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Psy-op en cours en Occident: vraiment? Quid d'un effondrement psychique intérieur?

13.11.2020 Découvrir comment une éventuelle "psy-op" a pu avoir tant de succès depuis mars 2020 et mettre en perspective l'hypothèse d'une hallucination collective comme socle de la crise corona, la relier au déni du réel de nos sociétés, à la siliconisation subtile des esprits, à la réification des humains - tribunes et interview d'Eric Sadin sur sur l'Homme Fracassé de 2020.

Billet inclus dans le dossier "Le circus virule (ou ce que le covid-19 est venu nous dire"), amorcé début 2020. Répertoire "non-food" de ce site. Je mets ma casquette de Jiminy Cricket, comme pour le dossier à charge contre les Gafam. Je transfère certains des billets écrits en brouillon sur fb pendant le confinement. On les retrouve via le sommaire.

 

Je partage le contenu de ma réponse par courriel à une amie, qui écrivait: «Beaucoup sont dans un déni violent, la psy-op fonctionne très bien... pour l'instant.» On ne peut pas nier une forme de psy-op, mais c'est mettre beaucoup de foi dans l'intelligence des acteurs de l'état profond (je peux enfin utiliser l'expression, j'ai fait ma petite entrée sur le sujet ici

Etat profond que je suis d'un regard taquin depuis longtemps que je m'informe auprès des anars, des Monde Diplo et autres feuilles parallèles (fini Libé, fini l'Obs depuis longtemps, pour moi). Je suis même des pistes à droite (mais ça c'est courant chez les libertaires: anar' un jour, anar' toujours, les partis importent peu, ni gauche ni droite).

Les manips médiatiques et la panique des gouvernants européens dès le mois de mars (élus qui croyaient à du bioterrorisme, apparemment, plus qu'à un virus saisonnier) se sont installées sur une hallucination collective du public, qui elle même s'est installée sur des individus fracassés par la modernité, broyés par l'économie néolibérale niant l'humain, découragés et déshabités d'eux-mêmes par les réseaux et les gafam. Une belle mixture pour abîmer l'humanité en chacun de nous.

Il a suffi d'une étincelle: les décisions arbitraires de nos gladiateurs d'opérette (Macron en tête); pour que la folie s'installe. Et depuis, le feu de forêt brûle.

l'Homme Fracassé de 2020, par Eric Sadin

Pour avoir un exposé plus clair, mais succinct sur l'Homme Fracassé de 2020, écouter Eric Sadin, qui expose clairement la déchirure des communautés dans un interview chez Bercoff: https://www.youtube.com/watch?v=0cgKMJ9Jids (il était beaucoup plus long sur le sujet chez thinkerview récemment, plus casse pieds aussi alors qu'on l'adore).

Ce n'est qu'une des nombreuses clés pour comprendre cet Oeuvre au Noir qu'on vit pour l'instant. Cela ne préjuge pas des autres clés. Tu me diras ce que tu en penses.

* Sadin: philosophe, auteur de « L'ère de l'individu tyran » Editions Grasset.

Pour demain, une impérieuse politique du témoignage, par Eric Sadin

Suite nr 1 sur le sujet pour mettre en perspective l'hypothèse d'une hallucination collective comme socle de la crise corona, et la relier au déni du réel de nos sociétés - dont je pense qu'il est un mur qui empêche de se reconnecter et qui pollue la réflexion individuelle et collective - lire une tribune d'Eric Sadin ici (avril 20):

-> https://www.liberation.fr/debats/2020/04/29/pour-demain-une-imperieuse-politique-du-temoignage_1786694

Ce billet est lié à mes chapitres «La société technique folle ou la techno-hygiénocratie» et «On est enrolés de force dans une secte médicale où je pointe que nous souffrons d'un déficit de réel, entre autres.

Extraits:

«Face aux discours du «monde d'après», l'heure doit être consacrée à l'expérience du terrain, dans les lieux où les troubles de l'époque se font cruellement sentir : hôpitaux, entreprises, écoles, ménages démunis...»

(...)

«En ce début de printemps, a commencé de partout à fleurir une nouvelle race : les spécialistes du «monde d'après». La plupart se sont mis à rêver à de salutaires lendemains qui chanteraient, mais selon des termes qui recouvraient le défaut d'imaginer soudainement pouvoir plier le réel à nos vues comme si des paroles, du seul fait de leurs bonnes intentions supposées, devraient bientôt prendre corps. Or, à l'opposé de toute cette inflation opiniologique, l'heure devrait être à un tout autre exercice de la parole et qui procède d'une logique fort distincte : le témoignage. Celui qui narre les situations vécues depuis l'expérience du terrain, dans les lieux où les troubles de l'époque se font si cruellement sentir : les hôpitaux, les entreprises, les écoles, les ménages démunis, les êtres désœuvrés, les banlieues en déshérence… C'est cela qui nous a manqué au cours des dernières décennies : des récits qui auraient contredit les flopées de discours qui masquent la réalité des faits, répondent à toutes sortes d'intérêts et finissent par forger nos représentations.»

(...)

««A cet égard, nous devrions être infiniment plus à l'écoute de ces comptes rendus rédigés depuis le ras du sol de la vie quotidienne, relevant d'expertises souvent plus instructives que celles produites par tant d'experts patentés.»

(...)

«Il est d'ores et déjà écrit que la terrible crise à venir due à cette pandémie va entraîner des licenciements massifs, aggraver les phénomènes de pauvreté, de rejet d'autrui, autant qu'intensifier l'état d'ingouvernabilité larvé qui caractérise nos démocraties et dont voudront tirer à leur avantage des figures autoritaires. Plutôt qu'un hypothétique et soudain monde d'après, ce sont les errements du passé qui font retour sur les écrans de notre présent et qui à juste titre demandent réparation. Et tout laisse à penser qu'il est de notre responsabilité de régler sans attendre ces dettes, faute de quoi des hordes d'huissiers d'un nouveau genre descendront dans la rue et voudront d'elles-mêmes s'emparer de ce dont décidément les pouvoirs successifs, depuis de si longues décennies, se seront obstinés à leur refuser.»

De l'accès à l'excès, par Eric Sadin

13.11 Suite nr 2 , pour mettre en perspective l'hypothèse d'une hallucination collective comme socle de la crise corona, et la relier au choc subi par la population*, lire une tribune d'Eric Sadin ici (sept 20): https://www.liberation.fr/debats/2020/09/22/teletravail-de-l-acces-a-l-exces_1800130

Il est un observateur très critique du monde numérique.

Extraits:

«Mais le plus crucial, c'est un phénomène à portée anthropologique et dont nous ne pouvons encore saisir toute la portée : l'instauration d'un nouveau paradigme dans les rapports interpersonnels. L'écran s'érigeant comme l'instance d'interférence majeure dans les relations. Comme si, en un éclair, nous avions vécu l'avènement d'un nouvel âge de l'humanité, voyant nos «masques de pixels» se charger de rendre viable la mesure de «distanciation sociale» que nous impose le coronavirus.»

(...)

«Nous avons fait preuve de bien trop d'indolence à l'égard de l'industrie du numérique et de l'environnement qui, à grande vitesse, s'édifiait. Et nous l'avons, dans nombre de cas, payé au prix fort.

Alors qu'à l'«âge de l'accès» se substitue maintenant l'«âge de l'excès», nous devons exercer notre vigilance aux fins de sauvegarder nos principes fondamentaux. Au premier rang desquels, ceux permettant d'assurer notre indispensable cohésion – dans une société de partout fracturée et en souffrance – qui dépend pour large partie de liens fondés sur une sensibilité partagée.

Vu que certains acteurs économiques savent pleinement tirer profit du surgissement de catastrophes, ce ne serait ni faire de nous des «amish», ni des adeptes d'un «retour à la lampe à huile» que de nous opposer à la numérisation toujours plus intégrale de nos existences pour nous soucier plus que jamais, et en actes, d'une bonne (et vitale) écologie de nos relations.»

* Dans son décodage de l'hallu collective, sur la base de son analyse de la «rumeur d'Orléans» et d'autres délires de groupe, le dr Gourvénec rappelle que ces déviances du réel s'installent après un gros choc symbolique (genre tuer le père en virant de Gaulle en 69, lors de la rumeur d'Orlénas). Ici ce choc serait le fait que l'humain, déjà écrasé et brutalisé par le monde de l'entreprise néolibéral, est déshabité de ses traditions, de ses liens humains, qu'il n'est plus relié à une communauté autre que la virtuelle.

Mon corps connecté par Eric Sadin

13.11 Suite nr 3 , pour mettre en perspective l'hypothèse d'une hallucination collective comme socle de la crise corona, et la relier à la siliconisation subtile des esprits, à la réification des humains* - lire une tribune d'Eric Sadin ici (2015): https://www.liberation.fr/evenements-libe/2015/11/26/le-techno-liberalisme-a-l-assaut-de-la-sante_1416059

On pourrait aller jusqu'à «Sili-colonisation» ...

NB * L'homme sait intuitivement qu'il risque de devenir une machine, d'être exploité comme le bétail l'est désormais, dans les gigantesques industries agroalimentaires. Ce serait peut-être la raison pour laquelle le véganisme a pris, depuis peu, comme un feu de forêt: en protégeant le petit agneau, on croit se protéger de ce destin. Début de raisonnement philosophique, que je laisse ensuite.... aux philosophes bien sûr.

Extraits:

«C'est une pénétration sans cesse approfondie de l'intimité des personnes, associée à une extension corrélative de la marchandisation de la santé qui s'effectue.»

«C'est un «bio-hygiénisme algorithmique» qui se généralise poussant à une gestion performancielle de soi, soutenue par des systèmes hautement lucratifs.»

(...)

«Faute de quoi chacun de nos corps deviendra une sorte de tiroir-caisse ouvert 24h/24 et 7j/7 à l'attention de compagnies et de start-up qui ne cessent d'affirmer vouloir œuvrer au «bien du monde» et qui dans les faits sont littéralement portées par des instincts hautement prédateurs.» ...

(...) «Il revient aux citoyens de refuser l'acquisition d'objets connectés ou le téléchargement d'applications de mesure de la vie. Jamais autant qu'aujourd'hui nos décisions de refus d'achat n'auront revêtu une telle portée politique.

French Tech et consorts, attendez-vous à ce qu'un nombre croissant de personnes s'opposent en conscience à vos fantasmes de science-fiction et à vos désirs de «faire du monde un endroit meilleur». La page «Amazing French Tech» attachée au site du gouvernement expose une sorte d'Iron Man, dont chaque partie du corps fait l'objet de recherches menées par des start-up françaises en vue d'«augmenter» ses capacités physiques et cognitives.

Grotesque parodie des productions hollywoodiennes Marvel qui témoigne de la pulsion de toute-puissance qui anime le startupper, cette nouvelle figure héroïque de notre temps, qui œuvre à faire de chaque individu un super-héros infaillible.

C'est un autre héroïsme - plus ordinaire - qui est aujourd'hui requis, celui qui à la base, par un rejet franc et maintenu, saura mettre en échec ce projet de civilisation fantasmant une maîtrise et une perfection absolues. Disposition certes plus modeste, mais qui seule saura prouver que le discours de l'inéluctable relève de la propagande et engager une euse et combative «politique de nous-mêmes».

«Une «siliconisation» des esprits et des territoires se répand depuis une dizaine d'années, sensible dans la réplication de «Valleys» à travers le monde. Le tour de force qu'aura réussi à opérer l'«esprit de la Silicon Valley», c'est de faire passer ce qui relève d'un anarcho-libéralisme, soit une sauvagerie entrepreneuriale effrénée, pour un modèle paré de toutes les vertus incarnant un nouvel horizon économique souhaitable.

Le paradoxe, qui devrait nous interroger, veut que cette nouvelle norme globale est adoubée par l'ensemble des social-démocraties sans distance critique ni aucun débat à la hauteur des enjeux.»




Voir le chapitre "Hallucination collective" - voir la table des matières du dossier
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