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L'angoisse d'être dépossédés par la modernité

19.9.2021 Ecologie et covidisme sont intimement liés, je les associe d'ailleurs depuis le début dans "Le circus virule". Au début je n'ai pas compris ce que je faisais, désormais je pige mieux: l'approche écologique ou l'angoisse de la finitude sont au coeur de la crise covid. Ce billet fait suite à "Quel narratif pour remplacer celui du covidisme?".

Billet inclus dans le dossier "Le circus virule (ou ce que le covid-19 est venu nous dire"), amorcé début 2020. Répertoire "non-food" de ce site. Je mets ma casquette de Jiminy Cricket, comme pour le dossier à charge contre les Gafam. Je transfère certains des billets écrits en brouillon sur fb pendant le confinement. On les retrouve via le sommaire.

 

La "méthode" écolo n'existe pas. On peut être un écolo convaincu sans être latourien (de Bruno Latour).

Cette fois-ci je ne m'adresse pas à ma soeur, comme dans le billet précédent, mais à une très très chère amie qui me prête des livres de Latour, amie à qui je n'ose pas dire mon avis sur ledit Latour tant je pense que cela fracasserait ses croyances... et notre amitié.
Je ne peux pas valider des "écolos" qui veulent faire semblant qu'on peut continuer le progrès, les techniques affolantes, le scientisme hégémonique, le matérialisme sous des oripeaux spirituels... en prétendant protéger la terre et l'humain.

Je détourne donc ma réponse en faisant appel à d'autres auteurs, comme Daniel Cérézuelle dans "Une nouvelle théodicée* ? Remarques sur la sociologie des techniques de Bruno Latour".

* théodicée, j'ai dû consulter le dico: "explication de l'apparente contradiction entre l'existence du mal et deux caractéristiques propres à Dieu : sa toute-puissance et sa bonté". Si je comprends bien, ceux qui ont besoin de se référer à une théodicée ne croient pas aux forces du mal?

Article dont j'extrais la conclusion:

"Latour se dit « empiriste » mais son discours si sophistiqué et rassurant ne fait guère justice à ce dont chacun peut faire l’expérience : une avalanche continue d’innovations qui bouleversent notre monde et notre vie quotidienne ; une impuissance à en corriger en temps voulu les effets négatifs et les absurdités car l’imbrication entre les dispositifs techniques matériels et immatériels est telle que pour modifier un élément c’est, de proche en proche, tout un ensemble qu’il faudrait réformer. Que la technique ait affaire avec la puissance, c’est l’expérience la plus commune et il n’est pas vrai que « tout est négociable » ; elle résiste. À bien des égards, la contrepartie de la montée de la puissance technique collective c’est l’expérience de l’impuissance personnelle. Qui dans sa vie professionnelle n’est-il pas contraint de se conformer à des prescriptions absurdes, voire immorales, sous couvert de rationalité technique ? Et pour comprendre pourquoi il en est ainsi, il vaut mieux lire Ellul que Latour. Pour qu’une véritable socialisation de la technique soit envisageable, il ne suffit pas de créer quelque « parlement des choses », il faudrait au moins que nous ayons le temps d’enregistrer les effets de l’innovation avant qu’elle ne soit partout un fait accompli. Cela supposerait un tout autre rythme de l’innovation et la renonciation à l’obsession de la puissance."

Conclusion qui illustre comment a pu s'installer chez l'Occidental urbain un des facteurs qui a permis la coronoïa selon Mattias Desmet: cette angoisse flottante (dans ce cas-ci d'être dépassé par les innovations permanentes, dépossédantes). Que j'aime à représenter par la gravure de Kubin ci-jointe.


 

Lire la suite: "Un autre narratif: le Petit Poucet"
Le dossier n'est pas terminé, je l'étoffe de jour en jour. Patience, il sera prêt en livre sous peu.

Voir le chapitre "Hallucination collective" - voir la table des matières du dossier

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