naïfs et confiants, comme des enfants perdus dans la forêt obscure, comme le Petit Poucet et ses frères. Il faudrait donc un génie de la narration pour écrire une version moderne, qui pourrait ouvrir un nouvel horizon à ces citoyens/enfants perdus, leur donner une base imaginaire pour sortir du narratif corona/Grande Panique. Je ne m'inclus pas dans ces citoyens-enfants, pas plus que certains autres questionneurs du narratif covid. Non que je suis plus maligne que d'autres, mais j'ai déjà tué le père comme on le dit en psychanalyse. Je ne compte plus que sur moi et quelques proches. Depuis mes premières années trostkyistes à la fac', j'ai compris qu'il fallait bien vivre dans une société qui accepte d'être protégée par des mafieux (eh oui, je fais dans la dentelle depuis longtemps quand je m'exprime). Quand je vote, c'est en conscience de l'imposture en cours, pour faire un geste minime (je votais écolo car il n'y a pas de candidat anarchiste, bien sûr, ce qui est logique). Malade depuis que je suis née, je me considère une malade professionnelle. Ce n'est pas d'hier que j'ai capté les limites de la médecine. Lectrice avide des nouvelles politiques, économiques, sociales (ou même en nutrition depuis 2000), j'ai perdu la foi dans les medias de grand chemin depuis longtemps. Je les lis "pour faire groupe", pour savoir ce qui fait sens dans la société où je suis tombée. J'écoutais la radio, je lisais quelques journaux, toujours attentive au double langage.

C'est le moment de citer le troisième pilier qui s'est effondré, pilier qui semblait si solide aux yeux des citoyens/enfants: la presse officielle. Avant la crise corona, l'effet était assez flou, mais l'inconscient du grand public le percevait. Depuis mars 2020, c'est devenu une évidence: les medias classiques, télé en tête, sont devenus des Voix de son Maître - que ce maître soit les sponsors ou le gouvernement. On était conscient que les nouvelles étaient d'une richesse inouïe, mais on voyait bien qu'elles étaient filtrées par une forme d'entonnoir et que, quelque media qu'on écoute ou qu'on lise, on recevait un fin filet des mêmes nouvelles, au même moment, dans les mêmes termes.

Et enfin, je me permets de verbaliser ce que beaucoup doivent sentir, confusément, dans cette angoisse flottante: qui, parmi nos Pères symboliques, a fait quoi que ce soit pour nous empêcher d'être dépossédés de nous-mêmes, déshabités par la modernité affollante? Phénomène sur lequel j'ai longuement glosé en termes profanes (le dernier billet étant le récent "L'angoisse d'être dépossédés par la modernité") et que je représente par cette gravure de Kubin que je ne me lasse pas de contempler:

J'ai donc pensé que l'on se trouvait dans la situation idéale pour raconter l'histoire du Petit Poucet.

En enquêtant, j'ai découvert la symbolique de ce conte, chez Gallican.org. Je vous soumets quelques extraits de la page ad hoc - dont j'ai retiré quelques références bibliques, ce qui est normal quand l'auteur est un Monseigneur - références qui pourraient bloquer certains lecteurs un peu trop antireligieux.

« Nous pensons qu'à peu près toutes les écoles initiatiques sérieuses, qu'elles soient d'orient ou d'occident sont d'accord sur la présence dans le corps humain des sept centres d'influences que nous nommons kentras.

Six de ces kentras sont dits complémentaires, c'est-à-dire liés deux par deux. Par exemple le kentra Tsi, situé à l'emplacement du plexus solaire et qui donne quand il est épanoui du courage, de l'audace, de la sûreté de soi, de la maîrise sur les autres, le kentra Tsi - disons-nous - a pour son complémentaire le kentra Mam qui est situé à l'emplacement du nombril et qui permet le repli sur soi-même.

Voici que dans le Petit Poucet Perrault nous parle du seul de ces kentras qui n'a pas de complément: le kentra Pfou, qui se situe entre les deux yeux, au milieu du front, là où est la glande pinéale, le "troisième oeil", celui dont Jésus a dit: "Ton oeil est la lampe de ton corps" (Luc 1,34) - oeil lumineux du corps astral.

Ce kentra Pfou va être nommé par Perrault: le Petit Poucet. (...)

Lisons bien le début du conte initiatique:

- "Sa femme allait vite en besogne et n'en faisait pas moins de deux à la fois." Cela confirme bien ce que nous venons de dire sur les kentras qui vont par paire: Tsi et Mam, Koun et Golgo, Kra et Ohé, Aoum et El... Ce sont les six premiers fils... Perrault va mainteant nous présenter Pfou.

Le kentra Pfou, autrement dit le Petit Poucet est donc le dernier venu, il est fort petit et nous pouvons préciser que c'est la dernière conquête de l'homo sapiens. Ouvert à la vue d'une autre dimension, cet oeil de cyclope va nous permettre de nous diriger dans l'inconnu que symbolise cette forêt que les précédents contes nous ont déjà fait ressentir... Forêt, immense et merveilleux domaine de l'astral dans les contes de Perrault: là, pour se diriger et se reconnaître, il nous est indispensable de tenir allumée cette lampe christique qu'est le kentra Pfou, l'oeil unique cité dans le passage de l'Evangile dont nous parlions tout à l'heure; à ce sujet remarquons bien que si Jésus avait voulu parler des yeux du corps de chair, il aurait dit: "tes yeux". (...)

La seconde fois que les enfants sont perdus dans l'immense forêt, ils ne peuvent plus utiliser l'aide des cailloux blancs, mais celle du pain. Qui osera nous dire que Perrault n'aurait pas pensé au symbole eucharistique ? (...)
La suite du conte va nous mener jusqu'à la maison de l'Ogre. (...)

La maison de l'Ogre c'est le matérialisme, l'esprit d'attachement aux choses de ce monde. Dans la symbolique des contes, la maison marque une construction de l'esprit, un système philosophique. Le philosophe Emmerson emploie, par exemple ce mot dans ce sens quand il écrit: "si l'esprit construit sa maison, la maison enferme l'esprit." (...)

Le petit Poucet a donc - pour résumer - été chassé de la maison paternelle: l'ensemble de systèmes philosophiques et religieux qui ne suffisaient plus à nourrir son esprit.

Puis il a été un temps séduit par les doctrines matérialistes; ayant fait un peu trop vite table rase des anciennes croyances, beaucoup d'êtres se réfugient dans l'athéisme ou dans des systèmes faussés, là ils rencontrent la famille de l'Ogre. S'ils ne fuient pas à temps ils sont dévorés.

Mais - dans le présent conte - le Petit Poucet va fuir à temps la séduction. Il ne s'endort pas, il réveille ses frères, il emporte les couronnes, il fuit le système de pensée de l'Ogre (la maison)... Regardons-le avec ses six frères: "Les Sept Couronnés" (vieille dévotion populaire...) Ce sont les sept kentras d'un être en plein rayonnement.

Cela ne suffit pas. Le Petit Poucet va être bien entendu poursuivi par l'Ogre et il serait repris s'il ne se réfugiait pas dans une grotte initiatique. Perrault ne risquait pas d'oublier de nous indiquer cette étape importante: La Retraite.

C'est là que le Petit Poucet va pouvoir chausser les bottes de sept lieues, (c'est à dire faire vibrer simultanément les sept kentras du corps astral...) Il va pour employer une expression évangélique "frémir en esprit", il va sortir un moment du continuum spatio temporel, il va passer en astral par sa propre volonté, pas comme Cendrillon qui s'y laissait porter, mais librement.

L'Ogre a essayé sans y être spirituellement et ce fut un échec.

Mais le Petit Poucet qui sort de la Grotte Initiatique (contrairement à la Maison, la grotte n'est pas bâtie de mains d'hommes) le Petit Poucet va employer au mieux ses bottes magiques et revenir à la Maison du Père".

 

Passionnant, non? Ce l'est pour ceux qui, comme moi suivent Michel Maffesoli dans son hypothèse que nous vivons un changement de paradigme, une crise civilisationnelle.

Lire la totalité sur https://www.gallican.org/ptpoucet.htm

Amateurs de symbolisme et de traditions, d'autres contes sont analysés selon la même grille de lecture: voir la page générale "Symbolisme initiatique des Contes de Perrault" -> https://www.gallican.org/perrault.htm

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Le dossier n'est pas terminé, je l'étoffe de jour en jour. Patience, il sera prêt en livre sous peu.

Voir le chapitre "Hallucination collective" - voir la table des matières du dossier

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