7.8.2021 Pas un pas sur le net sans croiser l’un ou l’autre sceptique, renommé zététicien ou zététiste, qui nous donne des leçons : comment qu’on est tous victimes de biais cognitifs, dis donc (sauf eux,bien sûr).
Je n'ai pas besoin, mes amis n'ont pas besoin d'un énième carcan d'idéologie, c’est très has been, voyons. L'esprit critique se développe au-delà des carcans. Je suis plus sceptique que toute cette secte. On me dit une rigueur intellectuelle que peuvent m'envier des scientifiques (dixit un de mes élèves, qui était directeur de labo pharma, dixit quantité de mes camarades plus surdiplomés que moi). Me suis-je pour autant intronisée "chef de file"? Je donne des outils, sans plus. Sans méthode (ouh ! l’enfermement de cette liste de biais!).
A chacun de creuser ce qu'il peut faire, ici et maintenant, comme travail d'introspection face à ses propres "vérités", à l'aide de ces petits outils, de ces cas concrets illustratifs, que je prends comme des contes : une façon pour chacun de projeter son réel.
Je comprends la tentation de trouver des maîtres (à penser, à manger…), mais c'est hélas une laisse lourde à porter. Car, très souvent, celui qui se présente en maître est lui-même le laquais d'un autre. Cycle sans fin. Chercher des autorités qui sont leur propre maître? Ils sont souvent discrets. Logique: ils ne se nourrissent pas de leurs ouailles, ils sont denses et pleins (d'eux-mêmes, me rétorqueront les mauvaises langues). En poésie et pensée, je lis avec un enchantement infini Denis Grozdanovitch. Il est d'une richesse incroyable. Vous le voyez sur les ondes? Vous l'entendez à la radio? Non, il n'est pas assez vide pour avoir besoin d'exister via les autres.
J'ai choisi ma posture, j'en changerai peut-être un jour: dans la grande confusion actuelle, où tout vaut tout, où la cancel culture est un cancer sournois, où le public est si perdu qu'il se rattrape à la bouée qu'il connaît, soit "une autorité en la matière" (parfois un z. parce qu'il paraît si sûr de lui); dans cette grande confusion donc, j'entends donner à celui qui le veut les outils pour penser par soi-même, devenir autonome, s'individuer sans s'individualiser, dit en termes clairs devenir un adulte responsable. Premier pas vers la sécession...
Cette posture éclaircit la pensée, cela ancre la personne, et ne détruit pas le tissu sociétal: chacun, fort de sa propre "autorité", respecte l'autre, naturellement. C'est ce qu'on vit quand on pratique l'anarchisme, pourquoi ne pourrait-ce être généralisé?
Tous mes billets depuis 15 mois ici ont cette couleur: je ne suis qu'un péquin comme un autre, mais j'ai accumulé beaucoup d'expérience dans cette voie. Je partage mon périple et un regard latéral. Cela n'empêche qu'on peut chercher des maîtres à penser, que dis-je, "un" maître à penser, qui a biné le terrain pour nous, dans la matière que nous désirons explorer.Pourquoi un seul maître ou une seule mouvance? Si l'on cumule les maîtres, on finit par papillonner, on survole sans creuser. Il s'agit donc d'en goûter cent avant d'en trouver un bon. Ensuite, après avoir fait ses gammes, on pourra improviser et faire des aggrégats de pensées, enfin détaché de ce premier "corpus théorique".
C'est cette structure bizarre d'un mental libéré des dieux et des maîtres qui dérange souvent chez les anarchistes: "mais tu es ambigà¼e, tu apprécies un tel en le dévalorisant par ailleurs". En effet, je n'ai pas de maître, je suis ma propre autorité. Je prends un peu de Raoult, mais pas tout (j’ai choisi cette figure là pour la rime).Voilà donc ce que j'ai choisi de transmettre dans le dossier "Le circus virule",, dont j'ai senti depuis le début qu'il était politique et non sanitaire. Et dont j'ai senti un peu plus tard qu'il était une crise de civilisation, même. Nous changeons de paradigme, nous le sentons, mais nous n'avons pas de GPS. Grande confusion, qui demande grande compassion.
On peut malgré tout aider nos proches à sortir de ces carcans de pensée : je suis de gauche donc je pense ceci ; je fais ceci « parce que mes amis écolo le font » , etc. Le bénéfice secondaire ? On retrouvera confiance en soi, en sa capacité de juger. Ces débunkeurs et penseurs arides et automatiques ne se rendent pas compte que, si l’auditeur est un tout petit peu insécure au départ, leur discours l’aura rendu convaincu d’être un idiot de première. Quelle idée de croire former le public en le rabaissant !